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le plus souvent faire l’application. Tout aboutissait à des raisonnements généraux, qui n’ont servi qu’à décrier les philosophas, qui se sont bornés à discourir sur le bon, le partait, l’infini, sans entrer dans le détail des connaissances d’usage et de pratique. Ce fut pour remédier à ces défauts essentiels que St. Anselme composa un traité de grammaire, qui est un véritable traité de dialectique, où il s’attache à faire connaître la substance et la qualité, les deux objets généraux de toutes nos idées. Il réussit par là à décrasser la philosophie de son temps, et à lui donner quelque degré de perfection. » Dialogue sur la chute du diable, dans lequel il traite de la nature du mal et de son origine ; un dialogue sous ce titre : Pourquoi Dieu s’est fait homme ? Le but de cet opuscule est de démontrer que l’incarnation du Verbe était nécessaire au salut du genre humain, que l’homme a été créé pour jouir de l’immortalité, et qu’il ne peut parvenir à cette fin sans l’intervention de l’Homme-Dieu ; un traité sur la Conception de la Vierge et sur le Péché originel ; un dialogue sur la Vérité et la Justice, et un autre sur le Libre Arbitre ; un traité de la Concorde ou accord de la grâce de Dieu avec le libre arbitre. Anselme a aussi traité quelques points de la liturgie, comme du Pain azyme, des différentes Cérémonies usitées dans le sacrifice de la Messe, chez les chrétiens grecs et latins. Citons encore seize homélies ou sermons ; vingt et une méditations sur des sujets de piété ayant une grande conformité, soit pour le fond, soit pour la forme, avec celles de St. Augustin ; soixante-quatorze oraisons ou prières dont quelques-unes figurent dans la formule ordinaire de préparation à la messe. Des 41 chapitres des méditations attribuées à l’évêque d’Hippone, il y en a 14 qui ont été tirés pour la plus grande partie des prières de St. Anselme ; des hymnes en vers iambiques en l’honneur de la Vierge ; un poëme en vers héroïques à la louange de Lanfranc, son maître ; un Psautier ; plus de quatre cent vingt lettres, dont plusieurs sont d’un assez grand intérêt historique. Parmi ces lettres, il s’en trouve deux des rois de France Philippe Ier et Louis le Gros, écrites à St Anselme pour lui témoigner la part qu’ils prenaient à sa disgrâce, et lui offrir un asile dans leurs États. Les œuvres de St. Anselme furent imprimées pour la première fois à Nuremberg, 1491 et 1494, in-fol. Il en parut ensuite à Paris deux éditions, 1544 et 1549, dirigées, la première, par Ant. Democharès de Monchi, docteur en Sorbonne, et l’autre, par Simon Fontaine de Sens : celle-ci est très-incomplète. Il en fut donné une autre à Cologne en 1560, 1 vol. in-fol., divisé en 3 parties, dont la 1re est précédée de la vie de St. Anselme par Eadmer. Une édition supérieure aux précédentes fut donnée en 1630, 1 vol. in-fol. divisé en 4 parties, par Théophile Raynaud, qui y a cependant introduit plusieurs écrits qui ne sont pas de St. Anselme. Les écrits dogmatiques de l’archevêque de Cantorbéry furent ensuite réunis par D. Jean Saenz d’Aguirre, et publiés avec des commentaires sous ce titre : Sancti Anselmi Theologia, etc., 3 vol. in-fol., Salamanque, 1679, 1681 et 168S. Une nouvelle édition plus correcte parut à Rome, en 1688, 1689 et 1690. On publia, en 1692, à Delft en Hollande, un petit vol. in-12 sous ce titre : S. Anselmus Cantuariensis arch. per se docens. C’est un recueil des maximes de St. Anselme, dû à D. Gabriel Gerberon. Enfin, la meilleure et la plus complète des éditions de St. Anselme est due au même Gabriel Gerberon, qui a revu le texte de son auteur sur les manuscrits de France et d’Angleterre, et l’a enrichi de savants commentaires, Paris, 1673, 1 gros vol. in-fol. Ce qui donne surtout du prix à cette édition, c’est qu’on y trouve plus de cent lettres nouvelles omises dans les précédentes publications. Elle a été réimprimée à Paris en 1721, et à Venise en 1744, 2 vol. in-fol. — La vie de St. Anselme a été écrite par son secrétaire Eadmer, moine de Cantorbéry, et par D. Gerberon. Baillet dans ses Vies des Saints a mis à contribution ces deux biographies. On trouvera aussi des détails sur sa vie dans Jean de Salisbury, dans Guill. de Malmesbury, de Gestis pontificum anglorum, dans l’Histoire d’Angleterre de Ljngard, dans l’Histoire littéraire des bénédictins de St-Maur. De nos jours, M. Ampère a donné une analyse assez détaillée du Monolugium et du Proslogium dans son Histoire littéraire de la France. Une traduction française du Monolugium, du Proslogium et de la controverse avec Gaunilon a paru à Paris chez Amyot, en 1842, 1 vol. in-8o, sous ce titre : le Rationalisme chrétien à la fin du 11e siècle, ou Monologium et Proslogium de St. Anselme, traduits par M. Bouchitté. L’ouvrage est précédé d’une introduction dans laquelle le mérite philosophique des travaux de St. Anselme est apprécié avec un talent remarquable. C. W-r.


ANSELME (Saint), évêque de Lucques, succéda, en 1061, dans cet évêché, au pape Alexandre II, son oncle, refusa d’abord de recevoir l’investiture de l’empereur Henri IV, s’y soumit enfin, puis en eut des scrupules, et se retira à Cluny, d’où il ne sortit, pour reprendre le gouvernement de son église, que sur un ordre exprès du pape Grégoire VII. Ayant voulu réduire ses chanoines à la vie commune, il éprouva de leur part une telle résistance, qu’il fut obligé de quitter sa ville épiscopale. Léon IX le fit son légat en Lombardie, et il mourut dans l’exercice de sa légation à Mantoue, le 18 mars 1086. On a de lui une apologie de Grégoire VII, et une réfutation des prétentions de l’antipape Guibert. On trouve ces deux écrits dans les Antiquæ Lectiones de Canisius, et dans la Bibliotheca Patrum. St. Anselme avait composé un troisième traité pour prouver que les princes temporels ne peuvent disposer des biens de l’Église. Le P. Roto, jésuite, a donné sa vie en italien. T-d.


ANSELME, religieux bénédictin à St-Remi de Reims. fut chargé par Hérimar, son abbé, de mettre par écrit tout ce qui s’était passé dans cette ville pendant le séjour que le pape Léon IX y fit en 1049. Hérimar, ayant achevé l’église qu’il avait fait construire en l’honneur de St. Remi, envoya prier le pape de vouloir bien venir en faire la dédicace. Le pontife