pouvait être le serviteur respecté. En somme, il était moins dangereux par lui-même que par les intrigants qui l’entouraient. D. du Breuil a écrit la vie de ce prince. D—R—R.
BOURBON (Jean, bâtard de), seigneur de Rochefort,
de Breulles, de Bellenaux, de Champ-Fromental,
de Croset, de Meillan et d’Estanges, naquit
de Pierre Ier, duc de Bourbon. Il fut chambellan de
Jean de France, comte de Poitiers (depuis roi sous
le nom de Jean Ier), et son lieutenant général en
Languedoc ; il était en outre gouverneur du Bourbonnais.
Ayant sous lui quatre chevaliers et plusieurs
écuyers, il servit avec beaucoup de valeur
dans toutes les guerres de son temps, fut blessé et
fait prisonnier en 1556 à la bataille de Poitiers, qui
coûta la vie à son père. Il mourut sans postérité.
Hector, bâtard de Bourbon, fils de Louis II, duc de
Bourbon, et d’une demoiselle de qualité, fut un des
chevaliers les plus accomplis de son siècle ; il périt
le 11 mai 1414 au siège de Soissons. Les circonstances
de sa mort ajoutèrent encore à la douleur des
troupes, et surtout de son frère, Jean Ier, duc de
Bourbon, dont il était tendrement aimé. Enguerrand
de Bournonville, capitaine bourguignon, qui
défendait la place, avait dans une sortie, battu les
Armagnacs. Hector de Bourbon, désespéré d’un tel
échec, vole au secours des siens à demi armé ; déjà
il avait repoussé la garnison jusqu’à une redoute
qui couvrait une des portes de la ville et se disposait
à la forcer ; selon d’autres écrivains, il conférait
avec Bournonville, lorsqu’un archer du gouverneur
lui lança un trait qui l’atteignit à la gorge ; on le
transporta dans sa tente, où il expira le lendemain,
à l’âge de 25 ans. Le duc de Bourbon, outre de la
mort de son frère, donna l’assaut, entra des premiers
dans la ville. La garnison fut massacrée, et
Bournonville, percé de coups, fut attaché, a un gibet.
—Jean, bâtard de Bourbon, évêque du Puy,
abbé de Cluny, était né du duc de Bourbon, Jean Ier.
Élu archevêque de Lyon, il céda ce siège à Charles
de Bourbon, son neveu, ainsi que la riche abbaye
de St-Vaast d’Arras. Lieutenant général du Bourbonnais,
de l’Auvergne et du Languedoc, il tint
plusieurs fois les états de cette province, et rendit
les plus importants services au roi Louis XI. Il
mourut le 2 décembre 1485, avec la réputation d’un
des plus grands prélats de ce siècle. Il bâtit des
églises, fonda des hôpitaux, enrichit et orna la bibliothèque
de Cluny. Il était entre dans la ligue du bien public
avec le duc de Bourbon, Jean II, son neveu. — Alexandre,
bâtard de Bourbon, autre fils naturel de Jean Ier,
duc de Bourbon, aurait été le plus brillant chevalier,
si les vices les plus odieux n’eussent terni l’éclat de sa valeur.
Il avait rendu des services éclatants à Charles VII,
pendant la guerre contre les Anglais : mais, toujours suivi d’une
troupe d’hommes d’armes aussi déterminés que lui,
il parcourait les provinces, autant pour piller les
Français que pour combattre les Anglais ; d’une
main il soutenait la couronne, de l’autre il en opprimait
les vassaux ; il avait mérité l’affreux surnom
d’Écorcheur. La nécessité où s’était trouvé Charles VII,
oblige de reconquérir son royaume pied a
pied, l’avait réduit à employer tous ceux qui se pré»
sentaient pour soutenir son trône chancelant. Le
bâtard de Bourbon, toujours prêt d’ailleurs à entrer
dans les révoltes des grands, avait été un des principaux
chefs de la Praguerie. Plus que tout autre, il
avait contribué a entraîner le dauphin (depuis
Louis XI) dans cette entreprise criminelle. Lorsque
la rébellion était aux abois, il avait fait les derniers
efforts auprès du duc de Bourgogne, pour s’engager
à soutenir les factieux. Charles VII, après avoir déjoue
le complot et humilié le duc de Bourbon,
ne pardonna point au bâtard, qui venait d’être désigné
avec Dunois pour commander l’armée destinée
à recouvrer Harfleur. Le bâtard se défiait si peu du
ressentiment du roi, qu’il vint le trouver à Bar-sur-Aube
avec une suite peu nombreuse ; mais, à peine
arrivé, il est arrêté, jugé, condamné, renfermé dans
un sac et précipité dans la rivière avec cette inscription :
Laissez passer la justice du roi (1440). Les
amis du bâtard le retirèrent de l’eau et lui rendirent
les derniers honneurs avec beaucoup de pompe.
Néanmoins cet exemple de sévérité fit l’impression la
plus profonde et la plus salutaire sur les autres
chefs qui infestaient les provinces. D-R-R.
BOURBON (Louis, bâtard de), eut pour père
Charles Ier, duc de Bourbon ; il ne fut d’abord que
seigneur de Chatillac. Son frère Jean II, duc de
Bourbon, l’éleva aux charges de sénéchal du Bourbonnais,
de gouverneur de Verneuil et de lieutenant
général dans toutes les provinces de ses domaines.
Le duc ajouta à tous ces bienfaits le don de la baronnie
de Roussillon. en Dauphiné. Le duc de Bourbon
entraîna son frère naturel dans la ligue du
bien public, et le chargea de la défense de Bourges
contre l’armée du roi. Après la réconciliation qui
suivit cette guerre civile, Louis XI donna au bâtard
de Bourbon Jeanne de France, sa fille naturelle,
avec une riche dot. L’année suivante, le bâtard de
Bourbon fut envoyé en Angleterre auprès d’Édouard
IV pour renouveler la trêve faite avec ce
prince, et s’acquitta si heureusement de cette mission,
que le roi lui conféra la charge d’amiral de
France. Il lui confia, en outre, le gouvernement de
Honfleur, de Grandville et de plusieurs autres places
maritimes ; enfin il le comble tellement de dons,
que le nouvel amiral, qui, deux ans auparavant,
n’avait d’autres biens que son mérite et l’amitié du
duc de Bourbon, son neveu, se trouva tout à coup
un des plus grands seigneurs du royaume. On reconnaît
en cela la politique de Louis XI, qui affectait
d’accorder plus d’influence aux cadets et aux bâtards
de la puissante maison de Bourbon qu’à son
chef. En 1468, Louis, bâtard du duc de Bourbon,
placé parle roi à la tête d’une armée en basse Normandie,
et aidé des conseils et de l’expérience du comte de
Dunois, obtint contre le duc de Bretagne, François II,
les succès les plus décisifs, et qui contribueront au
traité d’Ancenis, que Louis XI dicta à ce prince.
Deux ans après, en qualité d’amiral, il fit les préparatifs
de l’expédition que le comte de Warwick concerta avec
la maison de Lancastre pour détrôner le