Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 1.djvu/134

Cette page n’a pas encore été corrigée

rait de toutes parts tes étrangers, et les Grecs publiaient dans la paix les souverains du Bas-Empire qui les avaient abandonnés. « Les princes d’Achaïe, dit un auteur contemporain, épousaient des femmes des meilleures maisons de France ; de même, les autres riches, hommes et chevaliers, ne prenaient pour femmes que celles qui descendaient des chevaliers français ; aussi disait-on que la plus noble chevalerie du monde était celle de la Morée ; on y parlait aussi bien français qu’à Paris. »

Au milieu de leur prospérité et de leur gloire, les Francs firent une chose tout-à-fait contraire à l’esprit de la féodalité ; ils portèrent la guerre loin du pays conquis ; Guillaume de Villardouin, que le despote d’Aria avait appelé à son secours, quitta la Morée, et, suivi de ses compagnons d’armes s’exposa aux périls d’une guerre lointaine ; dans cette guerre, il fut abandonné par les Grecs qu’il était venu secourir, et tomba entre les mains de l’empereur Michel Paléologue. Je veux m’arrêter un moment sur les circonstances de cette captivité, parce qu’elles font connaître les obligations et les devoirs du seigneur suzerain envers ses vassaux, et le régime féodal de la Morée. Michel Paléologue, ayant fait venir devant lui le prince Guillaume, lui proposa de renoncer à la principauté de Morée, en lui offrant tout l’argent qu’il voudrait pour acheter des terres en France. « Le pays de Morée, lui répondit Guillaume, ne m’appar-