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Laberaudière, demoiselle du Rouet, un fils naturel, nommé Charles de Bourbon, archevêque de Rouen, mort en 1613. B-p.


ANTOINE (don), prieur de Crato, roi titulaire de Portugal, fils naturel de l’infant don Louis, duc de Béja, et d’Islande de Gomez, que ce prince avait promis d’épouser, suivit le roi don Sébastien a la malheureuse expédition d’Afrique. Enveloppé lui-même dans la déroute de l’armée, À la bataille d’Alcazar-Quivir, en 1578, il fut pris par les Maures, cacha son nom, et tut sauvé de sa prison par un esclave, après quarante jours de captivité. Don Antoine reparut aussitôt à Lisbonne, et trouva le trône occupé par le cardinal Henri, son oncle. Il demanda hautement la couronne, et prétendit que don Louis, son père, avait épousé sa mère en secret ; mais déclaré bâtard et banni du royaume, il fut obligé de se cacher, en attendant l’occasion de s’emparer d’un trône qu’il croyait lui appartenir. À la mort du cardinal, qu’on appelait le prêtre-roi, il reparut à Lisbonne, et fut proclamé le 19 juin 1580, par le peuple, au moment même où Philippe II levait une armée pour faire valoir ses droits sur le Portugal. Reconnu seulement dans les villes situées au nord du Tage, et abandonné de la noblesse portugaise, don Antoine s’empara de l’arsenal, des magasins de Lisbonne, et forma à la hâte une armée pour s’opposer au duc d’Albe, contre lequel il osa en venir aux mains le 25 août, à Alcantara ; mais forcé dans ses retranchements, il fut vaincu et poursuivi, le même jour et à la même heure que sa flotte était défaite par le marquis de Santa-Crux. Lisbonne ouvrit ses portes aux Espagnols. Don Antoine, ayant rallié les débris de son armée sur les bords du Duero, voulut encore risquer le sort des armes, et fut défait une seconde fois, le 22 septembre. N’ayant plus ni ressources, ni espérance, il prit la fuite et gagna Viana, où il s’embarqua sur un vaisseau marchand. Une violente tempête l’ayant rejeté sur la côte, il prit l’habit d’un simple matelot, pour se soustraire à la poursuite de l’ennemi. Philippe II promit une récompense de 80,000 ducats à quiconque lui livrerait don Antoine ; mais, tels étaient l’aversion des Portugais pour le gouvernement espagnol et leur attachement pour le prince fugitif, qu’Antoine resta caché pendant plusieurs mois dans le pays situé entre Duero et Minho, sans être trahi. Enfin il se réfugie en France, où il implora le secours de Catherine de Médicis, et publia un manifeste, devenu depuis fort rare, intitulé : Explanatio veri ac legitimi juris quo sermissimus Lusilaniæ rex Antonius nititur ad bellum Philippe regi, etc. Ce manifeste, écrit en latin, en français et en hollandais (Lugd. Bat., Plantin, 1585, in-4o), fut remis aux cours de France et d’Angleterre, et aux Provinces-Unies. Catherine de Médicis accorda à don Antoine 6,000 hommes et une flotte, qui fut défaite complétement, le 21 juillet 1582, par l’escadre espagnole ; et le malheureux prince, poursuivi par les vainqueurs, passa sur un navire flamand, erra en Hollande, en Angleterre, et revint à Paris, où il mourut, le 26 août 2595, à l’âge de 64 ans, après avoir cédé tous ses droits à Henri IV. Il eut un fils naturel, nommé Emmanuel, d’abord novice chez les capucine, attaché ensuite à Maurice d’Orange, dont il épousa la sœur, et qui mourut à Bruxelles, en 1658, a 70 ans. Son petit-fils, Emmanuel Eugène, mourut sans postérité, en 1687. On a imprimé : Psalmi confessionales inventi in scrinioD. Antoni I, Portug. regis, propria manu scripti ; et ce n’est pas, comme on l’a prétendu, une paraphrase des sept Psaumes de la pénitence. L’abbé Bellegarde a donné une traduction de cet ouvrage, 1718, in-12. Voy. Bellegarde. B-p.


ANTOINE, prince d’Anhalt. Voyez Anhalt.


ANTOINE, duc de Brunswick. Voyez Brunswick.


ANTOINE, duc de Lorraine. Voyez Lorraine.


ANTOINE, comte de Vaudemont. Voyez Vaudemont.


ANTOINE Ier (Clément-Théodore), roi de Saxe, frère de Frédéric-Auguste, ce fidèle allié de l’empereur Napoléon, naquit le 27 décembre 1755. Le 5 mai 1827, il succéda à ce frère qui occupe une si belle place dans l’histoire, mais à qui les derniers traités de paix n’avaient laissé qu’un royaume bien réduit. On se rappelle en effet qu’il dut abandonner à la Russie le duché de Varsovie, et à la Prusse près de la moitié de ses États ; en un mot, ne régner désormais que sur 1,386,000 habitants au plus, avec environ 28 millions de revenus. Dans cet état de choses, le nouveau roi ne pouvait comme son prédécesseur tendre qu’à un but : celui de compenser par sa sagesse, par le bien-être assuré à ses sujets, la puissance qui lui manquait ; c’était encore un assez beau rôle ! Aussi bien annonçât-il dès son avènement qu’il marcherait sur les traces de Frédéric-Auguste. Mais en même temps qu’il maintenait, selon l’usage, les fonctionnaires publics actuellement employés, le successeur de Frédéric-Auguste n’eut garde d’oublier d’exprimer l’espoir qu’ils auraient une fidélité inviolable et une obéissance entière, et qu’en tout ils se conduiraient comme il convient à des sujets pénétrés de leurs devoirs envers le souverain et les autorités que Dieu a établies sur eux. Antoine était issu de la branche Albertine de Saxe, qui était restée fidèle aux principes catholiques, au milieu du peuple protestant qu’elle avait mission de régir. Toutefois elle avait toujours proclamé et maintenu la plus stricte tolérance. Le successeur de Frédéric-Auguste parut vouloir marcher dans la même voie. Peu de mois après son avènement (18 juillet 1827), le roi rendit un édit qui assurait aux chrétiens de la confession d’Augsbourg le libre et public exercice de leur culte, et les assimilait, quant à la jouissance des droits civils, aux sujets Saxons appartenant au catholicisme. Et, chose non moins louable et d’aussi bonne politique, cette dernière disposition devait s’étendre aux chrétiens grecs établis dans le pays. Le 7 novembre de la même année, le roi Antoine perdit sa seconde femme, Marie-Thérèse, archiduchesse d’Autriche, fille de l’empereur Léopold II. Que se passa-t-il ensuite dans le royaume