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sait que la châtellenie d’Aspect dépendait du comté de Comminges. L’auteur qui porte ce nom est connu pm une Histoire de l’ordre royal et militaire de St-Louis, Paris, 1780, 3 vol. in-8o. Ces trois volumes ne contiennent que l’histoire de l’ordre sous Louis XIV. Les deux premiers sont consacrés à l’armée de terre ; le troisième à la marine. On y trouve quelques renseignements curieux tirés du dépôt de la guerre. L’auteur se qualifiait historiographe de Perdre de St-Louis, et cependant cet office avait été supprimé en janvier 1779. Celui qui l’occupait au moment de la réforme était Gautier de Sibert, de l’académie des inscriptions. D’Aspect avait promis de continuer son ouvrage jusqu’au règne de Louis XVI ; mais cette suite n’a pas vu le jour. L-m-x.


ASPER (Jean), peintre, né à Zurich en 1499, y mourut en 1571. Il imita son célèbre contemporain, J. Holbein, et parvint quelquefois à l’égaler dans ses portraits, qu’on recherche. Les gravures de l’Helvetia sancta de Henri Murer (Lucerne, 1648, in-fol.), ont été faites sur ses dessins. Les habitants de Zurich firent frapper une médaille en son honneur ; ce qui ne l’empêcha pas de mourir dans l’indigence. — Deux de ses fils ont suivi la même carrière, et leurs tableaux ont été souvent pris pour ceux de leur père. U-i.


ASPER (Constant-Ghilain-Charles van Hoonbrouck, baron d’)[1], naquit en 1751 à Gand. Son père, Emmanuel van Hoobrouck, jouissait d’une fortune considérable, mais sa famille était nombreuse ; il avait dix-sept enfants. D’Asper fit ses études au collége des jésuites anglais, à Bruges ; toutefois il ne les poussa pas fort loin : le grec et le latin avaient peu d’attrait pour lui ; toutes ses pensées se dirigèrent de bonne heure vers la carrière des armes. En 1770, il obtint un drapeau dans le régiment du prince de Ligne, et parvint successivement au grade de capitaine, qu’il aurait eu deux ans plus tôt sans une circonstance digne d’être rapportée, parce qu’elle fit éclater la générosité de son caractère. Un grand seigneur, du reste homme de mérite, mais le plus jeune officier du régiment, le comte de Mérode, depuis sénateur de l’empire, fut pourvu d’une compagnie vacante. Grande rumeur parmi les lieutenants ; ils s’assemblent et prennent la résolution d’appeler, l’un après l’autre, le nouveau capitaine en duel. D’Asper, le plus ancien d’entre eux, leur dit : « Messieurs, est-il un seul de vous qui, sur son honneur, osât déclarer que dans le cas où une semblable promotion lui eût été offerte, il l’aurait refusée ? Vous restez tous muets ; vous voyez bien, ajouta-t-il, que votre décision est injuste ; si vous y persistez, c’est moi qui me chargerai de vous répondre. On sent assez que cette affaire n’eut point de suite. La révolution belge fournit à Asper, en 1789, l’occasion de se signaler. Partisan du système de Joseph II, enthousiaste par caractère et doué de cet esprit chevaleresque si propre à remuer les masses, il se jeta dans le Limbourg, et, par la persuasion plus encore que par la force, il étouffa les symptômes de révolte qui s’y étaient manifestés. À la tête d’un corps de volontaires, il défit complétement 3,000 patriotes, et ce premier exploit lui valut le brevet de major. Son activité le multipliait en quelque sorte ; il se trouvait partout, et l’ennemi ne pouvait parvenir à se faire jour sur aucun point. Il seconda puissamment de cette manière les opérations de l’armée autrichienne du Luxembourg, et contribua beaucoup au rétablissement du prince-évêque de Liége (Hoousbrouck) dans ses États. Il vint ensuite recevoir, des mains du maréchal Bender, la croix de Marie-Thérèse ; et les habitants du Limbourg lui firent présent d’une épée qui portait cette légende : Provincia Limburgis suo liberatori. Son nom, des lors célèbre, devait bientôt l’être davantage par les services qu’il allait rendre à l’Autriche dans le cours des guerres de la révolution. Une organisation nouvelle et plus régulière avait été donnée, avec le nom de Laudon, à ses chasseurs ; il en resta le chef, et le grade de lieutenant-colonel lui fut conféré. Il se mesura des le commencement de la campagne de 1792 avec les avant-gardes de l’armée française, et presque toujours son audace fut couronnée de succès. Cependant, chargé par le duc de Saxe-Teschen de sommer la ville de Lille, il y courut risque de la vie, tant l’effervescence du peuple était grande. Le 1er mars 1793, il prit une part active à la bataille d’Altenhoven (voy. Lanoue), puis a celle de Nerwinde. Le 12 mai il conduisit une colonne contre le bois d’Hasnou, et s’empara d’une forte redoute. Clairfait lui donna publiquement ce jour-là le surnom de brave entre les braves. Colonel en 1794, d’Asper assura par sa bonne contenance la retraite de l’armée. Bravant une grêle de balles, il ne quitta le pont sur la Lys, près de Deinse, et ne le fit rompre qu’après avoir acquis la certitude qu’aucun Autrichien n’était resté au delà de la rivière. Il fit partie, en 1796, de l’armée du comte de Latour. Un corps de cette armée défendit le Pas-du-Diable (Teufels-Pass), dans la Foret-Noire, contre des forces supérieures, et d’Asper fut blessé grièvement d’un coup de feu, à la fin de cette campagne, au combat de Neustadt ; il reçut à cette occasion une lettre très-flatteuse de l’archiduc Charles qui lui envoya son chirurgien. Nommé général-major en 1798, il commandait les chasseurs francs, qui furent souvent cités pendant les campagnes de 1798, 1799 et 1800 en Italie, mais surtout dans les combats de Vérone, Legnago, et au passage de l’Adda. Lorsque Suwarow envoya un corps de troupes contre l’armée de Naples que ramenait Macdonald, le général d’Asper se porta sur Modène avec quelques centaines de hussards ; il établit ses postes le long du Tanaro et du Tidone, où il résista longtemps à l’attaque de l’ennemi ; mais craignant d’être tourné, il se replia sur le principal corps d’armée. C’est alors qu’eurent lieu les combats sanglants de la Trebia, auxquels il prit une part très-honorable. Il se trouvait à Bologne lorsque le peuple, excité par quelques hommes violents, se précipita vers la citadelle pour y massacrer sept cents prisonniers français. La voix des magistrats était méconnue ; le crime allait se consommer… D’Asper se rend sur les lieux

  1. Ce nom, qui se prononce d’Aspre, doit s’écrire d’Asper.