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aux muses de l’Illissus, ce qu’ils ont voulu dire en partant des nymphes de l’Illissus, se jouant dans des ondes limpides depuis le pont bâti près du Stade jusqu’à la mer. Ces changemens sont faciles à expliquer : la source de l’Illissus est toujours la même ; mais ses eaux ont été détournées de leur cours. Voici ce que je viens de lire à ce sujet dans un voyageur du dix-septième siecle. « L’Illissus, dit Laguilletière, a été diverti et partagé en une infinité de rigoles qui s’épanchent de côté et d’autre pour aller faire des jets d’eau dans les jardins des environs de la ville, ce qui nous donne lieu d’admirer le renversement de l’ordre naturel des choses ; car ordinairement les fontaines assemblent leurs eaux pour faire des rivières, et l’Illissus épuise ses ondes et s’anéantit pour faire des fontaines. » La même chose est arrivé au Céphise, sur lequel on n’a pas épargné non plus les plaisanteries, et qui n’en fait pas moins tourner plusieurs moulins à quelque distance de sa source. Il arrive quelquefois dans les révolutions des empires que le cours de la nature elle-même se ressent du désordre des sociétés. Les bois qui couvrent la terre, les fleuves qui l’arrosent, ont besoin aussi de la protection des lois. Quand les beaux jours d’Athènes reviendront, j’espère qu’on y rétablira les conservateurs des eaux et forêts qui existaient chez les anciens sous le nom d’Épistates. J’espère que là Grèce aura comme nous son code fluvial, son code forestier ;