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mêlé là leurs œuvres, de telle sorte qu’on a de la peine à s’y reconnaître, et qu’il y a autant de confusion dans l’âme du spectateur qu’il y en a dans le spectacle lui-même.

Les ruines modernes ne produisent pas d’ailleurs la même impression que les restes de l’antiquité, car nous avons peu d’admiration pour les ruines, que nous avons vu faire ; singulier effet du temps qui fortifie et fait vivre notre respect et notre enthousiasme, à mesure qu’il éloigne de nous ce qui en est l’objet. Des ruines semblables, aux blessures saignantes d’un homme que le poignard a frappé, des ruines qui semblent se plaindre et qu’on croit entendre gémir, ne font que jeter le trouble dans nos pensées. Dans le quartier où s’élevaient les temples des dieux, les ruines qui ont survécu, s’y trouvent séparées de tout ce qui leur est étranger, et restent là comme dans un vaste sanctuaire fermé à tout ce qui n’est pas ancien. Au milieu des ruines, qui couvrent la terre, le voyageur aperçoit quelquefois les trésors des moissons ; la verdure d’un olivier ou d’un figuier d’Inde, se mêle çà et là à la blancheur du marbre, mais il n’y a rien là qui vous détourne de vos souvenirs, qui vous arrache à vos méditations, qui vous empêche de rester, seul et, comme tête à tête avec l’antiquité. Si je demeurais à Athènes, je viendrais rêver, sur les bords de l’Illissus, aux âges glorieux, aux temps héroïques de la Grèce je reviendrais ensuite dans la rue des Tré-