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tus pastorales qu’il mourut en 1459. Cosme de Médicis lui avait donné toute sa confiance. Eugène IV voulut mourir dans ses bras : Pie II assista à ses funérailles, et Adrien VI le mit, en 1523, au nombre des saints. Les études de St. Antonin avaient eu principalement pour objet l’histoire ecclésiastique et la théologie. Nous avons de lui : 1° Historium opus trium partium historialium, seu Chronica, libri 24, Venise, 1480 ; Nuremberg, 1184 ; Bâle, 1491, in-fol., 5 vol. l’édition de Lyon, en 1517, contient une lettre curieuse du rabbin Samuel au rabbin Isaac, sur les prophéties de l’Ancien Testament qui ont rapport a la destruction de la loi judaïque. L’auteur montre de la sincérité, de la bonne foi, mais il manque souvent d’exactitude pour les faits éloignés de son temps. 2° Summa theologiæ moralis, partibus 4 distincta, Venise, 1477 et 1479, in-4o, 4 vol. ; Nuremberg, 1478, 4 vol. in-fol., Méming., 1483 ; Strasb., 1496, in-4o, 4 vol. ; Bâle, 1511, in-fol. L’édition de Venise, 1582, 4 vol. in-4o, a pour titre : Juris Pontificii et Cæsaræi Summa, etc. Le P. Mamachi en a donné une nouvelle édition, dans la même ville, en 1751, 4 vol. in-4o, avec des notes très-prolixes. C’est le plus soigné-des ouvrages de St. Antonin : on le consulte encore, mais il faut du courage pour le lire. 5° Summula confessionis, imprimée peu de temps après l’invention de l’imprimerie, en caractères gothiques, sous ce titre : Tractatus de Instructione, seu Directione simplicium confessorum, in-fol., sans nom de lieu et sans date ; en latin, sous le titre de Confessionale, Venise, 1473, in-4o ; en italien, Florence, 1474 et 1479, in-8o. Cet auteur a encore composé un traité sur l’excommunication, des sermons, et quelques autres ouvrages, dont plusieurs sont restés manuscrits. T-d.


ANTONIN-HONORAT, évêque de Constantine, ou de Cirthe, en Afrique, dans le 5e siècle, est principalement connu par une lettre adressée à Arcade, évêque espagnol, exilé par Genséric, avec trois autres évêques de la même nation, pour n’avoir pas voulu embrasser l’arianisme. Cette lettre, destinée à les encourager au martyre, plutôt que de renier leur foi, est remarquable par la vigueur du style, par les pensées vives et les raisonnements pressants. Elle produisit son effet, car ces quatre confesseurs de Jésus-Christ souffrirent le martyre en 1437. Cette lettre leur avait été envoyée deux ans auparavant. On la trouve dans la Bibliotheca Patrum, et dans l’ouvrage de D. Buinart, sur la persécution des Vandales. T-d.


ANTONIN (Jean), médecin, né à Kaszow, sur la frontière de Hongrie, vers la fin du 15e siècle, fit ses premières études à Cracovie, sous le célèbre Rodolphe Agricola. Il se rendit ensuite à Padoue, y suivit les cours de la faculté de médecine, et prit le grade de docteur. Après un séjour de quelques années en Italie, Antonin résolut de se fixer dans sa patrie ; il y retourna donc, en traversant Bâle, où se trouvait alors Erasme, qu’il désirait voir et avec lequel il se lia de l’amitié la plus étroite. De retour en Pologne, il fut reçu dans le collège des médecins, et continua d’exercer avec beaucoup de succès l’art de guérir, sans néanmoins abandonner les belles lettres, pour lesquelles il avait un goût particulier. Tous les savants formaient alors une seule famille, unie par le même esprit, animée du même zèle pour les progrès de la science : Antonin mit Tomicki, vice-amiral du royaume, en relation avec Érasme, et pendant longtemps ces deux illustres personnages entretinrent une correspondance très-suivie. On ignore l’époque précise de la mort de Jean Antonin. Il a laissé plusieurs ouvrages : 1° Concilium animalium Joan. Dubravii (Dubrawski), Cracovie, 1535, in-4o ; 2° de tuenda bona Valetudine, ibid., 1535, in-4o ; 3° des vers élégiaques sur la mort de Tomicki et sur celle d’Érasme, imprimés à Cracovie. Ch-s.


ANTONINA, femme de Bélisaire, était fille d’un cocher du Cirque et d’une comédienne. Ses mœurs répondirent à cette extraction, et son caractère fut encore plus odieux que ses mœurs : elle eut néanmoins l’art de séduire Bélisaire, qui l’épousa vers l’an 527, au même instant ou l’infâme Théodore s’unissait à Justinien, qui n’était encore que César. Ces deux femmes, destinées à ternir l’éclat de deux grands noms, par l’ascendant qu’elles prirent sur leurs époux, furent longtemps unies par l’intrigue, la débauche et le crime. Antonina avait été mariée une première fois, et Photius, né de ce mariage, était même assez âgé pour servir sous son beau-père, lors de la campagne d’Italie. Antonina suivait toujours Bélisaire dans ses expéditions, et quelquefois elle lui rendait des services essentiels, par son activité, son audace, son zèle à solliciter les renforts et les secours dont il avait besoin. Mais, sans respect pour les vertus et la gloire de cet homme illustre, elle se livrait à tous les désordres. Un jeune Thrace, nommé Théodose, qu’elle traînait effrontément à sa suite, fut plusieurs fois surpris jusque dans ses bras. Antonina se justifia avec audace auprès d’un époux trop faible, et poursuivit avec acharnement les indiscrets témoins de sa conduite. Ce fut ainsi qu’elle irrita Bélisaire contre un officier nommé Constantin, dont elle obtint la mort pendant le siége de Rome. Excitée par l’impératrice Théodore, elle contribua pareillement aux persécutions dirigées dans le même temps contre le pape Silvère. Sa lubricité n’épargna pas même son propre fils Photius, qui, honteux de cette infâme passion, en instruisit Bélisaire. Tous deux jurèrent de punir Antonina, dont un eunuque leur révéla tous les désordres. Celle-ci, accoutumée à faire tête aux orages de ce genre, trouva un appui dans l’impératrice Théodore. Bélisaire fléchit encore devant l’audace de sa femme ; elle se fit rendre le Thrace Théodose, que Photius avait fait enfermer par un acte arbitraire, dont elle se vengea bientôt, en faisant infliger la torture à ce même fils, que sa jeunesse, la faiblesse de sa constitution, et la toge consulaire, ne purent sauver des cruautés d’une mère implacable. Elle le fit jeter ensuite dans un cachet, d’où il s’échappa trois ans après, pour se réfugier dans un cloître, où il prit l’habit monastique. Antonina éprouva néanmoins, de la part de Théodora, des contradictions qu’elle ne put éviter, et elle fut forcée de donner en mariage sa fille Joanine à un petit-fils naturel