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AYRMANN (Christophe-Frédéric), savant historien, né le 1er mars 1695, à Leipsick, fit ses études à Wittemberg et fut nommé, en 1721, professeur d’histoire à l’université de Giessen : il s’était occupé de cette science et de celle du droit, depuis que la faiblesse de sa santé l’avait forcé d’abandonner la carrière de la théologie. Ses dispositions hypocondriaques et les difficultés qu’il rencontra dans les diverses fonctions académiques qu’il eut à remplir rendirent sa vie peu heureuse ; mais il n’en travailla pas avec moins d’ardeur : la philologie, l’érudition, et en particulier l’histoire de la Hesse, doivent beaucoup à ses recherches ; il a publié, sous le nom d’Emmanuel Sincelus, plusieurs éditions d’auteurs classiques, entre autres, Velléius Paterculus, Jules-César et Suétone : il y a joint des notes savantes. Ses principaux ouvrages sont d’ailleurs : 1° Diss. hist. chronol de Sicula Dionyriorum tyrannide, Giessen, 1726, in-4o ; 2° Introduction à l’histoire de la Hesse, pendant les temps anciens et le moyen âge (en allemand), Francf. et Leips., 1752, in-8o ; 3" Disp. de originibus Germanicis, sive temporibus Germaniæ priscis, obscuris maximum partem et fabulosis, Giessen, 1724, in-4o, etc. G-t.


AYSCOUGH (Samuel), laborieux écrivain anglais, né à Nottingham, où il commença à étudier sous Johnson. Son père ayant, éprouvé des revers de fortune, le jeune Ayscough fut retiré de l’école, et devint domestique d’un meunier. En 1770, un homme généreux qui avait été son condisciple, apprenant sa misère, le fit venir à Londres pour lui procurer un emploi au musée Britannique. Là, ses talents commencèrent à être remarqués, et ses appointements augmentèrent jusqu'à ce qu’il fût nommé adjoint bibliothécaire. Tous ceux qui s’adressaient à lui pour des recherches s’accordent à louer sa complaisance. Il entra dans les ordres, et obtint le bénéfice de St-Gilles-des-Champs. Peu de temps avant sa mort, arrivée en 1805, le lord chancelier lui donna le bénéfice de Cudham, dans le comté de Kent. Ayscough eut l’honneur de prêcher pendant quinze ans, à St-Léonard, un sermon annuel devant la société royale. On a de lui en anglais : 1° Remarques sur les lettres d’un fermier américain de St-Jean de Crèvecœur. 2° Catalogne des manuscrits du musée Britannique, Londres, 1782, 2 vol. in-4o, et le Catalogue des livres du même musée, 1788, 2 vol. in-fol. 3° Tables de cinquante-six vol. du Gentleman’s Magazine, celles du Monthly Reviews, du British critic. des œuvres de Shakspeare, etc. Ayscougb eut part au classement des archives de la Tour de Londres. — George-Édouard Ayscough, officier anglais, fils du docteur Ayscough, doyen de Bristol, et d’une sœur de lord Lyttleton, a publié : 1° Sémiramis. tragédie, 1777, in-8o ; 2° Lettres d’un officier dans les gardes, à son ami en Angleterre, contenant quelques remarques sur la France et l’Italie, 1778. in-8o. et une édition des œuvres mêlées de son oncle, lord Lyttleton, 1775, in-8o. B-r. j.


AYSCUE. Voyez Ascough.


AYTA (van Zuichem Viglius de), jurisconsulte hollandais, né dans la Frise, en 1507, fit ses études à Deventer, à Leyde et à la Haye, et se rendit, en 1522, à l’université de Louvain, pour étudier les lettres grecques. Après y avoir passé quatre ans, il a continué ses études à Dole, où il commença une correspondance avec le célèbre Érasme. En 1529 Ayta s’établit à Avignon pour suivre les cours d’André Alciat. Il obtint ensuite les degrés du doctorat à Valence en Dauphiné, et suivi son maître à Bourges, où il avait été appelé. Il remplaça Alciat dans cette ville pendant deux ans, lorsque celui-ci fut retourné en Italie. Ayta visita ensuite les écoles de Fribourg, Bâle et Tubingen, passa en Italie, et arriva en 1532 à Padoue. Lié avec les savants les plus distingués de son temps, est très instruit lui-même dans la science qu’il avait étudié sous tant de maîtres fameux, Ayta ajouta encore à sa réputation, par les cours qu’il donna à Padoue, où il fut nommé professeur l’année même de son arrivée. La suite de sa vie n’est qu’une succession d’honneur et de dignité. Il commença par être officiant de l’évêque de Munster, passa ensuite à Spire, en qualité d’assesseur de la chambre impériale de justice ; de là, il a occupé, à l’université d’Ingolstadt, la chaire de droit. Charles Quint l’attira dans les Pays-Bas, et le chargea d’abord d’appuyer, par un écrit, ses prétentions sur le duché de Geldre et de Zutphen. En 1544, Ayta fut nommé membre du conseil intime de Malines. En cette qualité, il fut député à Spire, avec le cardinal de Granvelle et d’autres hommes d’État, pour conclure la paix avec le roi de Danemark, Christian III et les ducs de Sleswik-Holstein, Jean et Adolf. Après avoir terminé cette négociation à la satisfaction de l’empereur, Ayta reçu une autre mission pour les affaires de l’empire d’Allemagne. Philippe, chargé par son père du gouvernement des Pays-Bas, nomma Ayta, en 1556, coadjuteur de l’abbaye de Saint Bavon à Gand, puis membre du Road van Staaten. Il reçut aussi une mission pour la cour de France ; mais il n’en put atteindre le but, qui était la conclusion de la paix, et il retourna à Bruxelles. Philippe, irrité des entraves qu’il éprouvait dans ses démarches de la part des membres du conseil des Pays-Bas, tenta, vers ce temps, de réformer ce conseil, ou, du moins, de diminuer son autorité. Ayta prévit les troubles que l’esprit remuant de Philippe occasionnerait dans sa patrie, et demanda sa démission ; il ne l’obtint qu’après plusieurs sollicitations, en 1568. Les craintes d’Ayta ne furent que trop réalisées dans les années suivantes. Philippe exerça sur les Pays-Ras un despotisme dont il eut à se repentir dans la suite. Ayta osa faire des représentations au duc d’Albe, et lorsque celui-ci le menaça de le dénoncer comme un rebelle, Ayta répondit ; « J’espère que le roi écoutera plus que vous ; mais sachez que je ne crains rien pour ma tête, déjà couvertes de cheveux blancs. » Ce n’est pas seulement dans cette occasion qu’il défendit les intérêts de sa patrie. Les preuves qu’il avait données de son attachement à la cause de l’église romaine et du roi d’Espagne, dit l’historien Hooft, faisait qu’on écoutait patiemment lorsqu’il s’exprimait avec franchise et har-