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pirant d’artillerie et du génie, et en 1700 il obtint le titre d’ingénieur-géographe militaire surnuméraire sous les ordres de Berthier (le prince de Wagram). En 1771, il recouvra sa place de lieutenant au bataillon de Colmar, d’où il passa bientôt avec le même grade au régiment provincial d’artillerie à Strasbourg, quoiqu’il fût dès cette époque attaché au ministère des affaires étrangères. Il parait qu’il avait demandé et qu’on lui accordât la permission de cumuler des fonctions diplomatiques avec une sorte d’activité militaire. En 1777, il fut nommé secrétaire de l’ambassade de France en Suisse, pendant la négociation du renouvellement de l’alliance avec le corps helvétique ; et quelque temps après il obtint la place de chargé d’affaires. En 1781 on lui confia encore l’emploi de secrétaire d’ambassade, et en 1784 en le breveta comme premier secrétaire interprète, et de cette époque il fut constamment chargé d’affaires jusqu’à l’arrivée de l’ambassadeur Barthélémy, en 1792. Bacher embrassa avec ardeur la cause de la révolution ; il fit un don patriotique de la croix de St-Louis qu’il avait obtenue par cette cumulation de services, et d’une somme de 500 livres pour les frais de la guerre. De 1793 à 1797 il fut agent de la république, stationné à Bâle pour y surveiller la neutralité helvétique, observer les mouvements des armées ennemies, et soigner la correspondance avec l’Allemagne. Chargé du service secret des armées, de la surveillance des frontières, et commissaire pour l’échange des prisonniers de guerre, il eut encore la mission d’échanger Madame, fille de Louis XVI, contre les représentants du peuple et le ministre livrés par Dumouriez aux Autrichiens. (Voy. BEURNONVILLE.) Il remplissait les mêmes fonctions à l’époque du 18 fructidor (septembre 1797), et il écrivit alors au directoire contre Pichegru, Moreau et même contre Barthélémy, avec lequel il avait paru longtemps très-lié ; ce qui n’empêcha pas que ce gouvernement, voulant éloigner le soupçon de ce fait ignoré, fit mettre pendant plusieurs jours le scellé sur les papiers de Bacher, afin de lui donner l’air d’un homme persécuté. Dans le mois de novembre de la même année, Bacher présenta différentes notes au sénat de Bâle pour faire arrêter Richer de Serisy, et poursuivre le major Mérian, ainsi que d’autres officiers suisses, qu’il accusait d’avoir favorisé l’attaque des Autrichiens contre Huningue. En 1798, il passa chargé d’affaires à Ratisbonne ; et, comme on avait été satisfait de son service secret à Bâle, il eut la même qualité à Francfort. Mais cette fois sa mission eut en même temps un caractère ostensible, et il échangea pendant la guerre plus de 100,000 prisonniers, dont plusieurs auraient péri sans les soins qu’il se donna pour accélérer leur retour et les faire guérir des maladies contractées dans les prisons. En 1801 on le renvoya à Ratisbonne. Il résidait encore en Allemagne lorsque l’armée française fut contrainte de se retirer en 1813 : il s’enfuit à pied, chargé d’une grosse somme d’or dont le poids le blessa. Descendu dans un fossé, entre Francfort et Strasbourg, pour s’y reposer, et ne voulant pas demander de secours à personne de peur d’être volé, il mourut de fatigue dans ce fossé où on le trouva avec son trésor. Les dépèches de Bacher étaient substantielles, animées et d’un style correct. Il servait avec une chaleur qui lui a fait des ennemis ; on lui a reproché de l’avarice, et ce vice a été cause de sa mort, mais on n’a pas mis en doute sa probité. Il a laissé sur l’Allemagne et sur la Suisse des mémoires remplis de vues saines et de renseignements utiles pour la France.

Z.


BACHERACHT (Henri), médecin, né à Pétersbourg, le 27 décembre 1725, fut élevé à Moscou ; et, après avoir visité les principales universités de l’Allemagne, alla recevoir le bonnet doctoral à Leyde. À son retour en Russie, l’impératrice Elisabeth le nomma médecin du corps de l’artillerie et du génie, place qu’il quitta en 1776, pour être attaché à la marine. On a de lui : 1° Dissertatio de ligamentorum Morbis, Leyde, 1750, in-4o. 2° Traité pratique sur le Scorbut, à l’usage des chirurgiens de l’armée et de la marine russes (en russe et en allemand), Pétersbourg, 1786, in-8o. Ce petit traité a été traduit en français par Desbout, Reval, 1787, in-8o. 3° Préservatif contre les épizooties (en allemand), Pétersbourg, 1772, in-8o. Ce mémoire se trouve aussi dans le 21e volume du recueil de la société économique de Pétersbourg, qui l’avait couronné. 4° Pharmacopeea navalis russica, aut Catalogua omnium necessariorum medicamentorum, quæ secundum ordinem navium classicarum pro itinere in scrinio navali habere oportet, Pétersbourg, 1784, in-8o. Cette pharmacopée, qui est fort estimée, avait paru en langue russe trois ans auparavant. 5° Instruction physico-diététique sur les moyens de conserver ïa santé des gens de mer (en allemand), Pétersbourg, 1790, in-8o. Bacheracht est encore auteur de quelques opuscules dont la plupart ont paru dans les mémoires de la société économique de Pétersbourg, mais dont quelques-mis aussi ont été imprimés séparément. Dans le nombre de ces derniers, nous citerons une Instruction sur l’art d’inoculer (en russe), Pétersbourg, 4769, in-8o, et un Traité sur les maladies que l’abus des plaisirs vénériens fait naitre chez les deux sexes (en russe), Pétersbourg, 1765, in-8o. Bacheracht fut le premier qui pratiqua l’inoculation de la petite vérole en Russie : il adopta la méthode de Dimsdale, dès qu’elle lui fut connue.

J-d-n.


BACHET DE MEZIRIAC. Voyez MEZIRIAC.


BACHIÈNE (Guillaume-Albert), né à Leerdamen 1712, fit ses études à Utrecht, et fut nommé, en 1735, prédicateur de la garnison de Namen, et, en 1737, ministre de l’Évangile à Kuilenburg, où il resta jusqu’en 1739. Vers cette époque, il fut appelé à Maastricht, et y obtint une chaire d’astronomie et de géographie. Pendant les dix-neuf ans qu’il occupa cette place, il publia plusieurs ouvrages géographiques et théologiques. Ceux qui ont rapport à la géographie méritent d’être connus ; ce sont : 1° une description géographique de la terre sainte, sous ce titre : Âardrijkskundige Beschrijving van het Joodsche Land…, 1765, 9 cahiers, avec 12 cartes. Cet ouvrage, qui traite de tous les lieux dont il est question dans la Bible, est d’un grand secours pour l’intelligence de ce livre. 2° Une géographie