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lit encore avec plaisir. Cibber fut moins heureux, mais toujours autant qu’il le devait être, dans la publication d’un ouvrage intitulé : la Conduite et le caractère de Cicéron examinés d’après l’Histoire de sa vie, par le docteur Middleton, 1717, in-4o, ouvrage oublié en naissant. Cibber mourut le 12 décembre 1751, âgé de 86 ans. Ses ouvrages dramatiques, tant tragédies que comédies, sont au nombre de quinze, représentées avec plus ou moins de succès ; il en a donné le recueil en 2 vol. in-4o. On a ajouté dans sa œuvres the Provoked husband (le Mari poussé à bout), jolie comédie que Vanbrugh avait laissée imparfaite, et que Cibber n’a fait qu’achever ou du moins perfectionner. La meilleure édition des œuvres de j Cibber est celle de 1700, 5 vol. in-12. S-D. ·

CIBBER (Théophile), fils du précédent, né en 1705, étudia a l’école de Winchester, et n’en sortit que pour embrasser la profession de comédien. Il donna bientôt des preuves de son talent. La nature ne l’avait pas plus favorisé que son père, quant au physique ; mais une grande intelligence et beaucoup de vivacité dans son jeu faisaient presque oublier un port peu noble et des traits désagréables. Ses premiers pas dans la carrière dramatique lui présageaient les plus heureux succès, si un penchant irrésistible à la dissipation ne l’avait entraîné dans des écarts multipliés. Étant venu faire un voyage en France en 1738, à son retour, il accusa de séduction un homme riche dont il avait fait faire la connaissance à sa seconde femme. On n’a pu croire qu’il ne fût pas le seul coupable, lorsque les juges lui accordèrent 10 livres sterling de dommages-intérêts, au lieu de 5,000 qu’il demandait pour le trafic du déshonneur de son épouse. Ce qu’il y a de certain, c’est que mistress Cibber cessa dès lors d’habiter avec son mari, et vécut dans la meilleure union avec son prétendu séducteur. Cibber s’engagea, en 1757, dans la troupe de comédiens que Sheridan voulait opposer a des acteurs rivaux établis à côté de son théâtre à Dublin ; mais il n’arriva point à sa destination : le bâtiment sur lequel il était monte fit naufrage dans le canal St-George, et alla se briser sur les côtes d’Écosse, sans qu’aucun des passagers put se sauver. On ne retira de la mer qu’une cassette de livres et de papiers que l’on reconnut pour appartenir au malheureux comédien. Comme écrivain, Cibber s’est peu distingué. Les Vies des Poëtes anglais et irlandais, qui parurent en 1755, 5 vol. in-12, sous son nom, appartiennent à Rob. Shiels, copiste de Johnson, qui acheta 10 guinées la permission de mettre sur le frontispice le nom de Cibber, alors en prison au Banc du roi. Baker dit cependant qu’il eut quelque part à cet ouvrage. Il arrangea pour le théâtre trois pièces qui ne sont point de lui : Henri VI, 1720, in-8o ; Roméo et Juliette, 1718, in-8o, tragédies de Shakespeare ; Pattie et Peggy, pastorale, tirée du Gentil Berger de Ramsay, 1750, in-8o. Les trois autres pièces de sa composition sont l’Amant, comédie, 1730, in-8o ; les Progrès du libertinage, pantomime, 1733, in-4o, et la Criée, farce, 1757, in-8o. B-n j.


CIBBER (Suzanne-Marie), femme du précédent. fut l’une des meilleures actrices qui aient paru sur le théâtre anglais. Elle naquit en 1716 ; elle etait fille d’un tapissier de Covent-Garden, et sœur d’un compositeur nommé Th.-August. Arne, qui lui enseigne la musique et la fit paraitre en qualité de chanteuse dans une de ses pièces représentée, à Hay-Market. En 1754, elle épousa Théophile Cibber, et le père de celui-ci, Colley Cibber, découvrit qu’avec un assez médiocre talent comme cantatrice, sa belle fille en possédait un très grand comme actrice tragique. Il la fit débuter, en 1756, dans le rôle de Zara, la Zaïre de la tragédie d’Auron Hill. Sa jeunesse, une charmante figure, l’annonce du plus beau talent, lui procurèrent la faveur du public. Elle en eut bientôt besoin pour se soutenir contre les suites d’une fâcheuse aventure. (Voy. Th. CIBBER) Lorsque le bruit de cette affaire fut un peu apaise, madame Cibber reparut sur le théâtre avec un nouveau succès. Selon le témoignage des acteurs du temps, elle était admirable dans l’expression de la tendresse ou de la douleur, de la fureur ou du désespoir ; mais elle réussissait moins dans la comédie, pour laquelle elle se croyait cependant beaucoup plus de talent qu’elle n’en avait. On lui attribue da bonnes qualités, de la douceur, de la grâce dans la conversation et un grand air de décence, Cependant Garrick, dans ses rapports avec elle en sa qualité de directeur, parait avoir conçu une idée plus favorable de ses talents que de son caractère. Il nous assure que « lorsqu’elle avait mis quelque chose dans sa tête, quel qu’en fût l’objet, soit une nouvelle parure ou un nouveau rôle, elle était sure de l’emporter par le piquant de ses railleries et son inébranlable persévérance. » Madame Cibber a traduit en anglais la petite comédie de l’Oracle, de St-Foix, qui fut jouée à son bénéfice. Elle mourut la 30 janvier 1766. S-D.

CIBO. Voyez CYBO et INNOCENT VIII.


CIBOT (Pierre-Martial), missionnaire français, né à Limoges, en 1727, entra fort jeune chez les jésuites, et y professa les humanités avec succès. Lorsqu’il eut achevé ses études de théologie et reçu les ordres sacrés, il obtint, après de persévérantes instances, la liberté de suivre la vocation qui le portait à se consacrer aux missions de la Chine. Il partit de Lorient le 7 mars 1758 sur le d’Argenson, qui faisait partie d’une escadre de neuf vaissaux armés en guerre. Après avoir touché à Rio-Janeiro, et fait quelque séjour dans les Iles de France et de Bourbon, il continua sa route vers la Chine, et aborda à Macao le 26 juillet 1759. Destiné par des supérieurs à augmenter le nombre du missionnaires de la cour, le P. Cibot quitta Macao vers la mi-mars, et arrive le 6 juin 1760 dans la capitale de l’empire, et il passa les vingt dernières années de sa vie, sans cesse occupé, soit des fonctions du ministère apostolique. soit des travaux particuliers que le service du palais exige des missionnaires européens. Né avec beaucoup d’esprit et d’imagination, et douéd’une conception vive, qui lui donnait une étonnante facilité pour tous les genres d’études, on le vit se livrer à l’astrononomie, à la mécanique, à l’étude des langues et de