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Dans une seule rue, dans un seul bazar de Smyrne, on peut se donner le plaisir de voir rassemblés chaque jour les débris de trois grands peuples, les Romains, les Grecs et les Juifs. Quoique chaque peuple, chaque secte, ait sa langue particulière, néanmoins les langues qu’on parle communément se réduisent à trois, le turc, l’italien et le grec moderne. Si chacune de ces langues exprimait le caractère, la position et les besoins de ceux qui les parlent, je dirais volontiers que dans la langue turque on commande, que dans le grec moderne on supplie, et qu’on demande la charité en italien ; quant à la langue française, qui était autrefois la langue dominante parmi les Francs de Smyrne, elle a beaucoup perdu dans les derniers temps ; elle a suivi les vicissitudes et le déclin du commerce français dans ce pays. On ne la parle plus que chez les consuls et parmi les voyageurs de distinction.

Outre les trois ou quatre peuples qui sont à poste fixe à Smyrne, et qui habitent ensemble cette grande ville, on y voit chaque jour une foule d’étrangers qu’attirent le commerce, la curiosité et le besoin de changer de climat et de pays. Parmi les voyageurs qui passent par cette ville, vous en voyez de toutes les nations, de toutes les classes, de tous les caractères. Les uns viennent de Constantinople, de l’Égypte ou de la Syrie ; les autres, arrivés de tous les points de l’Occident, sont en chemin pour les diverses contrées de l’Asie ; l’un