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tout entier à Argos. Quelques auteurs nous disent que les Tyrinthiens avaient une manie étrange, plus étrange encore dans l’antiquité qu’elle ne le serait dans les temps modernes, celle de rire sans cesse et à tout propos. Cette manie fut poussée à un tel excès, que les Tyrinthiens s’attirèrent le mépris des hommes, et que l’oracle les menaça de la colère des Dieux. Je n’ai rien vu dans les ruines de Tyrinthe, ni dans son climat, ni dans l’air qu’on y respire, qui pût expliquer cette singulière disposition à s’égayer. Le docteur Clarke, qui a décrit Tyrinthe, et qui écrivait dans un temps où il était de mode en Angleterre de se moquer de la légèreté française, a voulu faire ici comme la plupart de ses compatriotes. « Messieurs les Parisiens, dit le docteur anglais, ne sont pas moins portés a l’enjouement que les Tyrinthiens ; et comme, d’un autre côté, ils regardent l’architecture cyclopéenne ou celtique comme une architecture de leurs aïeux, pourquoi ne réclameraient-ils pas la gloire d’avoir fondé Tyrinthe, ou tout au moins d’y avoir envoyé une colonie ? » Les Parisiens auraient pu rire autrefois de la gaité du grave docteur ; mais il y a long-temps s qu’on ne rit pas plus a Paris, qu’on ne rit à Tyrinthe.

En parcourant la colline où gissent les restes cyclopéens, nous avons rencontré un jeune Grec qui semblait être venu, comme nous, pour visiter les ruines. Il était assis sur un débris de la citadelle, et