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apparaissait comme une imposante ruine dans le désert. Tandis que nous restions immobiles devant cette merveille de l’antiquité, et que notre esprit se livrait tour à tour à l’admiration et à la tristesse, des cris se sont fait entendre près de nous dans une langue étrangère à la Grèce et à notre Europe civilisée ; c’étaient des soldats Albanais qui nous menaçaient de la voix et du geste, et nous sommaient par Allah, d’entrer dans un hangar qui leur sert de corps-de-garde. Il a fallu nous expliquer avec cette milice turque, qui garde l’entrée de la ville. Aux questions qu’on nous a faites, nous avons pu juger des alarmes qu’avait causées la nuit dernière notre apparition près du Pirée. Après quelques pourparlers qui ont duré assez long-temps, un des soldats turcs s’est détaché de la troupe pour nous conduire chez le pacha de Négrepont où s’était déjà rendu le résident de France. Jusques-là, nous n’avions vu que le temple de Thésée ; mais après avoir franchi la porte gardée par les Albanais, nous avons pu voir d’un seul coup-d’œil tout ce qui reste d’une cité plusieurs fois assiégée et prise d’assaut, pillée, ravagée et livrée aux flammes par les Grecs et par les Turcs. Jamais spectacle plus affligeant ne s’est offert à mes yeux ; c’est ici qu’il n’y-a point de paroles pour exprimer ce qu’on éprouve. Nous n’avons trouvé debout, sur notre route que deux ou trois palmiers, quelques cyprès, une mosquée avec la