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ATH

ATHANASE (Pierre), Rhetor ou le Rhéteur, était né dans l’île de Chypre, à la fin du 16e siècle. Le titre de rhéteur, qu’il prend à la tête de ses ouvrages, fait voir qu’il avait dirigé quelque temps une école de grammaire ou de littérature. Attaché ensuite, comme simple prêtre, à l’une des églises de Constantinople, il vint en France, au plus tard en 1658, puisque son Anti-Campanella fut revêtu, le 20 février de cette année, de l’approbation de la Sorbonne. Trois ou quatre ans après, il retourna dans l’Orient, chargé par la régente de travailler à l’extinction du schisme. Le zèle qu’il montra dans cette affaire lui valut des témoignages de bienveillance de la cour de Rome. Il était, en 1652, à Constantinople, et il assistait, le 29 juin, au sermon dans lequel Patellaros, rétabli depuis peu sur le siége patriarcal, attaqua la primauté du pape[1]. Athanase, sans perdre de temps, réfuta les arguments du patriarche par un écrit dont le succès fut d’autant plus grand, que la nouvelle exclusion de Patellaros de son siége était regardée par le peuple comme un châtiment du ciel. Dans les premiers jours de l’année 1655, il écrivit aux patriarches d’Alexandrie et de Jérusalem pour les inviter à se réunir à l’Église romaine, et il en reçut des réponses favorables. Athanase était de retour à Paris à la fin de 1654. La manière dont il s’était acquitté de sa mission semblait devoir lui mériter la faveur de la cour, ou du moins une pension qui put le faire subsister avec décence. Mais les anciens protecteurs étaient morts ou sans crédit, et il se trouva réduit à la misère. Baluze, qui l’avait connu, fait un triste tableau de sa position. C’est, d’ailleurs, ajoute-t-il, un homme plein de jugement, très-instruit dans les lettres et dans la philosophie, et d’une conduite irréprochable. Le savant Pierre de Marca, archevêque de Toulouse, nommé à l’archevêché de Paris, et qui mourut le jour même où ses bulles arrivèrent (voy. {Marcas), juste appréciateur du mérite d’Athanase, le recevait tous les jours à sa table, où il lui donnait la première place, au grand scandale de gens qui se jugeaient très-supérieurs à un pauvre rhéteur grec, parce qu’ils étaient mieux vêtus. (Voy. B. Lupi Opera, éd. de Baluze, p. 445.) Athanase ne vivait plus en 1671 ; mais on n’a pu découvrir la date ni le lieu de sa mort[2]. Les ouvrages que l’on connaît de lui sont : 1o Opuscula philosophica quatuor, gr.-lat., Paris, 1659, in-4o. Les trois premiers sont de petits traités de logique et de dialectique. Le quatrième est un extrait de Jamblique, qu’on trouve aussi séparément sous le titre suivant : 2o P. A. Delitiæ animæ, sive hortus ex iis quæ Jamblicho magno elaborata sunt consitus, Paris, 1659, in-4o. Cet ouvrage est recherché. 3o Aristoteles propriam de anima immortalitate mentent explicans ; opus ex multis ac variis philosophis collectum Aristoletis ipsius auditoribus. etc., ib., 1641, in-4o, rare. Cet ouvrage est divisé en 5 livres. Dans la dédicace du second, adressée à Achille de Harlay, évêque de St-Malo, l’auteur annonce qu’il vient de terminer un commentaire sur le Philèbe de Platon, et qu’il ne tardera pas à le mettre au jour. Il ne paraît pas cependant qu’il l’ait publié. 4o Anti-Patellaros. — Epistola de unione ecclesiarum, ad Alexandrinum et Hierosolymitanum patriarchas — Anti-Campanella in compendium redactus, Paris, 1655, in-4o. Les deux premiers opuscules sont en grec et en latin. Le troisième, en latin seulement, est une réfutation du traité de Campanella : de Sensu rerum et Magia, etc. (Voy. Campanella.) L’approbation donnée par la Sorbonne à cet opuscule d’Athanase étant de 1658, il est possible qu’il en existe une première édition avec cette date. Baillet ne parle point d’Athanase dans la Bibtioth. des Anti. Lenglet Dufresnoy n’a point connu la réfutation de Campauella. 5o Une Rhétorique grecque par demandes et par réponses. Elle est citée dans la Bibtioth. Coisliniana du R. Montfaucon, in-fol., p. 599. W-s.


ATHANASIO (Don Pedro), peintre, né à Grenade, en 1638, fut élève du célèbre Alexis Cano. Palomino Velasco lui fait plusieurs reproches très-graves, tels que ceux de froideur, d’incorrection et de défaut d’invention, mais il lui accorde le mérite très-éminent d’avoir été le plus grand coloriste de son temps. Il dut cet avantage à l’étude des tableaux de Pierre de Moya, qui avait été l’élève de van Dyck, et de ceux de van Dyck lui-même. La plupart des ouvrages d’Athanasio se voient dans les églises de sa ville natale. On estime surtout une Conception de la Vierge, dans le cloître de Notre-Dame-des-Grâces, et une Conversion de St. Paul. Athanasio mourut à Grenade, en 1688, à l’âge de 50 ans. D-T.


ATHÉAS, ou ATÉAS, roi de plusieurs peuplades scythes, étant en guerre avec les Istriens, demanda des secours à Philippe roi de Macédoine, en lui promettant de l’adopter pour son successeur. Philippe lui envoya des troupes, mais Athéas, qui n’en avait plus besoin, les renvoya, en disant qu’il n’avait point demandé de secours, et qu’il n’avait rien promis ; il refusa même de payer les dépenses dans lesquelles Philippe s’était engagé. Ce dernier, justement irrité, leva le siége de Byzance, marcha contre les Scythes, les défit, et emporta un butin considérable. Athéas, quoique âgé de quatre-vingt-dix ans, se mit lui-même à la tête de ses troupes, et fut tué dans le combat. C’est ce même roi qui, ayant fait prisonnier Iménias, célèbre joueur de flûte, le fit jouer devant lui, et, lorsqu’il l’eut entendu, dit qu’il aimait beaucoup mieux le hennissement de son cheval. C-R.


ATHELARDS. Voyez Adelards.


ATHELSTAN. Voyez Adelstan.


ATHÉNAGORAS, philosophe platonicien, ou plutôt éclectique, naquit à Athènes, au 2e siècle de

  1. Le P. Lequien, dans son Oriens Christanus, t. 1, p. 359, place le sermon du patriarche Patellaros à l’année 1651 ; mais Athanase le met à 1652, et il semble qu’un témoin oculaire doive plus mériter de confiance.
  2. Freytag, qui, dans ses Analecta litteraria, cite les ouvrages d’Athanase au mot Rhetor, comme si c’était son nom de famille, dit qu’il mourut à Paris, en 1663, à l’âge de 92 ans, et renvoie aux Scriptores ordinis prædicatorum. Mis comme il n’indique ni le volume, ni la page, cette recherche devient d’autant plus difficile, que le nom d’Athanase ne peut pas se trouver dans les tables.