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du comté de Montbéliard. Elle chercha à s’attacher les maisons de Savoie, de Clèves et la maison électorale palatine. Dans cette vue, elle conclut: 1° le mariage de son fils ainé, le comte Louis , avec Mathilde, fille de Louis le Barbu, électeur palatin, et de Mahaut de Savoie, fille d’Aimé, prince de Piémont,d’Achale et de la Morée; 2° le mariage d’Ulrich, son autre fils, avec Marguerite, fille d’Adolphe II, duc de Clèves, veuve de Guillaume, duc de Bavière. Quelques auteurs font dater le partage qui eut lieu des États de Würtemberg entre les deux fils d’Henriette de l’époque de ce dernier mariage conclu en 1440; mais Henriette étant morte à Montbéliard, où elle fut inhumée le 13 février 1443, ses deux fils confirmèrent en commun, le 9 mars suivant, les franchises des habitants de Montbéliard. Or, si le partage eût été fait en 1440, ce diplôme n’eût été signé que par le Comte Louis, qui eut ce comté dans sa part. De sorte qu’il faut conclure de ce fait diplomatiquement prouvé que, tant qu’Henriette vécut, ses deux fils régnèrent par indivis. F.-P.



MONTBÉLIARD (Henri, comte de Wurtemberg et de), né en 1448, était petit-fils d’Henriette de Montbéliard par son père le comte Ulrich, dit le Bien-Aimé, qui, ayant connu par expérience combien était pernicieux le partage des terres d’une maison, et voulant éviter cet inconvéniententre ses deux fils, destina Henri, qui était la cadet, à l’Eglise. Il vendit, dit-on, un village pour se procurer l’argent nécessaire au voyage de ce fils, qu’il envoya en Italie finir ses études. Henri n’avait que dix-sept ans quand Adolphe de Nassau-Wisbaden, électeur de Mayence, le choisit, en 1465, pour son coadjuteur. Mais Frédéric le Victorieux, électeur palatin, menaça de déclarer la guerre à Adolphe si celui-ci ne forçait Henri à donner sa démission. Le margrave Charles Ier de Bade s’entremit dans cette affaire et décida Henri à résigner le 17 août 1467. Celui-ci, en rentrant dans le monde, crut pouvoir exiger de son père une cession de domaines assez considérable pour y tenir un rang distingué et analogue à celui qu’il venait d’abandonner. Ces discussions empoisonnèrent les dernières années du comte Ulrich; enfin, Eberhard le Barbu, comte (puis duc) de Wurtemberg, pour apaiser tous ces fâcheux débats, céda, par le traité d’Urach, à Henri, son cousin, l’usufruit du comté de Montbéliard avec ses dépendances, et lui fit à ce prix reconnaître, comme loi constitutionnelle de la maison de Wurtemberg, la loi de primogéniture et celle de l’indivisibilité du pays. Henri se trouva enfin possesseur d’une souveraineté assez étendue pour vivre avec l’éclat et la somptuosité qu’il aimait. Jouant du souverain, du grand potentat, il crut pouvoir prendre part à la guerre contre Charles le Téméraire, duc de Bourgogne qui vint dès lors (1475) assiéger Montbéliard. Henri se comporta vaillamment, fit plusieurs sorties, repoussa les Bourgignons, mais enfin eut le malheur de tomber prisonnier. Alors Charles soumet la place au nom de Henri et au sien propre comme seigneur suzerain; mais le gouverneur, homme de grand courage, répond qu’il est comptable de Montbéliard à tout la maison de Wurtemberg, et que le comte Henri, n’en ayant que l’usufruit, ne peut en céder la propriété. Ce gouverneur, dont le nom aurait dû passer à la postérité, fit une noble résistance et telle que Charles, qui avait perdu à ce siège beaucoup de monde et beaucoup de temps, désespèrant de réduire la place par la force, irrité enfin contre le gouverneur, imagina un stratagème qui appartient plutôt à un bourreau qu’à un homme de guerre. Il fait conduire Henri sur une montagne qui était en face du château, là on bande les yeux à ce prince et on le fait agenouiller sur un grand tapis de velours noir; un homme, les manches retroussées et un glaive à la main, suspend la mort sur la tête du prisonnier. Cet acte de bassesse cruelle, répété à plusieurs reprises, n’ébranle point la fermeté du gouverneur, qui persiste dans la défense la plus intrépide; ainsi, le duc de Bourgogne ne retira d’autre fruit de son affreux expédient qu’une juste honte et fut obligé de lever le siège. Mais le malheureux Henri, à qui l’on avait eu la cruauté de laisser croire qu’il allait être immolési la place ne se rendait pas, en eut l’esprit tellement aliéné que vers l’an 1500 il devint incapable de gouverner et qu’il fallut l’enfermer dans le château d’Urach, où il mourrut en 1519. Il avait eu deux femmes, savoir: Elisabeth, fille de Simon, comte de Bitsch; et Eve, fille du comte Jean VII de Salm. Du premier lit naquit Ulrich, qui fut le troisième duc de Wurtemberg; et du second sortirent Georges Ier, comte de Montbéliard, et une fille appelée Marie, qui fut la dernière femme de Henri, dit le Jeune, duc de Brunswick-Wolfenbuttel, si célébre dans les guerres de son temps.

F-P.


MONTBÉLIARD (Georges 1er comte de) naquit le 4 février 1498, du second mariage du comte Henri de Montbéliard avec Eve de Salm. Son neveu Christophe (quatrième duc de Wurtemberg) lui céda, autant par générosité que par déférence, le comté de Montbéliard avec toutes ses dépendances, et c’est en qualité de comte souverain de Montbéliard qu’il prit part à la guerre contre Charles-Quint. Ce monarque le mit au ban de l’empire et lui voua une haine implacable. L’un des effets de la haine de Charles V fut de faire exclure Georges de plusieurs traités de paix où il aurait dû être compris et l’on ne parvint qu’en 1552 à les réconcilier. Ce n’est qu’après avoir fait sa paix avec l’empereur que Georges cédant aux instances de son neveu le duc Christophe, épousa, le 14 septembre 1555, Barbe fille de Philippe le Magnanime, landgrave de