Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843 - Tome 2.djvu/573

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

la fidélité. Après la catastrophe, il se déroba par la fuite à une arrestation et à une mort certaines. Revenu dans sa patrie, il y créa un nouveau régiment et le conduisit au roi de Sardaigne, qui soutenait alors une guerre très-vive contre la France. (Voy. VICTOR-AMÉDÉE.) Bachmann entra en campagne dans le mois de mars 1793, et fut nommé général major l’année suivante. Chargé de diriger l’armée que le duc de Montferrat commandait dans la vallée d’Aost, il y obtint quelques succès ; mais les victoires que Bonaparte remporta sur un autre point au commencement de 1796, contre les armées piémontaises, ayant forcé la cour de Turin à signer la paix, Bachmann se vit contraint de rentrer dans le repos. Il quitta définitivement le service de Sardaigne en 1798, lorsque le régiment qu’il commandait fut incorporé dans l’armée française, et retourna dans sa patrie, où, dès l’année suivante, il créa un nouveau corps qui fut mis à la solde de l’Angleterre, et se réunit aux Autrichiens pour combattre les Français. À la tête de cette troupe, Bachmann se distingua encore à la bataille de Zurich, à Feldkirsch et surtout à Zutk, où il enleva un corps français tout entier dans la nuit du 7 au 8 décembre 1800. La paix de Lunéville ayant été suivie du licenciement de sa troupe, il passa encore quelque temps dans la retraite ; mais l’insurrection des petits cantons (octobre 1801) l’obligea d’en sortir. Nommé général en chef de l’armée confédérée, il obtint d’abord quelques succès contre les insurgés helvétiens ; mais les Français ayant pénétré en Suisse pour les soutenir, toute résistance devint impossible. Bachmann se réfugia en Souabe et ne rentra dans sa patrie que lorsque l’influence des Français y eut cessé. Il vint à Paris en 1814, après le rétablissement des Bourbons, et reçut des mains de Louis XVIII le brevet de commandeur de St-Louis. Il était encore dans cette capitale à l’époque du 20 mars 1815, et il contribua beaucoup par ses conseils à la conduite que tinrent alors les régiments suisses. (Voy. AFFRY.) Revenu aussitôt dans sa patrie, il fut chargé du commandement de 30,000 hommes destinés à combattre Napoléon ; mais cette armée se borna à des démonstrations jusqu’à la bataille de Waterloo, qui mit fin à toutes les hostilités. Bachmann donna alors sa démission et alla finir sa longue carrière dans la retraite, après avoir reçu des cours de Vienne, de Turin et de Paris, des décorations et d’autres témoignages d’estime. Il mourut dans ses terres, en 1831.

M-d j.


BACHMEGYBI (Étienne-Paul), médecin, né à Frantschin en Hongrie, à la fin du 17e siècle, avait fait de bonnes études dans les universités d’Allemagne, et exerça la médecine dans divers endroits de la Hongrie. Il connaissait, outre la médecine, la théologie, les mathématiques, la physique et la chimie ; il mêlait cependant à l’étude de celle-ci des opérations alchimiques qui lui occasionnèrent de grandes dépenses. Un vase, qu’il voulait retirer du feu, ayant éclaté, il en eut le visage blessé, et cet accident lui donna un cancer dont il mourut, en 1735. Ses ouvrages sont : 1° Observationes de morbo Csœmœr

BAC

Hungariœ endemico, dans les Disp. med. de Jean Milleter, Leyde, 1717 ; 2° Observationes diverses, dans les Observ. med. Uralilav., et dans le Commare, litter. Noricum, 1733 ; 3° Olia Bachmegybiana, documenta veril. fidei roman, cathol., forma colloquii, Tirnau, 1733.

C-au.


BACHOT (Gaspar), médecin, était né vers 1550, dans le Bourbonnais. Un passage de ses Erreurs populaires fait conjecturer qu’il était de Montmeraud. Sa famille, qui a produit plusieurs hommes de mérite, jouissait d’une grande considération dans la province. Bachot nous apprend lui-même qu’il était cousin du savant Gilbert Gaulmin. {Voy. ce nom.) Il exerçait déjà la médecine à Thiers, en 1584. L’année suivante, il se rendit à Paris, pour suivre les cours des plus habiles professeurs. Il nomme, parmi ses maîtres, Faber, Perdulcis, Simon Piètre, Riolan et Duret. En 1592, il reçut le grade de docteur, sous la présidence de Delorme, son parent. La manière dont il parle de sa réception peint naïvement la futilité des questions qui s’agitaient alors dans les écoles, « Et comme j’eus soutenu, dit-il, tous les plus furieux assaults de ceux des quels j’estoys attaqué, j’obtins enfin que le vice des humeurs et le naturel des parties du corps causaient la cacoèthie et l’opiniâtreté des maladies, et envoyai à l’instant au président les despouilles, remportant le doctorat pour trophée de cette victoire. » Bachot revint aussitôt à Thiers, où il était déjà connu d’une manière très-avantageuse. Sa réputation ne tarda pas à s’étendre dans les provinces voisines. Il était appelé fréquemment à Montbrison, ville où le célèbre Laur. Joubert (voy. ce nom) avait pratiqué la médecine dans sa jeunesse. Ce que Bachot entendait rapporter d’honorable à la mémoire de ce grand médecin fut sans doute une des causes qui l’engagèrent à le prendre pour modèle, et à devenir, dans le traité qu’il composa, son continuateur. Son goût pour la botanique le lia promptement avec le petit nombre d’amateurs de l’histoire naturelle qui se trouvaient alors dans le pays, et il herborisait de temps en temps avec eux sur les montagnes du Forez et de l’Auvergne. En 1609, Bachot fut nommé médecin du roi à Moulins. Il se montra digne de cette marque de confiance, en s’occupant de l’examen des eaux minérales du Bourbonnais, qu’il réussit à remettre en crédit. On ignore l’époque de sa mort, mais il est probable qu’il ne survécut pas longtemps à la publication de l’ouvrage dont on va parler. Il est intitulé : Erreurs populaires touchant la médecine et Régime de santé, Lyon, 1626, in-8o. Cet ouvrage, que Bachot entreprit dans le but de compléter celui de Joubert qui porte le même titre, est divisé en 5 livres, dans lesquels il traite de la complexion et coutume, de l’air et des vêtements, de l’appétit et de la soif, du repos, et enfin de la digestion. On y trouve des renseignements utiles et des remarques assez intéressantes semées ou entremêlées de passages d’Hippocrate, d’Horace, de Lucrèce et de l’école de Salerne, traduits en vers français. Bachot montre de l’érudition, de la franchise et de la bonne foi ; mais il n’a ni le coup d’œil, ni