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mais nous savons qu’à la suite d’une maladie, qui fit de rapides progrès, « arriva pour lui le moment de répondre me voilà à l’interpellation du Très-Haut. Le 6 de djomady 1er 957 (28 décembre 1530), l’aigle du souffle de ce monarque, modèle de piété, s’envola dans les jardins délicieux du paradis. » Il laissa quatre fils et trois filles : l’aîné, nommé Huraayoun, lui succéda. A de grands talents politiques et militaires, Babour joignait le goût des lettres, et même des talents littéraires. Il composa lui-même, en langue mogole, la relation de ses conquêtes et l’histoire de sa vie. Ces Commentaires, augmentés par Djihan-Guyr, ont été traduits en persan par Abdoul-Rahhym (voy. ce nom). Il a eu la gloire de fonder une dynastie qui a régné sur l’Indoustan pendant plus de deux siècles et demi. Cette dynastie, illustrée par des souverains justement célèbres, tels que Akbar et Aureng-Zeyb, a été anéantie dans la personne de l’infortuné Schah-Aalem. (Voy. ce nom.) L-s.



BABRIUS, que d’autres nomment BABRIAS, avait mis en vers choriambes grecs les fables d’Esope ; sa collection, divisée en 10 livres, suivant Suidas, ou en 2 seulement, comme le dit Aviénus, fut extrêmement répandue et fit tomber toutes les précédentes. Elle méritait ce succès, à en juger par les fragments que Suidas nous en a conservés : ses fables, mises en prose sous le Bas-Empire, sont le fond de la plupart des collections qui portent le nom d’Esope ; et ces paraphrases, écrites d’un style barbare, nous ont fait perdre l’original. Il parait certain que Babrius vivait avant Phèdre ; Tyrwhitt croit qu’il florissait un peu avant Auguste, et Coray ne balance pas, d’après l’élégance de ses vers, à le reculer jusqu’à l’époque de Bion et Moschus, vers l’an 130 avant J.-C. Tyrwhitt, savant anglais, a donné une excellente dissertation sur Babrius et sur ses fables, Londres, 1776, in-8o, que Harles a fait réimprimer à Erlang, 1785, in-8o. Coray, dans son excellente édition d’Esope, Paris, 1810, in-8o, a mis au bas de chaque fable les fragments de Babrius qu’il a pu recueillir. C-r.


BABUR. Voyez BABOUR.


BABYLAS (Saint), évêque d’Antioche, succéda à Zéhin, vers 237 ou 38, et gouverna cette église pendant treize ans, avec autant de zèle que de vertu. On dit que l’empereur Philippe, qui faisait profession du christianisme, s’étant présenté à l’église la veille de Pâques, St. Babylas s’avança sur le seuil de la porte, lui en refusa l’entrée, jusqu’à ce qu’il se fût mis au rang des pénitents, pour expier le meurtre de Gordien, dont il s’était rendu coupable, et que l’empereur obéit. St. Chrysostome rapporte ce fait, sans élever le moindre doute sur son authenticité ; mais Eusèbe n’en parle que comme d’un bruit qu’on racontait de son temps, et qu’il n’avait trouvé écrit nulle part. Environ six ans après, St. Babylas fut mis en prison, chargé de chaînes, par ordre de l’empereur Dèce, et mourut des mauvais traitements qu’on lui fit essuyer en 251. Il voulut être enterré avec ses chaînes, qu’il regardait comme l’instrument de son triomphe. Un siècle

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après, le César Gallus fit transporter ses reliques d’Antioche dans le bourg de Daphné, à deux lieues de cette ville, y éleva une église sous son invocation, à côté du temple d’Apollon. Le voisinage du martyr fit cesser, dit-on, les oracles du dieu, auquel Julien l’Apostat entreprit, en 562, de rendre la parole. Il n’épargna ni les victimes, ni les libations pour en tirer quelque réponse favorable sur son expédition de Perse. Le dieu, après être resté longtemps insensible aux prières et aux sacrifices de l’empereur, rompit enfin le silence, pour le rejeter sur les corps des chrétiens qui environnaient son temple. Comme ce silence datait surtout de la translation en ce lieu, des reliques de St. Babylas, Julien ordonna aux Galiléens de retirer les cendres et les ossements du saint patriarche. La piété des fidèles donna à cette nouvelle translation l’appareil d’une pompe triomphale. La châsse qui renfermait les reliques du saint était porté sur un char ; les prêtres chantaient, pendant tout le chemin, les endroits des psaumes qui peignent l’impuissance des idoles, et le peuplé faisait, à chaque verset, retentir l’air de ce refrain : « Que tous ceux qui adorent les ouvrages de la « main des hommes, et qui se glorifient en leurs « faux dieux, soient couverts de confusion. » La nuit suivante, la foudre du ciel tomba sur le temple d’Apollon, réduisit en cendres l’autel et le dieu qui y était adoré, et ne laissa subsister que les murs, dont les débris attestèrent longtemps la vengeance céleste. Julien, furieux, fit tourmenter les prêtres de l’idole, pour savoir si ce désastre venait de leur négligence ou de la vengeance des chrétiens ; mais les prêtres et tous les habitants des environs déclarèrent qu’ils avaient vu tomber la foudre du ciel. Ce prince n’osa rétablir ni l’idole, ni le temple, de peur d’attirer la foudre céleste sur sa personne. Il se promettait de décharger toute sa colère sur les chrétiens, au retour de son expédition, où il périt. Les reliques de St. Babylas fuient depuis transférées au delà de l’Oronte, où St. Flavien bâtit une église en son honneur, et institua une fête solennelle. Ce fut à cette occasion que St. Chrysostome prononça un de ces discours qui ont rendu son nom si célèbre. Il composa même une histoire de St. Babylas. Le judicieux Tillemont avoue que l’histoire de St. Babylas est sujette à de grandes difficultés. Bayle (Dict. hist. et crit.) n’a pas manqué de les faire valoir. On peut voir, à ce’sujet, une dissertation du P. Merlin dans le Journal de Trévoux, de juin 1737. T-d.


BABYLONE (François ou Francis), habile graveur, plus connu sous le nom de maître au Caducée, monogramme dont il a marqué ses estampes (voy., le Dict. de Christ, p. 320), vivait au commencement du 16° siècle. On ignore le lieu de sa naissance, ainsi que les particularités de sa vie. Huber avoue que s’il le fait compatriote de Lucas de Leyde, ce n’est que par conjecture, et qu’il aurait pu le placer également dans la classe des graveurs italiens (voy. le Manuel des curieux, t. 5, p. 66). Tout ce qu’on sait de certain sur le maître au Caducée, c’est qu’il exerçait son art à Rome dans le même temps