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quelque peine à les suivre à travers des décombres sans nom ; souvent ils nous parlent d’un chef-d’œuvre de l’art sur une telle place, dans telle rue, dans le portique ou sous la voûte d’une église, près d’un monastère, dans un jardin ; il n’y a plus maintenant ni rue, ni place publique, ni jardin, ni monastère, ni église : on ne peut plus, se conduire ici que par les signes qui guident la marche du voyageur dans le désert. Il faut dire pour être entendu : Allez au couchante, tournez, au septentrion, marchez vers l’est ou vers le midi ; nous avons quelquefois rencontré le hibou sortant d’une ruine et volant à travers les murs enfumés d’une mosquée ou d’une église. L’oiseau de Minerve n’est plus ici que le symbole de la désolation muette et solitaire ; c’est le seul habitant d’Athènes qu’on ait respecté dans les derniers temps ; nous n’avons pas même aperçu la fidèle cigogne qui n’a point retrouvé le toit hospitalier, et qui a cherché une autre demeure pour elle et pour sa famille.

Cet état de désolation où se trouve l’ancienne des jours, la mère des arts, n’est pas seulement l’ouvrage de la guerre et de l’incendie ; ces deux fléaux ont eu de nombreux auxiliaires qu’il ne faut pas chercher parmi les Barbares ; l’exemple de lord Elgin avait commencé à diminuer le respect pour les monumens ; il avait éveillé la cupidité, enhardi les spéculations sacrilèges. Les Crecs et même les Turcs ont appris que les pierres avaient une valeur