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réception à l’académie de Nîmes, en 1782. L’Ode au Silence est pleine d’idées sublimes, et ne serait pas désavouée par les meilleurs poëtes lyriques. Madame de Bourdic devint une seconde fois veuve, et épousa en troisièmes noces M. Viot, administrateur des domaines. Elle se fixa à Paris, où sa société fut recherchée par tout ce qu’il y avait de gens aimables[1]. Outre l’Éloge de Montaigne, Paris, Pougens, an 8 (1800), in-18. madame de Bourdic-Viot avait composé l’Éloge du Tasse et celui de Ninon de Lenclos, qui n’ont point été imprimés. Elle avait fait un opéra en 3 actes, intitulé : la Forêt de Brama, que M. Eler a mis en musique, et qu’il n’a pu faire représenter. Madame de Bourdic-Viot a été emportée par une maladie violente, le 7 août 1802, à la Ramière, près de Bagnoles[2]


BOURDIER-DELPUITS (Jean-Baptiste), jésuite, né en Auvergne vers 1756, mort à Paris le 15 décembre 1811, a été l’éditeur des Observations sur le Contrat social de J.-J. Rousseau, par le P. G.-F. Berthier (voy. ce nom), Paris, 1789, in-12 ; et le continuateur de l’Abrégé des Vies des Pères et des martyrs, traduit de l’anglais par Godescard, Paris, 1802, —1 vol. in-12. Z-O.


BOURDIGNÉ (Charles de), prêtre, né dans l’Anjou, au commencement du 16e siècle, est auteur d’un ouvrage en rimes, intitulé : la Légende de maistre Pierre Faifeu, ou les Gestes et Dits joyeux de maistre Faifeu, escolier d’Angers, imprimé à Angers, 1532, in-4 goth. ; réimprimé avec quelques poésies de Jean Molinet, et une lettre de l’éditeur à Lancelot, de l’académie des inscriptions, Paris, Coustelier, 1725, in-8o. Titou du Tillet, p. 111 de son Parnasse français, renvoie à cette lettre les curieux qui désireraient être instruits de la vie de ces deux poètes, mais elle ne contient rien de satisfaisant ni sur l’un ni sur l’autre. Il dit aussi que Molinet mourut en 1501, quelque temps avant la mort de Bourdigné, ce qui est une faute, vu que Charles Bourdigné vivait encore en 1531. Cette faute a été copiée dans la dernière édition de Moréri. L’ouvrage de Bourdigné est une espèce de roman écrit avec beaucoup de naïveté, dans le goût des Repues franches, attribuées à Villon ; il renferme quelques contes peu décents, mais un bien plus grand nombre de traits vraiment plaisants, et qui ont été imités sans qu’on se soit avisé d’en faire hommage au premier auteur.

Jean de Bourdigné, de la même famille, suivant la Monnoie, et son frère, suivant Goujet, natif d’Angers, prêtre-chanoine de cette ville, a composé : Histoire agrégative des annales et cronicques d’Anjou, et plusieurs faicts dignes de mémoire, etc., reveues et additionnées par le Viateur, Angers, 1529, in-fol. goth. Plusieurs bibliographes citent une édition de Paris, Cousteau, 1533, in-fol. Cet ouvrage est fort rare, et il n’a guère d’autre mérite, étant rempli de fables. Jean de Bourdigné prend le titre de docteur ès-droit. On ne connaît point l’auteur caché sous le surnom du Viateur, a moins que ce ne soit Jean Bouchet, qui s’appelait aussi le Traverseur des voyes périlleuses. (Voy. Bouchet.) La Monnoie fixe la mort de Bourdigné au 10 avril 1545, et Moréri l’a reculée à 1555. W—s.


BOURDIN (Maurice), antipape, né en Limousin, d’où Bernard, archevêque de Tolède, l’emmena en 1095. Pour se l’attacher, il le fit son archiprêtre, et ensuite évêque de Coïmbre. Maurice fit le voyage de Jérusalem, passa par Constantinople, où il se fit aimer des grands et et de l’empereur Alexis. De retour en Portugal, il succéda, en 1110, à St. Gérand, dans l’archevêché de Braga. Il vint à Rome, et obtint la confirmation et le pallium de Pascal II, qui le fit ensuite son légat auprès de l’empereur Henri V, pour traiter de la paix avec lui. Maurice se montra peu reconnaissant envers Pascal ; il couronna Henri que le clergé de Rome avait refusé en l’absence du pape. Pascal, irrité de cette démarche de son légat, le lit excommunier au concile de Bénévent. (Voy. PASCAL II.) Gélase II ayant succédé à Pascal, l’Empereur, choqué à son tour que l’élection eût été faite sans son consentement, fit élire pape Maurice, qui prit le nom de Grégoire VIII. Après avoir chassé Gélase (voy. ce nom), Maurice prit d’abord le soin de couronner, en sa qualité de pape, l’Empereur, quoiqu’il l’eût déjà fait en sa qualité d’archevêque de Braga. Il écrivit ensuite partout pour se faire approuver ; mais il ne réussit point dans la majeure partie des royaumes chrétiens, et surtout en France, on on ne reconnaissait que Gélase. Calixte II ayant succédé à Gélase, et ayant fait sa paix avec Henri V, Maurice fut oblige de quitter Rome, et de se réfugier à Sutri, où ce pape le fit assiéger par l’armée que les Normands lui avaient fournie dans la Pouille. Les habitants ne voulurent point soutenir les horreurs d’un siège, et les soldats livrerent Maurice aux troupes de Calixte, qui, après l’avoir chargé d’injures, le tirent monter sur un chameau, à rebours, tenant la queue au lieu de bride, et lui mirent sur le dos une peau de mouton sanglante, pour représenter, par dérision, la chape éclatante dont les papes étaient revêtus. Ils le firent entrer à Rome dans cet équipage ; le peuple voulait le massacrer ; mais Calixte s’y opposa. (Voy. Calixte II.) Il l’envoya d’abord au monastère de la Cave, et ensuite à Janula, d’où Honorius II, son successeur, le tira pour l’enfermer à Fumone, près d’Alatri. Maurice Bourdin y termina ses jours, l’an 1122, victime de son ambition et de son attachement pour Henri V, qui avait payé ses services en l’abandonnant. (Voy. l’Hist. ecclésiast. de Fleury, liv. 64, 66 et 67.) D—s.

  1. Elle se lia d’amitié avec madame du Boccage, qui dut à son intervention la pension qu’elle obtint sur la fin de sa vie. D-R-R.
  2. Elle était membre de plusieurs musées, lycées et académies, entre autres de celle des Arcadiens de Rome. Voltaire, Blin de Sainmore, et Laharpe l’ont célébrée. On a dit d’elle : « que la plume de Pline le Jeune et la lyre de Sapho n’eussent pas été déplacéesdans ses mains :

    Et des talents et de la grâce
    Bourdic reçut le double don.

    Les vers que Voltaire lui adressa en échange des siens sont supérieurs à tous ceux qu’elle a fait faire et qu’elle a faits ; ils se terminent par ce trait charmant : Sapho

    Chanta l’amour ; elle est votre modèle ;
    Vous possédez son esprit, ses talents.
    Chantez, aimez, Phaon sera fidèle.