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texte. Je vois une taverne à la place du temple de Diane, d’impurs décombres au lieu même où Castor et Pollux, où la chaste Lucine, étaient adorés sur un trône d’or. Les temples des dieux, les palais des rois, les trophées de cent victoires se sont évanouis sous le souffle des âges, et nul ne peut dire comment ils ont ainsi disparu.

Telles étaient les images qui passaient dans mon esprit, lorsqu’on est venu nous annoncer que nous avions un gîte pour la nuit ; nous avons été conduits dans une grande maison de bois, et nous nous sommes étendus pêle-mêle dans une chambre sur des divans ou des tapis. Je m’étais endormi songeant à la gloire d’Agamemnon, plein des souvenirs d’Homère et de Pausanias, et je me suis bientôt réveillé au milieu des insectes de la pauvreté et de la misère. Au premier rayon du jour, nous avons déserté nos grabats, et nous sommes allés chercher des vestiges de la cité d’Atrée et de Thyeste. Mais avant de mettre sous vos yeux ce qui reste d’Argos, il serait bon je crois de vous résumer rapidement l’histoire de cette antique capitale de l’Argolide.

Je ne vous parlerai point de la race d’Inachus, des enfans de Pélops et d’Atrée, d’Agamemnon, de Danaüs et des Héraclides ; l’histoire de ces anciens temps, à force de passer sur nos théâtres, est devenue un lieu-commun pour tout le monde, et ce ne serait pas chose facile que de rajeunir le