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laquelle il a rendu d’éminents services. Possesseur d’une fortune considérable, il la consacra tout entière aux progrès des lettres, parcourut la France, l’Allemagne, l’Italie et la Grèce, rassemblant partout des manuscrits grecs ; et, à son retour en Angleterre, il fit le plus noble usage des trésors littéraires qu’il avait acquis, en les mettant à la disposition de tous ceux qui pouvaient en apprécier la valeur. Un Épirote nommé Jean Carabellas était chargé du soin de sa riche bibliothèque, dans laquelle on remarquait surtout une collection, peut-être unique en son genre, de toutes les éditions bonnes ou mauvaises qui ont été faites des divers écrivains de la Grèce, ou du moins de celles qu’il avait pu se procurer. On ne connaît aucun ouvrage d’Askew. Le catalogue de sa précieuse bibliothèque a paru sous le titre de : Bibliotheca Askewiana, seu Catalogue librorum rarissimorum Antonii Askew, Londres, 1775, in-8o. J-d-n.


ASMAI (Abdelmelek-Ben-Coraïb), grammairien arabe, naquit à Bassora, l’an 122 de l’hégire (739 de J.-C.), et alla habiter Bagdad, où il obtint la faveur du célèbre Aaron Al-Réchyd. Outre un grand nombre d’ouvrages précieux sur la grammaire, l’éloquence, l’ancienne poésie des Arabes et le droit, Asmai a composé plusieurs traités sur les chevaux et les bêtes de somme. Il mourut l’an 215 de l’hégire. Ibn-Khalekan a conservé dans sa biographie la nomenclature de ses écrits. J-n.


ASMONÉE, ou ASSAMONÉE, de la tribu de Levi, n’est personnellement connu dans l’histoire que pour avoir donné son nom à l’illustre famille des Asmonéens ou Macchabées. Les Asmonéens réunirent sur leur tête la dignité de grand sacrificateur et la souveraineté de la nation : ils s’attirèrent l’amour des Juifs, qu’ils délivrèrent du joug des Macédoniens et qu’ils firent triompher de leurs autres ennemis. Ils se rendirent formidables aux étrangers par leurs victoires, et sont devenus célèbres dans tout l’univers, par une suite d’actions éclatantes, telles que l’histoire d’aucun peuple n’en offre pas de semblables. La famille des Asmonéens dura cent vingt-six ans, depuis Simon, fils d’Asmonée, qui fut le premier de ces héros, jusqu’à Antigone, le dernier qui porta le sceptre, qu’Hérode sacrifia à son ambition, et à Aristobule, souverain sacrificateur, que le même Hérode fit étouffer dans un bain à Jéricho, lorsqu’il n’avait encore que dix-huit ans. C’est par ce double crime que le sceptre des Juifs passa entre les mains de l’assassin de leur chefs. T-d.


ASNIER (L’). Voyez Lasnier.


ASP (Matthieu), archidiacre de la cathédrale d’Upsal, né en 1696, fit des voyages en Allemagne, en Angleterre et en France. Comme les langues savantes étaient l’objet auquel il s’appliquait principalement, il se lia à Paris avec Fourmont, Longuerue, Montfaucon et madame Dacier. Se trouvant à Altdorf, en 1717, pendant la fête séculaire de l’université, il soutint, pendant neuf heures consécutives, des thèses sur Luther, contre des théologiens catholiques, et fut créé, à la suite de ce combat académique, maître ès-arts de la faculté de théologie. Retourne en Suède, il professa successivement à Upsal l’éloquence, les langues anciennes et la théologie. Il portait souvent la parole au nom de l’université, dans les circonstances solennelles, et il prononça même des discours en langue grecque. Il mourut en 1763. L’archevéque d’Upsal fit lui-même l’oraison funèbre du savant Asp. On a de lui plusieurs dissertations en latin sur la littérature ancienne, et deux oraisons funèbres en suédois, l’une du docteur Olaüs Celsius, l’autre de l’archevêque Henri Benzélius. Le docteur Asp laissa un fils qui fut anobli, et qui mourut en 1808, après avoir été ministre de Suède prés de plusieurs cours. En revenant d’une mission à Constantinople, il fit un voyage dans les îles de l’Archipel, et recueillit plusieurs observations intéressantes, qui furent imprimés en suédois peu avant sa mort. Il publia aussi quelques ouvrages sur les finances de la Suède. C-au.


ASPAR, patrice et général des armées romaines, pendant le règne de Théodose II et de ses successeurs, fit ses premières armes sous la conduite de son père Ardaburius, et partagea bientôt avec lui les honneurs du commandement ; le père et le fils furent chargés, en 425, de passer en Italie, pour défendre Valentinien III et sa mère Placidie, contre le rebelle Jean ; Aspar devait les conduire par terre en Italie, tandis qu’Ardaburius attaquerait Ravenne par mer. Aspar surprit d’abord Aquilée, mais il eut la douleur d’apprendre que la tempête avait conduit le vaisseau monté par son père dans le port ennemi, où ce général se trouvait prisonnier. Cependant un avis secret que reçut Aspar le détermina à marcher vers Ravenne en toute hâte ; un berger lui indiqua une route inconnue, qui le conduisit au pied des murs ; Ardaburius avait séduit les troupes de Jean, et lorsqu’Aspar arriva pour attaquer Ravenne, il trouva les portes sans défense, et fut bientôt maître de la ville et de la personne du tyran, qui fut conduit à Aquilée, et mis à mort par ordre de Placidie. Trois jours après, Aétius, qui avait embrassé le parti de Jean, parut avec une armée de 60,000 Huns. Aspar lui livra une bataille sanglante, dont le succès fut incertain, mais qui fut suivie de la soumission d’Aétius. En 431, Aspar passa en Afrique, pour secourir le comte Boniface contre Genseric, roi des Vandales ; les Romains furent taillés en pièces, et Aspar s’enfuit à Constantinople. Il conserva son crédit et sa puissance sous le règne de Marcien, et fut soupçonné d’avoir hâte, par le poison, la mort de ce prince vertueux. Ce qui est plus certain, c’est qu’il profita de cet événement pour disposer du sceptre, dont il n’osait s’emparer ouvertement, parce qu’il était arien. Il plaça sur le trône Léon, simple tribun, et sa créature, auquel il fit promettre de nommer César un de ses fils. Mais bientôt le nouvel empereur oublia cette promesse ; Aspar en exigea l’accomplissement, avec une hauteur qui ne parut point effrayer Léon. Dans l’horrible incendie qui dévasta Constantinople en 463, Aspar montra un courage et une activité dont l’histoire a fait une mention honorable. Cependant, mécontent de l’empereur, qui s’était affranchi de sa tyrannie, il forma, de concert