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d’après les règles que chaque croyance s’est faites, qu’on se réjouit et qu’on se repose dans un quartier, tandis qu’on se mortifie ou qu’on travaille dans un autre. Le vendredi, les Turcs ferment leurs boutiques ; le samedi, les Juifs ferment les leurs ; le dimanche, c’est le tour des Grecs, des Arméniens et des Francs. Toutes ces nations ne se réunissent jamais pour quoi que ce soit ; elles ne se trouvent ensemble qu’au bazar. L’amour de l’argent ou l’amour du gain est le seul lien commun, le seul sentiment qui les rapproche. La seule chose sur laquelle on soit à peu près d’accord, c’est le prix du coton ou de l’opium, la valeur d’une piastre ou d’un dollar. La différence dans les mœurs et dans les usages est encore plus marquée parmi les femmes que parmi les hommes. La moitié des femmes de Smyrne vit dans la retraite et reste cachée aux regards du public ; les autres jouissent de toutes les libertés qu’on leur accorde dans nos sociétés d’Europe. On reconnaît à quelle nation une femme appartient par le soin qu’elle prend de cacher ou de montrer son visage. Les femmes grecques et celles des Francs ont le visage découvert ; les Juives et les Arméniennes n’en montrent que la moitié ; les femmes turques ne laissent rien voir de leur figure. Non-seulement les femmes grecques n’ont point de voile, mais elles, mettent une grande affectation à se faire voir. Les plus réservées croiraient avoir perdu leur journée, si elles n’avaient passé plusieurs