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faveur du roi Éric, et donna, dans ce royaume, une base plus solide à la religion chrétienne. Il réussit également en Suède, auprès du roi Olof ou Olaüs, dans le Holstein et dans toutes les contrées voisines où régnait l’idolâtrie. De retour à Bréme, il y mourut d’une dyssenterie, le 5 février 864. Il fonda des hôpitaux ; il visitait lui-même les pauvres et les malades, rachetait les prisonniers, et remplissait avec la plus scrupuleuse exactitude tous les devoirs du culte. À sa mort, le pape Nicolas Ier le mit au nombre des saints. Il avait écrit plusieurs ouvrages ; mais il ne nous reste de lui que quelques lettres, et : Liber de vita et miraculis S. Wilohadi, imprimé avec la vie d’Anschaire, Cologne, 1642, in-8o, et plusieurs fois depuis. (Voy. sa vie, par Rimbert, dans les Scriptores Renan Danicarum. etc., n° 50, de Langebeck ; et la Cimbria litterata de J. Moller.) G-t.


ANSEAUME(.....), né à Paris, y mourut en juillet 1784 ; il rendit beaucoup de services au Théâtre-Italien, dont il était souffleur, et pour lequel il fit les compliments de clôture de 1763 a 1778. Il avait contribué à la naissance de l’opéra-Comique de la foire, dont il fut sous-directeur de 1753 à 1757, souffleur de 1758 a 1761, et où il donna le Peintre amoureux, opéra-comique joué le 25 juin 1757, et qui resta longtemps au théâtre. Dès 1755, il avait fait imprimer la Vengeance de Melpomène, prologue : il publia en 1766 son Théâtre, 3 vol. in-8o, qui contiennent : 1° le Monde renversé, opéra-comique de le Sage et Dorneval, qu’il mit tout en vaudevilles ; 2° le Chinois poli en France ; 3° les Amants trompés ; 4° Bertholde à la ville ; 5° le Peintre amoureux ; 6° la Fausse Aventurière, en société avec Marcouville ; 7° le Docteur Sangrodo, avec un anonyme ; 8° le Médecin de l’Amour ; 9° Cendrillon, 1759, imité du conte de Perrault ; 10° l’Ivrogne corrigé, avec un anonyme, tiré d’une fable de la Fontaine ; 11° le Soldat magicien, dont le plan est de Serriéres ; 12° l’Ile des Fous, avec un anonyme ; 13° Mazet, tiré du conte de la Fontaine ; 14° le Milicien ; 15° les deux Chasseurs et la Laitière ; 16° l’École de la Jeunesse, ou le Barneoeldt français. Pour former ces trois volumes, on s’est contenté de faire imprimer des frontispices, et de recueillir les exemplaires des éditions que l’auteur avait données de ces pièces dans leur nouveauté. On a encore d’Anseaume : les Épreuves de l’Amour, 1759 ; le Dépit généreux, avec M. Quétant, 1761, in-8o ; la Nouvelle Troupe, 1760 ; le Procès des Ariettes et des Vaudevilles, avec Favart, 1761 ; la Clochette, 1766 ; le Maître d’École, avec Marcouville ; la Ressource comique, ou la Pièce a deux acteurs, 1772 ; la Coquette de Village, 1771 ; le Rendez-vous bien employé, 1774 ; le Retour de tendresse, 1777, in-8o ; Zémire et Mélinde, 1773, in-8o, et le Tableau parlant, 1769, in-8o, farce divertissante, la meilleure de ce genre. Anseaume a aussi retouché le Poirier et la Veuve indécise, opéras-comiques de Vadé. Il avait été quelque temps doctrinaire, puis maître de pensions Paris. A. B-t.


ANSEGISE, archevêque de Sens, né au diocèse de Reims, dans le 9e siècle, fut d’abord abbé de St-Michel, et parvint en 871 au siége archiépiscopal de Sens. Charles le Chauve, qui ambitionnait la dignité d’empereur, envoya Ansegise en ambassade à Rome, pour s’assurer du suffrage du pape Jean VIII. Ce pontife éleva Ansegise a la primatie des Gaules et de la Germanie, dignité qui donna un nouvel éclat à l’église de Sens, et fit considérer son archevêque comme le second chef de la chrétienté ; mais quand il voulut se faire reconnaître primat dans le concile de Pontion, plusieurs prélats s’y opposèrent, entre autres Hincmar de Reims, qui avait publié un écrit contre cette nouvelle primatie. Le roi envoya encore à Rome Ansegise, qui, à son retour, en 878, assista au concile de Troyes, sacra et couronna, l’année suivante, dans l’abbaye de Ferrières en Gâtinais, Louis III et Carloman, fils de Louis le Bégue, et mourut en 883. K.


ANSEGISE, abbé de Fontenelles, de Luxeuil et de Flavigny, a été confondu par plusieurs auteurs avec le précédent[1]. Il fut célèbre dans le 9e siècle par le soin qu’il prit, le premier, de rassembler les capitulaires de Charlemagne et de Louis le Débonnaire, que l’on conservait séparément sur des feuilles de vélin. Il eut la simple et heureuse idée de les réunir en un seul corps, et d’en former un tout qui fut ensuite considéré comme le code du droit public français. « Tanquam publicum legum franciscarum codicem regia auctoritate et usu publico receptum, » dit Baluze (Præfat. Capital. reg. Francorum). Le même savant a donné un précis du plan et de l’ordre suivis par Ansegise dans sa collection. Il la divisa en 4 livres, selon la nature des matières ecclésiastiques ou civiles qui avaient fait l’objet des constitutions de nos rois. Benoit, diacre de l’église de Mayence, forma, quelques années après, un nouveau recueil en 3 livres, dans lequel il fit entrer plusieurs capitulaires omis par son devancier. Les premières éditions de ces lois ont été données par Vitus Amerbach, Ingoldstat, 1545 ; par Jean Dutillet, Paris, 1548, et par Pierre Pithou, Paris, 1588. Baluze a perfectionné le travail de ce dernier, et, en redressant quelques-unes de ses erreurs, a publié en 1677 une édition des Capitulaires, qui fut la plus estimée jusqu’au moment ou M. de Chiniac, profitant d’un exemplaire chargé d’additions écrites de la main même de Baluze, mit au jour cette superbe édition en 2 volumes in-fol., qui parut à Paris, en 1780, sous le titre de Capitalaria regum Francorum, additæ sunt Marculfi et alioruun formulæ veteres et notæ doctissimorum vivorum. Ansegise fut intendant des bâtiments de Charlemagne, et employé par ce prince et par Louis le Débonnaire dans différentes négociations qu’il conduisit avec succès. Les deux monarques récompensèrent ses talents et son zèle, en lui conférant des bénéfices et le gouvernement de plusieurs abbayes, au nombre desquelles il ne faut pas compter celle de Lobbes, ainsi que l’ont

  1. Senebler (Hist. Littéraire de Genève. t. 1er, p. 108) fait un seul personnage de trois Ansegise. M Séviran, dans son excellente Chronologie historique des contes genevois. t. 1er. p. 30, ne tombe pas dans la même confusion. Il distingue l’archevêque de Sans de l’évêque de Genève, et ne commet pas la faute d’attribuer à l’un ou à l’autre la collection des capitulaires.