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stances pour obtenir une cour martiale. Le procureur général et l’avocat général ayant déclaré qu’il pouvait avoir une cour martiale, cette décision lui fut transmise par le secrétaire d’État de la guerre, le 18 janvier 1760 ; et ce ministre lui fit connaître en même temps que Sa Majesté désirait savoir comment lord Sackville voulait qu’il fût procédé, attendu ¢ qu’il n’existait aucune charge spécifique contre lui ». Cette hrase semblait ajoutée pour donner à l’accusé R faculté de ne pas pousser les choses plus loin. lais il ne profita pas de ce moyen évasif et demanda avec plus d’instance encore à être jugé, dùt-il avoir pour juge lord Tyrawley, son plus violent ennemi. Il ajouta que ce n’était pas à lui à s’accuser, puisqu’il n’avait commis aucune faute ; mais qu’il fallait bien que le prince Ferdinand eût présenté quelque charge contre lui, puisque Sa Majesté l’avait traité d’une manière aussi ignominieuse. On lui répondit qu’il y rétléchtt encore. parce que le roi était bien décidé à laisser la justice suivre son cours une fois.que la cour martiale aurait prononcé. Sackville ne tint compte de cette menace ; et, le 23 du même mois, la cour martiale fut nommée et eut d’abord pour président le général Onslow, et ensuite sir Charles Howard, sur le refus du général Pulteney. Sackville faisant partie de la chambre des communes. les ministres notifièrent cette détermination a la chambre, en la priant de décider si le jugement par une cour martiale d’un de ses membres, qui ne faisait plus partie de l’armée, avait avoir lieu. Après de longs débats, dans uels les amis et les parents de Sackville se prononcèrent pour Patiirmative, cette question ne fut pas positivement résolue. Pendant tout le temps du procès, Sackville montra beaucoup de fermeté et même de la hauteur. Il traita les témoins qui déposaient contre lui avec mépris et répliqua à ses adversaires d’une manière aussi éloquente que vive et animée. Ce fut le 3 avril que les débats furent clos, et qu’il fut déclaré coupable d’avoir désobéi aux ordres du prince Ferdinand et incapable de servir Sa Majesté dans aucun emploi militaire quelconque (1). Cette sentence fut immédiatement confirmée par le roi ; mais, comme ce prince pensait que les juges avaient été trop indulgents. il chercha à ahreuver Sackville d’humiliations ; et en faisant insérer la sentence dans les ordres publics de l’armée, il fit ajouter qu’elle était pire qu’un condamnation ri mort. Elle fut signifiée aussi au prince de Galles et à la princesse douairière, avec défense de recevoir le coupable. George II ne boma pas la les témoignages de son mécontentement. Il se fit apporter au conseil le livre du conseil privé et raya lui-même le nom de Sackville de la liste de ses membres. Lorsque George ill parvint à la tl) Les débat : du rocès de Sackville ot. la sentence qui le condamne ont été imprimés séparément.


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couronne. Sackville obtint non-seulement la permission de reparaître à la cour, mais on lui donna, en 1765, un poste lucratif, quoique subordonné, dans la première administration de Rockingham. Ce ministère ne dura qu’un an ; et Sackville tomba avec lui. En 1770, Elisabeth Germain l’ayant fait son héritier, il prit, conformément à une clause du testament, le nom

de la testatrice ; et c’est sous ce nom qu’il fut depuis connu. À l’élection générale de 1774, lord Germain fut réélu membre de la chambre des communes, et se fit distinguer, par son éloquence, au premier rang des défenseurs de l’administration de lord North. L’année suivante, il entra dans. le cabinet en qualité de secrétaire d’État pour les colonies ; et il eut ainsi à diriger la première guerre contre les Américains. Ce fut lui qui fit placer le général Burgoyne à la tête de l’expédition du Canada, dont ils avaient ensemble concerté le plan. On sait l’issue de cette entreprise, qui se termina par la défaite de Burgoyne à Saratoga, où il fut contraint de se rendre aux Américains avec toute son armée. Lord Germain eut à soutenir les apostrophes les plus amères sur sa conduite passée pendant tout le temps qu’il fut à la tête de l’administration de la guerre, où il ne paraît pas qu’il ait montré ni vigueur, ni talents transcendants. Il suivit le sort de lord North, qui fut obligé, au mois de mars 1782, d’abandonner le timon des affaires. Peu de temps avant sa chute (février 1782), George III, qui avait pour lord Germain le même attachement que son prédécesseur avait eu pour le duc de Dorset, l’éleva à la pairie, sous les litres de baron de Bolebrook et de vicomte Sackville. Sa nomination, motivée sur approbation que le roi donnait à la conduite qu’il avait tenue pendant son ministère, excita les clameurs de l’opposition, qui soutint que cette nomination était incompatible avec l’honneur de la chambre haute. Une motion faite dans ce sens (1) fut immédiatement repoussée comme un empiétement sur la prérogative royale. Quelques jours après, Sackville ayant pris place à la chambre haute, la même motion fut reproduite ; et il fut réduit à entendre la lecture de la sentence qui l’avait condamné, et à défendre lui-même le droit qu’avait eu la couronne en lui accordant un semblable honneur et son propre caractère, lavé, par la longue confiance de son souverain, de la tache qu’avait pu lui imprimer un jugement rendu vingt-deux ans auparavant, dans des circonstances où l’impartialité et l’équité pouvaient au moins être contestées. Lord Sackville vécut encore trois ans, sans prendre une part active aux affaires publiques, et mourut le 26 août 1785. Il avait eu plusieurs enfants de son mariage avec Diane Sambrooke, qu’il avait (tl Cette motion venait du marquis de Caermarthen (Francis Osborn, illa unique du duc de Leeds). 26