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procher de la doctrine des stoïciens. Il entreprit même, dans un livre adressé à Balbus, de concilier la philosophie d’Aristote et celle de Xénocrate. Antiochus composé contre Philon, son maître, un autre livre intitulé : Sorus. Il eut pour auditeurs Cicéron et Lucullus. Ce dernier l’emmena en Asie pendant sa questure. Cicéron vante la finesse de son esprit, l’élégance et la facilité de son discours. Plutarque, dans la Vie de Lucullus, parle d’un traité d’Antiochus sur les Dieux. — Un autre Antiochus, de Laodicée en Phrygie, philosophe sceptique de l’école d’Ænésidème, eut pour disciples Théodas et le médecin Menodote. — Un troisième, philosophe cynique, né en Cilicie, suivit Sévére et Caracalla dans la guerre contre les Parthes. Il excitait les soldats au combat, et les endurcissait à la fatigue par ses leçons et par son exemple, marchant pieds nus, se roulant dans la neige. Il déserta néanmoins le parti des Romains, et passa du côté des Parthes ; mais, a la paix, il fut réclamé par Caracalla. D. l.


ANTIOCHUS, moine de Seba, dans la Palestine, vivait au commencement du 7e siècle. Il est auteur des Pandectæ divina Scripturæ, en cent quatre-vingt dix homélies séparées. Il parle, dans sa préface, de la prise de Jérusalem par Chosroës, roi de Perse, et rapporte les cruels traitements qu’éprouvèrent alors les moines de la Palestine. Il y a joint un poëme dans lequel il déplore la perte de la vraie croix, que les Perses avaient, dit-on, emportée parmi leur butin. La restitution de cette relique fut, dans la suite, le sujet d’un autre poëme écrit en italien. (Voy. Fr. Braccioloni.) On trouve le poëme d’Antiochus, en grec et en latin, dans le supplément de la Bibliotheca Patrum. D-t.


ANTIPAS. Voyez Antipater de l’Idumée.


ANTIPATER, ami et ministre de Philippe de Macédoine, et de son fils Alexandre le Grand, était d’une famille illustre, et avait reçu de la nature les talents les plus heureux, qui furent encore perfectionnés par une excellente éducation. Aristote fut son ami et son maître, et lui inspira le goût des sciences. Il était aussi simple dans ses manières et dans ses vêtements, que distingué par ses actions. Philippe l’éleva au rang de premier ministre, se lia avec lui d’une amitié intime, et lui donna, en peu de mots, le plus bel éloge qu’un ministre put recevoir de son souverain : « J’ai dormi profondément, dit-il un jour qu’il s’était levé tard, parce qu’Antipater veillait. » Après la mort de Philippe, Alexandre, voulant passer en Asie, crut que personne ne pouvait mieux le remplacer dans la Macédoine que celui qui avait toujours joui de la confiance de son père, et il le nomma son lieutenant pour la Grèce et la Macédoine. Lorsque ce prince se fut enfoncé dans l’Asie, et que Memnon, général des troupes grecques à la solde du roi de Perse, eut soulevé toute la Thrace, les Lacédémoniens crurent l’occasion favorable pour reprendre leur prépondérance dans la Grèce, et ils parvinrent à armer tous les peuples du Péloponèse. Antipater pacifia d’abord la Thrace, se porta promptement dans le Péloponèse, où il défit les Lacédémoniens et leurs alliés, et tua Agis, roi de Sparte. Ces ennemis extérieurs n’étaient pas les seuls qu’il eût à combattre. La mère d’Alexandre, et Cléopâtre, sœur de ce prince, étaient sans cesse en querelles ; et Olympias portait à chaque instant des plaintes contre Antipater à Alexandre, qui, pour y mettre fin, le manda en Asie, en envoyant Cratère pour commander à sa place dans la Macédoine. Ce prince mourut avant que ce changement fut fait, et on laissa à Antipater la Macédoine et la Grèce, dans le partage qui eut lieu à la suite de cette mort ; on le nomma, de plus, tuteur de l’enfant dont Roxane était enceinte. Bientôt après il eut à soutenir les efforts de toute la Grèce confédérée pour recouvrer sa liberté. Il fut vaincu d’abord et obligé de se renfermer dans Lamia ; mais Léonnatus et Cratère vinrent à son secours, et les Grecs se soumirent de nouveau. Cette guerre fut suivie d’une autre contre Perdiccas. Antipater passa en Asie ; mais Perdiccas ayant été tué en Égypte, Antipater chargea Antigone du reste de la guerre, et revint en Macédoine, où il mourut très-âgé, l’an 317 avant J.-C. On l’a accusé, sans vraisemblance, d’avoir fait empoisonner Alexandre. Avant de mourir, il confia la tutelle du jeune roi à Polysperchon, et non à Cassandre, son fils. C-r.


ANTIPATER et ALEXANDRE, fils de Cassandre et de Thessalonice, se disputèrent le trône de Macédoine, après la mort de Philippe, leur frère aîné. Antipater, s’imaginant que sa mère favorisait les prétentions d’Alexandre, la fit mourir, ce qui indigna les Macédoniens contre lui ; mais comme il avait épousé Eurydice, l’une des filles de Lysimaque, Alexandre se vit obligé d’avoir recours à Pyrrhus, qui rétablit la paix entre les deux frères. Bientôt après, Alexandre fut tué par Démétrius ; Antipater, chassé de ses États, se réfugia auprès de Lysimaque, son beau-père, qui fit quelques tentatives pour le rétablir sur le trône, et finit par l’abandonner ; Antipater l’accusant de l’avoir trahi, il le fit mourir, vers l’an 292 avant J.-C. C-r.


ANTIPATER, dont le premier nom était Antipatas, de l’une des principales familles de l’Idumée, fut gouverneur de cette province, sous le règne d’Alexandre Jannée et d’Alexandra, sa veuve. Son attachement pour Hyrcan le fit tomber dans la disgrâce, lorsqu’Aristobule eut usurpé l’autorité, et il décida Hyrcan à aller se mettre sous la protection d’Arétas, roi des Arabes, qui fit une tentative inutile pour le rétablir sur le trône. Il s’adressa alors a Pompée, et ce fut aux soins du général romain qu’Hyrcan dut son rétablissement ; comme c’était un homme très-faible, Antipater jouissait de toute l’autorité sous son nom. Lorsque César se vit assiégé par le peuple d’Alexandrie, Antipater conduisit lui-même des troupes à son secours et montra beaucoup de bravoure dans les divers combats qui se livrèrent ; il défendit ensuite Hyrcan contre les accusations d’Aristobule, devant César, qui le nomma procurateur de la Judée, sous les ordres d’Hyrcan. Il rétablit la tranquillité dans ce pays, et l’y maintint, au milieu des troubles et des guerres civiles qui déchiraient l’empire romain. Il mourut l’an 49 avant J.-C., empoisonné par Malichus, à qui il avait sauvé