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ral en 1704, avec Perdre d’aller commander en Espagne, sous le maréchal de Berwick. Il contribua, en 1707, au gain de la bataille d’Almanza ; fut chargé, avec vingt bataillons et trente-six escadrons, de réduire le royaume de Valence, et s’empara de Xativa, de Tortose et d’Alicante. La paix d’Utrecht le ramena en France en 1715. Cette paix ne terminait pas la guerre d’Allemagne, et le chevalier d’Asfeld reçut du maréchal de Villars l’ordre d’aller investir Landau ; la même année, il se trouva à la prise de Fribourg en Brisgaw, dont il eut le commandement. Envoyé de nouveau en Espagne, il aida, en 1714, le maréchal de Berwick à prendre Barcelone, et Philippe V n’eut plus de sujets rebelles que dans l’île de Majorque, qui fut aussi soumise l’année suivante par d’Asfeld. Le titre de marquis, l’ordre de la Toison d’or le droit d’ajouter à ses armoiries celles de Valence, furent la récompense de ses services. À son retour, en 1715, il fut nommé membre du conseil de guerre et directeur général des fortifications. La guerre ayant été déclarée a l’Espagne en 1719, le marquis d’Asfeld refusa de commander une armée destinée à marcher contre son bienfaiteur ; le régent ne l’en estima que davantage, et l’envoya remplacer en Guienne le maréchal de Berwick. Enfin, en 1734, le marquis d’Asfeld, le compagnon d’armes de Bervick ; fut appelé à lui succéder dans le commandement de l’armée, après que ce général eut été emporté d’un coup de canon. Deux jours après son arrivée, le marquis d’Asfeld fut fait maréchal de France ; il joignit a la gloire de remplacer Berwick, et de faire tête au prince Eugène, celle de prendre Philisbourg, qui résistait depuis quarante jours de tranchée ouverte. Le commandement de Strasbourg, qu’avait eu le maréchal de Bertvick, fut confié au maréchal d’Alfeld ; il termina sa glorieuse et longue carrière le 7 mars 1745, a l’âge de 78 ans. Digne successeur de Vauban, l’attaque et la défense des places fondèrent sa réputation. Ses vertus et sa piété le firent respecter et chérir chez l’étranger comme dans sa patrie. — L’abbé d’Asfeld de la Vieuville, son frère, défendit avec chaleur le jansénisme, ce qui lui attira une lettre de cachet. Il composa quelques écrits qui n’ont pas survécu aux circonstances qui les ont fait naître, et donna un supplément à l’Explication de plusieurs Psaumes, par Duguet. Il est mort en 1715. S-y.


ASGILL (Jean), avocat anglais, né vers le milieu du 17e siècle, se fit connaître de bonne heure par des productions très-originales, où l’on trouve un mélange singulier de gravité et de plaisanterie. Il publia, vers 1698, un pamphlet sur la création d’une espère de monnaie autre que l’or et l’argent, et un Essai sur un registre pour les titres de terres. Ces deux ouvrages furent généralement goûtés. En 1669, il passa en Irlande, où ses talents au barreau lui acquirent beaucoup de réputation et de fortune, et le firent élire membre du parlement d’Irlande. Il avait publié, quelque temps auparavant, un traité, en anglais, sur la possibilité d’éviter la mort, sous un titre singulier, dont voici la traduction : Argument qui prouve que, conformément à la conviction de la vie éternelle, révélée dans l’Écriture, l’homme peut y être transporté sans passer par la mort, quoique la nature humaine du Christ lui-même n’ait pu y être transportée jusqu’à ce qu’il eût passé par la mort. Ce livre excita un cri général contre l’auteur, qui fut regarde comme blasphémateur, et en conséquence expulsé de la chambre des communes, quatre jours après qu’il y avait été admis. Il revint en Angleterre en 1705, et fut élu membre de la chambre des communes de ce royaume. Après y avoir siégé quelques années, les anciennes accusations d’impiété furent renouvelées contre lui à l’occasion de son ouvrage ; et, malgré une défense très-énergique, il fut également expulsé du parlement anglais. Ses affaires étaient alors dans le plus mauvais état ; le défaut d’ordre et d’économie ayant détruit sa fortune, il se vit arrêté et emprisonné pour dettes. Il mourut dans la prison du Banc-du-Roi, en 1738, âgé de plus de 80 ans, après une détention de trente années, durant lesquelles il publia un grand nombre de traités, entre autres celui intitulé : de Jura divine, dans lequel il a voulu prouver que la maison de Hanovre a un droit divin au trône d’Angleterre. Ces écrits furent presque tous favorablement accueillis, mais ce succès ne put rétablir ses affaires. X-s.


ASGILL (sir Charles), général anglais, était troisième enfant et fils unique d’un riche négociant de Londres, qui, après avoir rempli les fonctions d’alderman et de shérif de cette capitale, fut crée baronnet et mourut en 1778. Sir Charles entra fort jeune, comme enseigne, dans le premier régiment des gardes à pied, et y obtint, vers 1780, une lieutenance avec le grade de capitaine. Il alla aussitôt joindre l’armée du marquis Cornwallis dans l’Amérique du nord, et fit dans cette armée toute la campagne de 1781. Au mois d’octobre de la même année, il fut fait prisonnier avec elle au siége d’York-Town (Virginie), et conduit, ainsi que ses camarades, à un dépôt dans l’intérieur du pays. L’année suivante, les Américains ayant résolu de venger la mort d’un capitaine Buddy, assassiné par un loyaliste de leur nation, que les Anglais refusaient de livrer, le général Washington assembla tous les prisonniers anglais du même grade, et les força à tirer au sort pour désigner celui d’entre eux qui devait être sacrifié par représailles. La boule fatale échut au capitaine Asgill, qui, dès lors, fut conduit dans une forteresse de l’état de Jersey, où ses geôliers l’accablèrent de mauvais traitements, en attendant le jour de son exécution. Sa mère, lady Asgill, réduite au désespoir par une nouvelle si terrible, accourut de Londres à Versailles, et implora l’intercession de la reine Marie-Antoinette. Cette princesse ne fut point insensible aux larmes d’une mère. Sur ses instances, Louis XVI fit faire au gouvernement américain, en faveur de sir Charles, des représentations qui furent accueillies avec une grande déférence. Un acte du congrès révoqua l’arrêt de mort qui frappait l’officier anglais, et l’on consentit même à le laisser retourner en Angleterre sur sa parole. Il profita de cette faveur ; mais à peine rentré dans sa patrie, il alla à