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verses à Anthémius ; enfin, en 472, Ricimer ayant appris que Léon, empereur d’Orient, venait de faire assassiner Aspar et Ardaburius, deux de ses sujets aussi puissants qu’ambitieux, redouta pour lui-même un pareil sort, et, décidé à prévenir Anthémius, il s’avança vers Rome, à la tête d’une armée : il avait un parti dans cette ville, qui se trouvait ainsi partagée entre le beau-père et le gendre. Au bruit de cette division, l’empereur d’Orient envoya Olybrius en Italie ; mais Ricimer, accoutumé à faire du sceptre l’instrument de ses desseins, l’offrit à Olybrius, qui l’accepta, soit par crainte, soit par trahison. Anthémius, ne trouvant qu’un ennemi de plus dans celui qui devait être son défenseur, se réfugia dans une église ; ses partisans n’osaient se montrer, et la famine et la misère les poursuivaient dans leurs maisons. Déjà le rebelle entrait dans Rome ; un Gaulois nommé Bilimer, fidèle à Anthémius, lui amène un corps de troupes, et il livra un sanglant combat sur le pont d’Adrien ; il fut défait et tué. Ricimer victorieux saccagea Rome, et fit massacrer Authémius, l’au 472. Ce prince avait régné 5 ans. Il laissa trois fils et une fille mariée à Bicimer. L’un de ses fils, nommé Marcien, fut sur le point d’arracher l’empire d’Orient à Zénon, en 479 ; mais il finit par être pris et exilé au fort de Papyre, en Isaurie. L-S-e.


ANTHÉMIUS, mathématicien, architecte et sculpteur, né à Tralles en Lydie, vers la fin du 5e siècle, sous Justinien. Agathias, qui était son contemporain, et Eusthate, commentateur d’Homère, font son éloge en plusieurs endroits, ainsi que Paul le Silentiaire. Il parait que les secrets de la physique et de la chimie lui étaient aussi très-familiers, car les historiens rapportent qu’il imitait les effets du tonnerre et des éclairs, et même, ajoutent-ils, des tremblements de terre. On serait tenté de croire, d’après ce récit, qu’Anthémius avait trouvé quelque composition assez semblable à la poudre. Le rhéteur Zénon lui ayant donné des sujets de plainte, Anthémius, pour s’en venger, déploya auprès de la maison de Zénon l’appareil effrayant de son art. Le rhéteur sentit tout à coup sa maison ébranlée jusque dans ses fondements ; il vit briller la foudre, et, croyant le ciel déchaîné contre lui, il s’enfuit épouvanté. Le principal titre de gloire d’Anthémius est la construction de l’église de Ste-Sophie, la plus belle que le christianisme ait élevée dans l’Orient. Bâtie d’abord par Constance, réparée par Théodose le Jeune, décorée par tous les empereurs, elle avait été réduite en cendres dans la sédition arrivée en 532, sous le règne de Justinien, qui forma aussitôt le projet de la rebâtir et d’en faire le plus bel édifice de l’univers. Anthémius fut chargé d’en poser les fondements, et le plan qu’il suivit est encore admiré de nos jours. Il assit cet immense édifice dans la plus grande place de Constantinople, nommée l’Augustéon. L’église, tournée vers l’Orient, selon l’ancien usage, était de forme carrée ; elle avait quarante-deux toises de longueur sur trente-huit de largeur. On employa pour la construire un ciment composé, suivant Codin, de tuiles pilées, d’orge bouilli, de chaux et d’écorce d’orme hachée ; on se servait d’eau tiède pour délayer ce ciment, qui, suivant le même auteur, acquérait la solidité du fer. Anthémius ne poussa pas la construction plus loin que les fondements ; il mourut vers l’an 534, et laissa à Isidore de Milet la gloire de terminer ce monument. Anthémius avait écrit un livre sur les machines singulières, etc. Dupuy, secrétaire perpétuel de l’académie des inscriptions, a inséré dans les Mémoires de cette académie (1777) un fragment d’Anthémius, contenant des problèmes de mécanique et de dioptrique, auquel il a joint des notes et des observations. C’est Louis Dutens qui le premier avait tiré ce fragment d’un manuscrit de la bibliothèque du roi, et l’avait publié dans une brochure intitulé : du Miroir ardent d’Archimède, Paris, 1775, in-8o de 59 p. Dans ce morceau, Anthémius donne la manière de construire les miroirs ardents, et explique, en quelque façon, comment Archimède a pu, a l’aide de ces miroirs, brûler les vaisseaux des Romains. L-S-e.


ANTHERMUS, ou ATHENIS, de l’île de Chio, était frère de Bupalus : tous deux étaient sculpteurs, ainsi que leur père Anthermus, leur aïeul Micciades et leur bisaïeul Malas. Pline dit que, pour trouver le commencement de l’art dans cette famille, il faut remonter à la 1re olympiade. Anthermus et son frère vivaient 540 ans avant J.-C. Le poète Hipponax, leur contemporain, était d’une laideur effrayante ; les deux artistes s’amusèrent à le représenter dans toute sa difformité, et l’exposèrent ainsi à la risée publique. Hipponax indigné fit contre eux des vers satiriques qui les mirent au désespoir ; on crut même qu’ils s’étaient pendus ; mais Pline contredit ce fait. Un grand nombre de leurs ouvrages décoraient les îles de la Grèce. Il y en avait plusieurs dans l’île de Délos, au bas desquels ils avaient gravé orgueilleusement : « Chio est aussi célèbre par les ouvrages des fils d’Anthermus que par sa puissance. » Pline parle d’une statue de Diane qui se voyait dans cette dernière île, et qu’ils avaient sculptée de telle sorte qu’en entrant dans le temple on croyait lui voir un visage sérieux, tandis qu’elle paraissait sourire a ceux qui sortaient. Une grande partie de leurs ouvrages passa de la Grèce à Rome, où Auguste les plaça dans différents temples. Aristophane, dans sa comédie des Oiseaux, désigne Anthermus sous le nom d’Archennus. L-S-e.


ANTHEUNIS (Jacques), nommé aussi Jacques de Middelbourg, du nom de sa ville natale, vivait sur la fin du 15e siècle. Il était docteur en droit canon, chanoine et chantre de la collégiale de Ste-Gudule à Bruxelles. Comme cette ville faisait alors partie du vaste diocèse de Cambray, l’évêque avait coutume d’y placer un vicaire général, pour rendre plus prompte et plus facile dans tout le Brabant l’expédition des affaires ecclésiastiques. Antheunis fut jugé digne de remplir ces fonctions sous l’épiscopat de Henri de Bergher. Il est auteur de l’ouvrage intitulé : Elegans libellus ac nun primum impressus de procellentia poleslatis imperatoriæ ; in quo plurima lacta vehementer tum utilia, tum