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quit une brillante réputation chez l’étranger. L’Uso dell’ armi da fuoco, traduit aussi en français par St-Auban, et en anglais, en est comme un supplément. Dans un moment où les nouvelles connaissances mécaniques et physiques, qui commençaient à se répandre, excitaient partout le goût des recherches sur la théorie de l’artillerie, les artilleurs piémontais se distinguèrent par les travaux les plus étendus et les plus profonds. Un grand nombre d’expériences furent faites par ordre du gouvernement, et sous la direction des colonels d’artillerie, et en particulier de M. de Vincenti. Ce sont ces deux ouvrages qui ont servi de base aux deux ouvrages de d’Antoni. « On sera sans doute étonné, dit avec raison le savant traducteur français, du nombre et de la variété des différentes expériences qui ont été faites en grand sur chacun des objets ; de la rigueur, de la précision et de l’exactitude qu’on a employées, afin de pouvoir asseoir sur leurs résultats des jugements positifs, irrévocables et sans retour. » Il ne parait pas que d’Antoni connût d’autres ouvrages modernes sur son art que celui de Robins (New Principles of gunnery). Il ne le cite même pas, mais il le réfute plusieurs fois indirectement. Au reste, outre les choses tout à fait nouvelles que son ouvrage contient, il a encore rectifié quelques-uns des résultats de l’auteur anglais. D’ailleurs ses principes se trouvent assez d’accord avec les expériences qui furent faites en France vers le même temps, et qui n’étaient pas encore connues lorsqu’il écrivait. On trouverait même bien peu de chose à changer dans la partie qui tient à la chimie, quoique l’auteur fût étranger à cette science, et que la théorie des gaz n’eût pas encore été éclaircie ; les dernières expériences de Rumford confirment en particulier ce qu’avait dit d’Antoni sur la part qu’ont les vapeurs dans la force de la poudre. Le roi de Sardaigne récompensa le mérite de d’Antoni par une commanderie des ordres réunis de St-Maurice et de St-Lazare : il lui confia, en 1783, la direction supérieure de tout ce qui appartient à l’artillerie. L’année d’après, il le nomma lieutenant général. D’Antoni mourut le 7 décembre 1786, regrette de tous les artilleurs dont il était le chef et le père. Ses Principes fondamentaux de la construction des places, avec un nouveau système de fortifications, ont été traduits en français par Flavigny, 1775. La vie de d’Antoni a été écrite par M. de Balbe en 1791, et insérée, en 1805, dans les Mémoires de l’académie des sciences de Turin, dont d’Antoni était membre. B-BE.


ANTONI (Vicenzo-Berni Degli), jurisconsulte italien, naquit le avril 1747 ai Bologne, où son père jouissait d’une grande réputation dans le barreau. Il fit ses études avec beaucoup de succès dans sa ville natale, et se rendit à Rome pour les perfectionner. Revenu à Bologne, il y remplit une chaire de droit civil à l’université, et fut successivement nommé auditeur de chambre de deux légats du pape. Fort attaché au gouvernement pontifical, il refusa de prêter serment à la république que les Français établirent dans sa patrie en 1798, et fut privé de sa chaire, puis arrêté et exilé. Il supporta toutes ces persécutions avec beaucoup de courage, et fut nommé en 1799, après le retour des armées autrichiennes, membre de la régence qu’elles établirent à Rome. Lors de la seconde invasion des Français, il ne crut pas devoir s’éloigner, et accepta l’emploi de commissaire général des finances, qu’il remplit avec une grande probité ; puis, lorsque l’Italie devint un royaume, en 1806, il fut nommé par Napoléon procureur du roi près le tribunal de cassation et chevalier de la Couronne de Fer. Plus tard, lorsque l’autorité pontificale fut rétablie à Bologne, Pie VII désigna Antoni pour être président du tribunal d’appel ; mais sa santé ne lui permit pas d’accepter ces honorables fonctions. Ce profond jurisconsulte, auteur de plusieurs ouvrages de droit très-estimés, a aussi publié quelques poésies et même des comédies. Il était membre de plusieurs académies. Le comte Carlo Pepoli, son compatriote, a composé sur lui une notice biographique qui a été insérée dans plusieurs journaux. Z.


ANTONIA, vestale. Voyez Claudia.


ANTONIA seconde fille de Marc Antoine le triumvir, et d’OctavieIre, épousa Drusus, fils de Tibère-Claude Néron et de Livie, et en eut : Germanicus, Claude, depuis empereur, et une fille nommée Livie, fameuse par ses débauches. Antonia, veuve quoique jeune encore, se consacra entièrement à l’éducation de ses enfants, et donna l’exemple de toutes les vertus. Ce fut elle qui informa Tibère des trames de Séjan, par une lettre que lui porta l’affranchi Pallas. Elle vit régner Caligula, son petit-fils, qui, dans un de ses caprices, lui fit donner le nom d’Auguste, et décerner tous les honneurs qui avaient été prodigués à Livie. Bientôt il l’abreuva de tant d’humiliations et de dégoûts, qu’il la força de mettre fin à ses jours, s’il ne empoisonna pas. Elle mourut l’an 37 ou 38 de J.-C. Q-R-y.


ANTONIANO (Silvio), cardinal, originaire de Castello dans l’Abruzze, au royaume de Naples, et né à Rome, d’un marchand de draps et d’étoffes de laine, le 31 décembre 1540. Il montra, dans son enfance, des dispositions singulières pour les lettres, mais surtout pour la poésie et la musique. À dix ans il jouait parfaitement de la lyre, et il s’accompagnait en chantant des vers qu’il improvisait sur toute sorte de sujets, et dans toutes les mesures et toutes les formes de la poésie italienne. On l’appelait il poetino (le petit poète). Sa réputation naissante le fit prendre en amitié par un cardinal, dont les bienfaits le mirent en état de continuer ses études et de se rendre habile dans les langues grecque et latine. Il n’en cultivait pas moins son talent d’improvisateur ; on rapporte des preuves étonnantes de ce talent, données dans des occasions heureuses, qui le firent connaître avantageusement des princes de la cour romaine, entre autres du cardinal Jean-Ange de Médicis, qui se souvint de lui lorsqu’il fut devenu pape, sous le nom de Pie VII. Avant cette époque, le duc de Ferrare, Hercule II, fut tellement ravi, dans un voyage qu’il fit à Rome, de la poésie, du chant et du talent de toucher la lyre du jeune Antoniano, qu’il l’emmena avec lui ai Ferrare, d’où