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souvenir des Atrides. Je ne vous dirai rien de la part que prit Argos à toutes les guerres de la Grèce ; liée au sort des Achéens, la cité des Argiens finit par succomber sous les coups des légions de Rome. Durant la domination des Romains Argos conserva toujours son importance militaire et son premier rang, mais rien de grand, rien de mémorable ne se passa dans son sein. Les annales du Bas-Empire et du moyen-âge nous montrent Argos passant des mains de petits princes grecs aux mains de nos derniers croisés, conquérans du Péloponnèse ; les noms d’Agamemnon et de Danaüs sont remplacés par ceux de Villardoin et de d’Enghien, et la cité des Héraclides tombe des grandeurs de l’Iliade dans la simplicité grossière de la chronique. Quand la Morée toute entière fut soumise aux lois du Coran, Argos, la ville de Junon devint une ville musulmane. Combien il fallait de siècles et d’événemens pour qu’un aga remplaçât le roi des rois ! Combien aussi a-t-il fallu de malheurs, dans ces dernières années, pour que la croix grecque ait pris à Argos la place du Croissant !

Tel est en peu de mots le résumé d’une histoire de trente-six siècles ; parcourons maintenant ce qui reste de l’antique ville d’Agamemnon.

Il y a ici quelque chose que le vent de la ruine n’a point touché et ne touchera jamais, c’est la position naturelle d’Argos ; dans les pays d’Orient et surtout dans la Grèce, la nature elle-même entre