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bitation dans le voisinage, et que la barbarie des temps modernes n’y gâte pas les souvenirs de l’antiquité. La solitude va si bien aux ruines ! elle est d’ailleurs une si bonne sauvegarde, et le désert un si bon gardien !

Nous avions visité ce qui reste du temple. Douze cotonnes sont encore debout, sans compter les pilastres de la façade ; on aperçoit un mur qui soutient la terrasse ou la plate-forme sur laquelle le temple était bâti, et les restes d’une muraille qui s’étendait jusqu’à la mer. Après avoir parcouru toutes ces ruines, nous nous sommes assis sur le soubassement des colonnes : nos regards se portaient tantôt sur les montagnes de l’Attique, tantôt sur la vaste étendue de la mer. Lorsque Platon, assis sous le portique aérien du temple, enseignait à ses disciples les lois de la sagesse divine, il n’avait qu’à leur montrer cet immense horizon, cette voûte céleste si resplendissante, toutes ces merveilles de la terre et du ciel. Ce magnifique spectacle, que le voyageur contemple dans une espèce de recueillement, n’a pas besoin de l’éloquence des paroles. Cette grande et belle nature, ces ruines qui ont conservé leur caractère religieux, élevaient nos pensées vers le Créateur de l’univers, et chacun de nous croyait assister à une leçon de Platon.

C’est en vain que vous chercheriez en ce lieu une inscription historique, une pensée dé l’antiquité