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Vous connaissez le tombeau d’Agamemnon d’après les fidèles dessins que plusieurs savans en ont donnés ; l’intérieur de ce grand caveau conique était recouvert de lames de cuivre, qui toutes ont été enlevées ; le linteau, qui traverse le haut de la porte d’entrée, est d’une épaisseur et d’une dimension extraordinaires, et nous pourrions, avec quelques voyageurs, regarder cette pierre de taille comme la plus grande peut-être qui soit au monde. La science et la cupidité ont fouillé, plus d’une fois, cette héroïque sépulture, et lui ont fait subir de déplorables dégradations. Le sépulcre du roi des rois sert maintenant de retraite aux mendians vagabonds et aux troupeaux. Mais Eschile, dans sa tragédie des Chæphores, a parlé de cet asile funéraire, et la poésie gémit encore autour du monument. Les enfans d’Agamemnon font entendre des accens plaintifs ; ils déplorent le crime d’une mère qui leur a tout enlevé. Ce jeune Argien qui s’avance, triste et le front incliné, c’est Oreste ; il vient apporter ses offrandes. « Mon père, s’écrie-t-il, je t’appelle au pied de ce tombeau, entends-moi ; vois ces cheveux que je coupe pour la seconde fois, et dont Inachus reçut les prémices, pour prix des soins qu’il me donna dans mon enfance, ô mon père ! c’est à toi que je les consacre. » Puis, arrive la jeune Électre, qui répand ses dons et ses prières sur ce tombeau que j’ai devant moi, et sous le charme de mes illusions,