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théologiques, qui sont aujourd’hui complétement oubliées.


BACMEISTER (Matthieu), fils de Luc (voy. l’article précédent, naquit à Rostock, en 1580. Après avoir étudié la médecine en cette ville, où son père était surintendant des églises, il fit un voyage en Allemagne et au Danemark. Le chancelier Fricsen, dont il captiva les bonnes grâces, l’emmena en Angleterre. A son retour, il prit le titre de docteur, et alla ensuite s’établir à Kiel, où il pratiqua honorablement l’art de guérir jusqu’en 1612, époque à laquelle il vint enseigner les mathématiques à Rostock. En 1616, il accepta la place de médecin pensionné à Lunébourg, où il devint bientôt médecin du prince, et mourut en 1626, le 7 janvier, laissant un traité de médecine pratique en vingt-huit dissertations qui avaient déjà été imprimées chacune à part. Il avait publié aussi les quatre premiers volumes des œuvres posthumes de médecine de François Joël.

Jean BACMEISTER, son fils, né à Rostock, en 1605, y mourut en 1631, après avoir rempli les fonctions de professeur à l’université. On a de lui quelques dissertations d’un bien faible intérêt : 1° de Apoplexia, Rostock, 1641, in-4o ; 2° de Quartana, ibid. 1641, in-4o ; 3° de Cachexia, ibid., 1658, in-4o : 4° de Casu laborantis podagra, ibid., 1658, in-4o ; 5° de Hydrope Ascita, ibid., 1604, in-4o ; 6° Problemata physiologico-medica, ibid., 1664, in-4o ; 7° de imbecillilale ventriculi, ibid., 1604, in-4o.


BACO DE LA CHAPELLE, maire de Nantes, en 1792, était auparavant procureur du roi dans cette ville. Député, en 1789, aux états généraux, il s’y montra partisan zélé des innovations, et ne se fit néanmoins remarquer qu’une seule fois à la tribune, pour signaler l’abbé Maury comme l’auteur des troublée qui agitaient cette assemblée. Devenu maire après la session, il contribua à la défense de Nantes contre les Vendéens. Accusé ensuite de tenir au parti fédéraliste, il fut mis en prison à l’Abbaye, et n’en sortit qu’après le 9 thermidor (27 juillet 1796). Baco de la Chapelle fut envoyé par le directoire aux îles de France, en qualité de commissaire ; les colons refusèrent de le reconnaître, et il passa à la Guadeloupe, où il est mort en 1801.

K.


BACON (Robert), théologien anglais, naquit vers la fin du 12e siècle. On ne sait précisément ni l’époque ni le lieu de sa naissance. Quelques-uns l’ont confondu avec le moine Roger Bacon ; d’autres l’ont regardé comme son frère : cette opinion parait peu probable. Après avoir étudié à Oxford, il vint achever son éducation à Paris, retourna ensuite à Oxford, où il professa la théologie, et se fit une grande réputation comme prédicateur. Sous le règne de Henri III, les barons anglais s’étant coalisés pour résister à la tyrannie du ministre Pierre Desroches, natif de Poitou, et évêque de Winchester, ainsi qu’a l’influence des étrangers, particulièrement des Poitevins, que ce ministre avait mis en possession de tous les emplois, le roi, pour faire cesser ces troubles, convoqua, dans l’été de 1233, un parlement à Oxford. Les barons refusèrent d’y assister ; mais le roi s’y étant rendu, Bacon fut choisi pour prêcher devant lui : ce qu’il fit avec beaucoup de liberté, déclarant que le renvoi de Desroches pouvait seul apaiser le juste mécontentement de la nation. Ce discours fit une grande impression sur le roi, et le prépara à prêter l’oreille aux représentations que vint lui faire l’archevêque de Cantorbéry, à la tête d’un grand nombre d’évêques, et qui, soutenues de menaces d’excommunication, décidèrent enfin le renvoi de Pierre Desroches et des étrangers. Ce sermon avait été prononcé à l’instigation d’Edmon ou St. Edmond, ami et protecteur de Robert Bacon, qui écrivit sa vie.

S-d.


BACON (Roger), moine anglais du 15e siècle, qui, par la force seule de son génie, s’éleva au-dessus des connaissances comme des erreurs de son siècle, et fit, dans plusieurs sciences, des découvertes qui ont obtenu l’admiration des nations les plus éclairées. Il naquit en 1214 à Ilchester, dans le comté de Sommerset, où sa famille était ancienne et considérée. Il était commun alors de voir des jeunes gens des meilleures familles se vouer à l’état monastique ; et c’est dans son sein que se sont formés presque tous les hommes qui, dans le moyen âge, se sont distingués par des talents extraordinaires. Il est intéressant de rechercher quels moyens un simple religieux a pu trouver dans les lumières de son siècle, pour exciter et mettre en activité cet esprit d’invention qu’il avait reçu de la nature, et en même temps quels obstacles il eut à vaincre pour suivre les mouvements de son génie, et n’être pas arrêté dans ses travaux par les superstitions que lui suscitèrent l’ignorance et la persécution. Après les études élémentaires, Roger fut admis à l’université d’Oxford, puis il passa à l’Université de Paris, où la réputation des professeurs, leur zèle et leurs talents pour l’enseignement, attiraient, de toutes les parties de l’Europe, une grande affluence de disciples : c’était surtout un usage commun en Angleterre. Roger y suivit avec ardeur les leçons des plus habiles maîtres, fit dans toutes ses études des progrès qui furent remarqués, et y reçut le degré de docteur en théologie. Revenu en Angleterre en 1240, il y prit l’habit monastique dans l’ordre de St-François, et alla se fixer a Oxford. Il paraît que la physique fut d’abord le principal objet de ses travaux ; mais cette étude demandait des secours que sa fortune ne lui permettait pas de se procurer. Il trouva de généreux amis de la science, qui, par des contributions volontaires, le mirent en état d’acheter les livres, de construire les instruments, et de faire les expériences dont il avait besoin. Il dit lui-même que, dans le cours de vingt années, il employa a cet usage 2 000 liv. sterl., qui représenteraient aujourd’hui près de 400 000 fr. En recherchant avec application les secrets de la nature, il parvint à découvrir certaines propriétés, certaines combinaisons des corps, dont il tira des effets nouveaux, qui excitèrent l’admiration des gens assez éclairés pour en saisir l’explication naturelle, mais qui parurent tellement merveilleux aux ignorants, qu’ils les attribuèrent à la magie. Cette opinion extravagante fut accréditée