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l’ère vulgaire. Dès sa jeunesse, il embrassa la religion chrétienne, et alla s’établir à Alexandrie, où il ouvrit une école, dans laquelle il eut pour but de concilier les dogmes de sa nouvelle religion avec ceux du fondateur de l’académie. Nous avons de ce philosophe deux ouvrages : l’un, un traité de la Résurrection des morts ; l’autre, une Apologie de la religion chrétienne, qu’il adressa aux empereurs Marc-Aurèle et Commode. Ces deux traités traduits du grec en latin avec des notes, le premier par Pierre Nannius, 1551, et le second par Conrad Gesner, 1557, ont été imprimés dans ces deux langues, et enrichis de nouveaux commentaires, par Henri Estienne, 1557, in-8o, et plusieurs fois depuis. L’édition la plus estimée est celle de Edw. Dechair, Oxford, 1706, in-8o. Lindner en a donné une plus récente encore, à Leipsick, 1774, in-8o. Ils se trouvent, en outre, à la suite des œuvres de St. Justin, publiées par les bénédictins, 1742, in-fol. Le traité de la Résurrection des morts a été traduit en italien par Girolamo Faleti, et publié par les Alde, à Venise, 1556, in-4o. Les deux traités ont été traduits en français par Arnaud du Ferrier, Bordeaux, 1577, in-8o. Il existe une traduction française de l’Apologie par Gui Gaussart, prieur de Ste-Foy, Paris, 1574 ; et une du traité de la Résurrection par L. Renier, Breslau, 1753, in-8o. On trouve une analyse de l’Apologie dans le 1er vol. de la Suite des anciens apologistes de la religion chrétienne par l’abbé de Gourcy, Paris, 1785, in-8o. Martin Fumée, sieur de Genillé, a publié, comme traduit d’Athénagoras, un roman, dont il est l’auteur, intitulé : du Vray et parfait amour, contenant les Amours honestes de Theogenes et de Charide, de Pherecides et de Melangenie, Paris, Sonnius, 1599 ; Guillemot, 1612, in-12. Tout insipide qu’est ce roman, Fumée a trouvé le moyen de le faire rechercher des adeptes, par diverses allusions, et, surtout, par un passage curieux, où, sous le voile de l’allégorie, il peint la confection du grand œuvre. Ce passage, devenu célèbre chez les enfants de l’art, se trouve à la p. 345, verso, de l’édition de 1612, moins rare que la première, ainsi que dans l’Harmonie mystique de David Laigneau, Paris, 1636, in-8o. D. L.


ATHÉNAÏS, impératrice d’orient, sous le nom d’Elia Eudoxie, était fille d’un sophiste d’Athènes nommé Léonce, qui l’éleva dans la religion païenne, mais qui ne négligea rien pour orner son esprit, et pour ajouter l’attrait des talents aux charmes que la nature lui avait prodigués. Les belles-lettres et les sciences lui devinrent également familières. Léonce crut avoir tout fait pour elle, et, la trouvant assez dotée par tant de qualités séduisantes, il la déshérita, et laissa toute sa modique fortune aux deux frères d’Athénaïs. Celle-ci vint à Constantinople réclamer son héritage ; Pulchérie, sœur de Théodose II, gouvernait alors l’empire ; elle fut touchée des grâces et de la modestie de cette jeune fille, dont l’éloquence l’étonna et la captiva ; Paulin, ami et confident de Théodose, se réunit à Pulchérie pour vanter au jeune empereur la rare beauté et les qualités séduisantes d’Athénaïs ; Théodose voulut la voir, en devint épris, la jugea digne du trône, et, de concert avec Pulchérie, il lui fit abjurer les erreurs du paganisme, et l’épousa en 421 ; elle prit à ce moment le nom d’Eudoxie. Son premier soin fut de rassurer ses frères, qui redoutaient son ressentiment : elle les combla d’honneurs et de bienfaits, et le seul usage qu’elle fit de son pouvoir fut d’écarter de la cour l’eunuque Antiochus, favori ambitieux et détesté, qui balançait le crédit de Pulchérie près de Théodose, dont il avait été gouverneur. Athénaïs continua de cultiver les lettres et d’encourager les savants. La conformité de ces goûts heureux lui faisait rechercher la société de Paulin, qui d’ailleurs avait contribué a son élévation. Cette liaison, malgré sa pureté, alluma la plus sombre jalousie dans le cœur du jeune empereur. Il oublia les vertus d’Eudoxie et l’amour qu’il avait eu pour elle ; Paulin lui devint odieux au point qu’il lui fit ôter la vie, en 440. Eudoxie, accablée par ces soupçons flétrissants, demanda et obtint facilement la permission de se retirer à Jérusalem. Les lettres y furent sa consolation ; mais la jalousie de Théodose l’y poursuivit encore. Il sut qu’elle voyait fréquemment le prêtre Sévère et le diacre Jean ; le comte Saturnin fut envoyé aussitôt pour les faire mourir : il exécuta sans examen cet ordre barbare. Eudoxie, exaspérée par cette cruelle persécution, ternit une vie intacte jusque-là, en faisant tuer Saturnin. L’empereur la priva de toute sa maison. Eudoxie vécut encore vingt ans, expiant par ses larmes, par son repentir, par sa piété, le crime que l’honneur outragé lui avait fait commettre ; elle bâtit des églises et des monastères, releva les murs de Jérusalem qui tombaient en ruines. Quelques historiens rapportent qu’elle embrassa les erreurs d’Eutyches, mais que St. Siméon Stylite, par ses exhortations touchantes, la ramena à la foi de l’Église. Elle mourut vers l’an 460, en protestant de son innocence et de l’injustice des soupçons élèves contre elle. Athénaïs, ou Eudoxie, avait composé plusieurs ouvrages, entre autres un poëme sur la victoire remportée par les Romains sur les Perses, en 421, une traduction en vers de Moise, des livres de Josué, des Juges et de Ruth. On lui attribue aussi, mais avec peu de certitude, une vie de Jésus-Christ, composée avec des vers pris dans Homère ; idée bizarre, qui, tout en prouvant l’instruction d’Eudoxie, montre assez les rapides progrès que le mauvais goût faisait alors dans la littérature. Cet ouvrage, nommé le centon d’Homère, est compris dans la Bibliotheca Patrum. Il a été imprimé sous ce titre : Homerici centones, Virgiliani centones, Nonni paraphrasis evangelii Joannis, gr.-lat. ; H. Stephanus, 1578, in-16. Photius attribue encore à cette princesse un poëme en 3 livres sur le martyre de St. Cyprien, ouvrage dont il vante le mérite, tout en convenant que la fidélité historique n’a pas permis a Eudoxie d’y mettre beaucoup de poésie. L—S-E.


ATHENAS (PIERRE-LOUIS), archéologue et naturaliste, né à Paris, le 5 février 1752, eut pour père un épicier droguiste de la rue Mouffetard, dont un autre fils était encore naguère pharmacien au même