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contraria les vues de son père par un extrême penchant pour les lettres et les voyages ; aussi était-ll surnommé le Philosophe. Détourné par ses parents du projet qu’il avait formé d’être un des compagnons du capitaine Cook. il consentit à ne voyager qu’en Angleterre et en Hollande, où il put acquérir d’utiles notions commerciales, la connaissance de deux langues vivantes, et visiter les gens de lettres et les monuments publics. De retour à Nantes après une absence de plus d’une année, Mosneron s’y dégoùta bientôt et il obtint de s’embarquer, avec le grade d’enseigne, sur un navire que son père avait armé pour St-Domingue. Forcé par une tempête, en revenant, de relâcher sur les côtes d’Espagne, le jeune Mosneron mérita par sa conduite dans cette périlleuse navigation le grade de premier lieutenant que son père lui offrit pour une seconde expédition ; mais son inconstance se manifestait de plus en plus. Ennuyé de la conversation des officiers de la marine marchande, il voulut faire son droit afin de se prémunir contre les discussions litigieuses qu’enfantent trop souvent les relations commerciales. Il vint donc à Paris pour étudier la jurisprudence et fut obligé de se remettre au latin ; mais Horace et Juvénal lui firent bientôt oublier Barthole et Cujas. Ses liaisons avec Clément et autres gens de lettres et la représentation de nos chefs-d’œuvre dramatiques lui inspirèrent l’idée de travailler pour le théâtre. Il composa deux tragédies, dont l’une fut refusée par les comédiens et l’autre reçue moyennant corrections. Sa pièce n’ayant été ni représentée ni imprimée, il renonça au culte de Melpomène pour se livrer ù d’autres genres de littérature. Avant de donner la liste de ses ouvrages, nous devons dire quelque chose de sa carrière politique. Après avoir rempli à Nantes diverses fonctions tant à la chambre qu’au tribunal de commerce, il fut chargé d’une mission près les états de Bretagne, puis auprès du ministre de la marine, pour plaider une affaire qui intéressait tout le commerce. En 1789, il fit partie d’une députation extraordinaire près l’assemblée constituante, et, au mois d’août 1791, fut élu par le département de la Loire-inférieure l’un des membres de l’assemblée législative. C’est à tort que Guímar, dans ses Annales nantaises, a dit que Mosneron donna bientôt sa démission ; c’eSt à tort aussi que la Biographie portative des contemporains : avance que ce député parla plusieurs fois dans la session ; mais qu’en raison de la faiblesse de son organe, il choisit souvent pour interprètes plusieurs de ses collègues qui s’attribuèrent ses rapports et ses paroles. Le fait est qu’il ne parla que le 21 octobre pour s’opposer à ce que ’on confondit les prêtres insermentés avec les perturbateurs reconnus ; puis au mois de novembre pour offrir au nom de son frère, Mosneron-Dupin, un vaisseau qui porterait des secours à St-Domingue. Les Tables du Moniteur r

ne mentionnent que ce dernier fait et ne disent point, comme la Biographie portative, que Mosneron ait joué un rôle important dans la triste journée du 20 juin 1792 ; ni qu’il se soit trouvé aux Tuileries et qu’il y ait contribué, au péril de ses jours, à sauver, pour le moment, Louis XVI et sa iamille. Ce qu’il y a de certain, c’est que Mosneron dans l’assemblée législative vota constamment avec la droite contre la faction des girondlns qui formait la majorité, et qu’il ne fut pas réélu à la convention nationale. S’il fut incarcéré à Nantes comme royaliste, puis au Luxembourg à Paris, il ne fit point partie des 132 Nantais qui y furent conduits en 1793, et il recouvra la liberté après la terreur. En décembre 1799, il fut nommé l’un des 300 muets qui composaient le corps législatif, d’où il sortit en 1803, et dès lors il disparut entièrement de la scène politique. l'usage des eaux thermales, nécessaires a sa santé, l’ayant amené à Bagnères de Luchon, il s’y maria en secondes noces, et y vécut plusieurs années tellement oublié qu’on le croyait passé en Amérique. Sous la seconde restauration, Il obtint pour lui la croix de la Légion d’honneur et pour sa femme, le 30 mai 1815, l’entrepôt particulier du tabac à Pau, puis, le 8 mai 1816, celui de St-Gaudens (Haute-Garonne), où deux mois après cette dame fut nommée receveur central. Ce fut la que Mosneron prolongea sa carrière dans une heureuse médiocrité, loin de sa famille, de ses anciens amis, et dans un isolement complet. Le 8 janvier 1823, il prêta serment devant la cour royale de Toulouse comme baron, dont il avait reçu le brevet pour services rendus à l’État. Ce brevet était peut-être une fiche de consolation qu’on lui donna pour qu’il ne fût pas confondu avec un de ses neveux qui avait été compromis à Nantes, quelques mois auparavant, dans une prétendue conspiration dont tous les prévenus venaient d’être acquittés par la cour d’assises de cette ville. Mosneron mourut à St-Gaudens en 1830, à l’âge de 92 ans. Sa veuve, qui n’était que son prète-nom, fut réformée l’année suivante, et n’en obtint ensuite qu’une indemnité modique et provisoire. On a de lui : 1° le Paradis perdu, de Milton, traduction nouvelle avec des notes et le texte en regard (sans nom d’auteur), Paris, 1786, 3 vol. in-16 ; 2e édition, ibid., 1788, 2 vol. in-8° ; 3e édition, ibid., 1799, 2 vol. in-8° ; 4e édition (ou la 2e suivant l’auteur, qui ne comptait pas les deux précédentes), Paris, 1805, 2 vol. in-12 ; elle est précédée d’une Vie de Milton que Mosneron avait publiée en 1804, in-8° ; 5e ou 3e édition, 1810, ibid., 3 vol. in-8°. Il ne paraît pas que l’auteur ait fait usage des corrections qu’il a gardées longtemps en portefeuille pour une nouvelle édition. 2° De quelques réformes et améliorations à faire en Bretagne, 17139, in-8" ; 3° Vie du législateur des chrétiens, sans lacunes et sans miracles, par J.-M ; Paris, Dabin, 1803, in-8°. C’est avec