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litaire était comme un mur d’airain ou d’acier, qui tour à tour contenait et protégeait le pays et ses habitans.

On ne peut s’empêcher de convenir que de pareilles bases, données à la souveraineté et au gouvernement fondé par les Francs, devaient être bien autrement fortes, bien autrement durables que des intérêts de parti, des opinions plus ou moins populaires, comme celles qu’on met en avant de nos jours ; aussi la Grèce féodale a-t-elle duré deux siècles, et si elle a succombé, c’est par des évenémens extérieurs et par des circonstances qui ne provenaient point du système établi. Je n’ai point la prétention de réformer notre monde politique et de changer la marche des choses ; je voudrais seulement, pour le bonheur et même pour la liberté des Grecs, que le gouvernement constitutionnel qu’on leur promet, et qu’on leur envoie comme une production de nos climats, eût d’aussi profondes racines dans le pays, et que le prince anglo-germain qui est attendu à Naupli, fut aussi solidement établi en Morée que l’étaient le Champenois et son gouvernement ? J’ai vu nos guerriers français cultivant des jardins à Modon ; j’ai quelquefois compare nos héros jardiniers avec les chevaliers qui possédaient de bonnes manses dans l’Attique ou dans l’Achaïe ; il s’en faut de beaucoup que le sort de nos braves soit aussi digne d’envie que celui des sergens d’arme et des chevaliers ban-