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MON jilk d’aIli¢mcc ou d’adoption, aimée de lui plus qu patmsellsment. D’après l’estime que cette honnête demoiselle avait conçue pour l’auteur, par la lecture et le jugement qu’el e porta, quoique fort jeune, de ses premiers Essais, elle vint avec sa mère tout exprès pour le connaître, pendant le séjour qu’il fit à Paris en 1588. Ces dames le visitèrent dans sa solitude champêtre, et elles l’emmenèrent à leur tour en leur maison de Gournay, où il séjourna quelque temps. l’ne autre adoption, bien sensible pour l’amour-propre paleme, fut celle de sa philosophie, par Charron, qui le connut à Bordeaux en 1589, et auquel il voua dès lors, selon Bayle, une amitié toute particulière. Le théologien se rendit l’élève du pl1i—· losophe. Son traité de la Sagesse ne fait le plus souvent que développer les maximes et les leçons du maître (I}, et quoiqu’il semble justifier le titre de Brërinire des honnêtes gens, donne au livre des Essais par le cardinal du Perron, il fut bien moins lu que le livre du philosophe (2}, dont la vogue devint telle par la suite, qu’à peine pouvait-on trouver un gentilhomme studieux qui n’eùt un Montaigne sur sa cheminée. Mais, malgré tous ces témoignages d’amitié et d’estime, qui semblaient rattacher à la vie notre philosophe sensible, les atteintes d’un mal qui lui faisait dire que « la mort le pinçait continuellement à la gorge ou aux reins », ne lui permettaient pas de’former désormais de longues espérances, et de jouir longtemps de ses nouvelles affections. incertain où l’attendait la mort, il l’attendait partout et s’y préparait en philosophant sagement, comme i l’avait conseillé. S’il sembla s’y précipiter en la bravant dans les troubles civils, es circonstances l’arrachaient alors aux objets de ses affections plutôt qu’elles ne l’en détachaient. Les exemples qu’il avait eus sous les yeux. À une époque où il avait failli être égorgé dans sa maison, avaient bien pu lui faire exprimer le vœu d’être délivré de la vue des angoisses de sa famille, en « se plongeant stupidement dans la mort », sans qu’on dùt en conclure (3}, avec un rigorisme au moins égal à celui des auteurs de l’An de passer. que tout sentiment moral était éteint en lui, de même que Naigeon inférait d’une question rélevée par notre philosophe, d’après un doute d’Euripide, sur l’éclair de la vie humaine brillant dans la nuit éternelle », que Montaigne ne croyait pas à l’immortalité de l’llme (4). Au contraire, les leçons de philosophie chrétienne qu’il professe la même et ailleurs, et celles que lui (ll Les ouvrages sous le titre de Passés : at d’Espri1 de Montaigne n’en donnent que des extraits détachés. Un lira avec plus GG [NIH IB Nvlùba Il Obtlfùlioll pûur préparer cl fnnlilrr la

;¢ ?:|f•"•r : ;’K••ai•, par l’a¤ci¢n aéuateur Vernier, Paris, 1810,

til zfrndalt. bientôt en anglais, hmslœa, l60B way. Fwatol, rien italian, par Marc Ginammi, Venise, 1633, in t°. il ÈÈi’l’, ?’ ’S" " F°"’22.", ., ..., "’ """$’ï" ;’€".».. ss.. sm. naissent de lszlèssmgtlte de uelquîsareaenipizlres de l’6ditioa stéréotype des Bastia, Pariaaqhtdot, llil, à vol. la-} !.

MON 2l avait données la Boétie, son ami, qu’il avait assisté à ses derniers moments, étaient bien loin d’être oubliées. Montaigne nous apprend qu’étant malade son premier soin était d’appeler, non le médecin, mais son desservant, et de s’acquitter de ses devoirs religieux. Ce ne fut point au château de Gournay. comme l’a cru Ladvocat, mais en sa maison, que Montaigne fut attaqué d’une esquinancie mortelle qui lui tomba sur la langue. Il i emeura ainsi, dit Pasquier (1), trois jours entiers, plein d’entendement, sans pouvoir parler. Comme il sentait sa fin approcher, il pria par un bulletin sa femme d’avertir quel ues gentilshommes, ses voisins, ·xlin de prendre congé d’eux. Quand ils furent arrivés, il fit dire la messe dans sa chambre ; et au moment de l’élévation, ce pauvre gentilhomme s’étant soulevé comme il put sur son lit, les mains jointes, il expira dans cet acte de piété le 13 septembre 1592 : ce qui fut, ajoute Pasquier, un beau miroir de l’intérieur de son âme. Le corps de Montaigne fut transporté à Bordeaux, dans l’église des Feuillants, où Françoise de la Chassaigne, son épouse, lui fit ériger un monument, avec une inscription en prose latine, qui ol’fre un témoignage moins emphatique des sentiments de sa famille et des siens que Tépitaphe grecque en vers à la suite, et sa traduction latine par la Monnoie, dont on cite ces deux vers pour la justification de sa de’lS8 :

Salins sddùclurjaran in dopurlo Christi, Crtmr Pyrrhams pendus lance seins. Montaigne, n’avant point d’enfants mâles, avait laissé par son testament à Charron les armes pleines de sa famille, à laquelle celui-ci à son tour marqua sa reconnaissance par le legs universel de ses propres biens. D’un autre côté, la lille d’alliance de Montaigne, la demoiselle de Gournay, et sa mère. averties par la famille, s’empressèrent de traverser la France presque entière, alors toute en armes, et arrivèrent pour mêler leurs pleurs et leurs regrets à ceux de la veuve et de sa fille Léonof ; exemple non moins remarquable d’attachement à la mémoire de Montaigne. Mademoiselle de Gournay conserva toute la vie le titre de sa fille d’alliance, et le prit à la tète des éditions qu’elle donna des Essais, dont les principales furent (2) l’édition authentique publiée en 1595. d’après un manuscrit revu par Montaigne et remis elle par la veuve (3} ; et en 1635 celle qu’elle dédia au cardinal de Riche(ll Lrllrs I••, llv. IB. L M. Pelgé, maître des comptes. (2l Essais de Montaigu, Paris, Langelier, lôitb, in-fol., Psris, Camusat, 1635, In·|ol. 31 M. Bernadan, ancien avent au parlement de Bordeaux, auteur des Antiquités bordeloîsu ¤179’1, in-B•^, a fnit connaître, dans une lettre insérée au Jarrrrurl grrrrval dr Prmve. en 1789, un autr : manuscrit des Rxrnir, dépose, dit-ll, aux Peuillanis de Itordeaux par la veuve rle Montaigne. Ce rnanuytrit a sans joute éte remis la bibliothèque de Bordeaux en même temps que les rendru du philosophe, qui y ont été solennellement transportées en IE00 ; et ¢’rst zfrobableuœnt Fexunplaire de cette bihlinthik que sur lequsl a falte Pédltion stéréotype da INB.