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les rives africaines, les montagnes d’Ajaccio nous ont montré leurs cimes ; bientôt nous avons pu contempler à notre gauche l’île de Corse, et l’île de Sardaigne à notre droite. Le premier besoin qu’éprouve un voyageur à l’aspect d’une côte ou d’une île qu’il voit pour la première fois, c’est de demander à ses souvenirs et, même à son imagination, quels événemens s’y sont passés, quels peuples l’ont habité, ou l’habitent encore. C’est là le véritable plaisir et quelquefois l’utilité des voyages. L’histoire de la Corse est comme celle de toutes les îles de cette partie de la Méditerranée. Aucune d’elles ne pouvait exister par elle-même, et l’antiquité nous les représente comme la proie des conquérans venus des côtes d’Italie, ou des côtes d’Afrique : ainsi les Étrusques, les Carthaginois, les Romains, furent d’abord les maitres de la Corse, puis vinrent les invasions des Barbares, partis de tous les coins du globe je ne vous parlerai point des temps modernes ; vous savez comment l’île de Corse était tombée en la possession, de Gènes, et comment elle secoua le joug de cette république, pour devenir une des provinces de la France. La réunion de la Corse a un grand royaume paraissait peu importante en elle-même ; mais par une de ces combinaisons dont la providence s’est réservé le secret, cette réunion devait avoir une grande influence sur les destinées de l’Europe et du monde. On ne peut porter ses regards sur Ajaccio, sans se rappeler que