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nola, des protecteurs qui l’encouragèrent à cultiver son goût pour les lettres. Ses romans, oubliés aujourd’hui, obtinrent dans le temps une grande vogue. Non-seulement les éditions se succédèrent plus rapidement que celles des meilleurs ouvrages, mais il s’en fit des contrefaçons dont Assarino se plaint, moins pour le tort qu’il en recevait, que parce qu’elles étaient remplies de fautes d’impression. Il parait qu’il avait surtout à se plaindre des Giunti, descendants et successeurs bien indignes des Giunti de Florence. Dans la préface des Giuochi di Fortuna, il les prévient que, dans le cas où la fantaisie leur viendrait de contrefaire aussi ce nouvel ouvrage, il se chargera avec plaisir de revoir et de corriger leurs épreuves. Assarino était alors à la cour de Savoie, qui l’avait nommé chevalier des ordres de St-Maurice et de St-Lazare. Il mourut à Turin, en 1672. On trouve une liste assez étendue de ses ouvrages dans l’Athenœum Liguricum du P. Oldoini, p. 402, et dans les Suppléments d’Adelung. Les plus connus sont : 1° Stratonica macerata, 1636, in-12 ; avec des additions et corrections, Venise, 1638, 1642, 1652 ; Gènes, 1647. Ce roman a été traduit en français par Malleville, qui fit présent de son travail à d’Audiguier. 2° L’Almeriada, Bologne, 1640 ; traduit en français par Malleville, Paris, 1646, in-8o ; et en allemand par Paul Bozius, depuis pasteur à Dresde, Leipsick, 1715. 3° Nueva Scella di lettere, Venise, 1639, 1653, in-12. 4° Ragguagli del regno d’amore cipro, ibid., 1641, 1642, in-12. 5° Notomia della retorica, ibid., 1641, in-8o. 6° Zampini d’Hippocrene, componimenti varii, Gènes, 1642, in-16. 7° Demetrio moscovita, istoria tragica, Bologne, 1643, in-12 ; traduit ou imité en français, Paris, 1715, in-12 ; une analyse de ce dernier ouvrage fait partie de la Bibliothèque des romans, juillet 1782. 8° Rivoluzioni di Catalogna, Gènes, 1644, in-4o ; et avec la continuation, ibid., 1647, in-4o. 9° Giuochi di Fortuna, successi d’Astiage e di Mandane, Venise, 1656 ; 3e édition, 1661 ; ibid., 1681, 2 vol. in-12. 10° Le Sere dell’ozio e della veglia intorno al fuoca, dialoghi morali, Turin, 1663, in-12. 11° Delle Guerre e succesri d’Italia dell’ anno 1413 al 1630, ibid., 1665, in-fol. W-s.


ASSAROTTI (Octave-Jean-Baptiste), fondateur de l’institution des sourds-muets à Gênes, était ne dans cette ville, le 25 octobre 1753. À dix-huit ans il embrasse la règle des piaristes, religieux qui se dévouent en Italie, comme les frères de la doctrine chrétienne en France, à l’éducation de la classe pauvre. Après avoir professé la théologie, dans sa congrégation, et rempli divers emplois qui lui furent confiés par ses supérieurs, il put enfin se consacrer à l’enseignement. Assarotti se fit chérir de ses élèves par sa douceur et par les soins qu’il prit pour leur rendre moins pénible l’étude si sèche et si rebutante des éléments de la grammaire. Occupé des moyens d’améliorer le sort des enfants, il ne put voir sans un vif intérêt celui des sourds muets ; et, encouragé par l’exemple du bon abbé de l’Épée, il osa concevoir le projet de doter son pays d’une institution dans laquelle ces infortunés développeraient leur intelligence et se livreraient à l’exercice des arts et métiers. Son zèle surmonta les obstacles qui rendent toujours le bien si difficile, et, en 1802, avec l’autorisation du gouvernement génois, il ouvrit une école où, par ses soins, cinq ou six sourds muets apprirent en fort peu de temps à lire et à écrire. Ce premier succès fit la réputation d’Assarotti. Dans son voyage à Gènes, en 1805, Napoléon visita cet établissement, et assigna un local avec la dotation annuelle de 6,000 fr. pour l’entretien de douze pensionnaires[1]. Les élèves y reçoivent en commun l’instruction morale et religieuse ; mais, pour les autres parties de l’enseignement, ils sont distribués en deux classes, d’après les dispositions qu’ils annoncent pour les sciences ou pour les professions manuelles. Des exercices auxquels les parents seuls sont invités[2] servent moins à faire briller les élèves qu’a constater leurs progrès et à déterminer les directions qu’il convient de leur donner. Après avoir consacré sa vie et sa fortune particulière à l’instruction des sourds-muets, Assarotti leur a légué tout ce qu’il possédait. Gènes perdit ces homme vertueux le 29 janvier 1829. Le P. Ricci prononça son oraison funèbre. Assarotti a rédigé lui-même et imprimé tous les ouvrages nécessaires à ses élèves. Les Italiens parlent avec éloge surtout de sa grammaire. (Voy. la notice de M. G.... dans le Mercure de France et dans la Revue encyclopédique, t. 43, p. 533.) W-s.


ASSAS (Nicolas, chevalier d’), capitaine au service de France, dans le régiment d’Auvergne, naquit au Vigan, et périt victime d’un dévouement patriotique digne des Romains, dans la nuit du 15 au 16 octobre 1760, à Clostercamp, près de Gueldre, où il commandait une grand’garde. Étant allé au point du jour reconnaître les postes, il tomba sur une colonne ennemie, qui s’avançait en silence pour surprendre l’armée française. Aussitôt, des grenadiers le saisissent et le menacent de l’égorger s’il dit un seul mot. Il y allait du salut de l’armée française, qui n’était point préparée a cette attaque. D’Assas se recueille un moment pour enfler sa voix, et il crie : « À moi, Auvergne, voila les ennemis. » Aussitôt il tomba percé de coups. Ce trait héroïque, longtemps oublié, a été rapporté par Voltaire avec tous les éloges dont il est digne. D’Assas était célibataire ; on créa pour sa famille une pension de 1,000 liv., reversible a perpétuité aux aînés de son nom. Supprimée pendant la révolution, cette pension a été rétablie sous l’empire, à la demande de M. Imbert de St-Paul, alors sous-préfet du Vigan. V. S-L.


ASSCHERADE (Charles-Gustave Shutlz d’), ministre de Suède à Berlin, a écrit en latin une partie des événements du -18e siècle. Il débute par

  1. En quittant Gènes, les ministres de l’empereur oublièrent l’école du P. Assarotti. Mais, en 1810, M. de Grégory, l’un de nos collaborateurs alors député du département de la Sésia, s’étant charge d’appuyer les réclamations du Sicard génois, un décret impérial, en continuant la dotation, ordonna que l’arriéré serait intégralement payé. Cette dotation a été portée, en 1817, par le roi de Sardaigne, a 9.000 fr. pour dix-huit pensionnaires, onze garçons et sept filles.
  2. Les étrangers y sont quelquefois admis.