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du mausolée du héros, image des orages politiques qui tourmentèrent sa vie ; ce monument n’est plus qu’une excavation dans le roc, où nous ayons remarqué un fragment de colonne et quelques débris épars.

Lorsque nous sommes rentrés dans le canot du Loiret qui nous attendait, la nuit nous dérobait la vue du rivage. Nous avons traversé la solitude du Pirée, dans lequel on n’entendait que le bruit de nos avirons. Si on en croit quelques historiens, les magistrats d’Athènes avaient forcé le peuple assemblé au Pnix, de tourner le dos à ce port si célèbre, dans la crainte qu’un pareil spectacle ne lui donnât trop d’orgueil. Aujourd’hui cette vue ne serait propre qu’à montrer le néant des choses humaines. Je voudrais savoir le nom que les Turcs donnent au Pirée ; car il m’en coûte de lui donner celui qu’il eut au temps de sa gloire. Les Italiens l’ont appelé Porto leone à cause d’un lion de marbre qu’on voyait autrefois en abordant sur la rive, et qui est maintenant à l’arsenal solitaire de Venise parmi d’autres ruines.

Nous avons passé la nuit à bord du Loiret ; le lendemain, dès le lever du jour, on a remis à la voile pour prendre la route de Smyrne. En nous éloignant des rivages de l’Attique, nos regards se sont souvent reportés vers le Parthénon que nous n’avions pu visiter ; et ses colonnes dorées par les premiers feux du jour semblaient nous suivre sur