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du parlement la Barbade et les autres colonies anglaises des Antilles, qui ne voulaient reconnaître que l’autorité du roi. Lord Willoughby, gouverneur de la Barbade pour Charles II, se défendit plusieurs mois contre les forces de terre et de mer confiées au chevalier Ascough. Il est vrai que l’amiral, forcé d’exécuter les ordres d’un gouvernement tyrannique, avait dans son caractère autant de modération et d’équité qu’il y avait d’injustice et de violence dans la conduite de ceux dont il exerçait le pouvoir. Il accorda la capitulation la plus honorable au lord Willoughby ; et, passant ensuite à St-Christophe et à la Virginie, il ramena pareillement les colons sous les lois de la république anglaise, sans que le succès de cette mission délicate fût souillé par les cruautés inutiles, malheureusement si fréquentes dans les révolutions politiques et les troubles civils. Charles II, remonté sur le trône, ne fit pas un reproche au chevalier Ascough des services qu’il avait rendus a son pays sous le protectorat de Cromwel. Ce brave officier continua de commander les flottes britanniques ; et tantôt en chef, tantôt sous les ordres du duc d’Yorck, du comte de Sandwich et du duc d’Albemarle, livra plusieurs combats aux amiraux hollandais van Tromp, Ruyter et Wassenaër, qui soutenaient alors avec tant d’éclat la gloire et la puissance maritime de leur patrie. Ce fut dans une de ces actions sanglantes, le 2 juin 1666, que le vaisseau le Prince Royal, monté par sir George Ascough, amiral de l’escadre Blanche, ayant touché sur un banc de sable, fut brûlé par les ennemis : le chevalier fut fait prisonnier, et sa perte contribua beaucoup aux revers de cette journée. Il parait que, depuis cette époque, il cessa de commander, et qu’il survécut peu de temps au premier malheur qu’eussent éprouvé son courage et son habileté. E-d.


ASDRUBAL, général carthaginois, fils de Magon, hérita des vertus de son père, et, après avoir été onze fois l’un des suffètes, ou magistrats suprêmes, et s’être vu honoré de quatre triomphes, il fut choisi vers l’an 489 avant J.-C., pour entreprendre la conquête de la Sardaigne ; il débarqua dans cette île, et obtint de grands avantages ; mais blessé mortellement dans une action, vers la fin de la guerre, il remit le commandement de l’armée entre les mains de son frère Amilcar, et mourut presque aussitôt. Son fils fit la guerre aux Maures et aux Numides, et parvint à affranchir les Carthaginois d’un tribut qui remontait à l’origine de leur ville. B-p.


ASDRUBAL, fils de Hannon, envoyé en Sicile, vers l’an 255 avant J.-C., attaqua Panorme, ou était renferme le proconsul Métellus, perdit une grande bataille et cent trente éléphants, et fut mis a mort, a son retour à Carthage. B-p.


ASDRUBAL, surnommé le Chauve, contemporain du précédent, conduisit, vers l’an 215 avant J.-C., une expédition pour soutenir les Sardes, qui étaient las du joug des Romains ; mais ils avaient été défaits par Manlius avant son arrivée. Asdrubal fit cependant sa jonction avec les insulaires, et marcha droit à Caralis, dans le dessein de s’emparer de cette capitale de l’île. Prévenu par Manlius il en vint à une action générale, et balança la victoire pendant quatre heures. Vaincu à la fin, il fut fait prisonnier, et l’île entière fut réduite sous l’obéissance des Romains. B-p.


ASDRUBAL, gendre d’Amilcar Barca, et beau-frère d’Annibal, fut surnommé Le Beau, à cause des grâces de sa figure. Il s’attacha, jeune encore, à Amilcar, et l’accompagna dans ses expéditions ; mais ayant été accusé publiquement de s’être prostitué à ce général, il reçut des magistrats chargés de la censure l’ordre de s’éloigner de lui. Cependant, comme les lois de Carthage ne permettaient pas de séparer un gendre de son beau-père, Amilcar Barca donna sa fille en mariage à Asdrubal, et l’emmena en Espagne, l’an 237 avant J.-C. Le jeune homme ne tarda point à se distinguer sous les yeux de son beau-père ; mais ce fut surtout en Afrique qu’il trouva une occasion de signaler ses talents et son courage. Les Numides s’étaient révoltés tandis que les Carthaginois combattaient en Espagne : Amilcar envoya contre eux son gendre à la tête d’un corps d’armée. Asdrubal exécuta cette commission avec autant de vigueur que d’intelligence, et revint en Espagne. À la mort d’Amilcar, l’an 230 avant J.-C., l’armée proclama général Asdrubal. Ce choix fut confirmé par le sénat, qui envoya de puissants renforts en Espagne pour le mettre en état de conserver et d’étendre ses conquêtes. Pénétré de reconnaissance pour la mémoire de son beau-père, le nouveau général sollicita le sénat de lui envoyer le jeune Annibal pour le faire entrer de bonne heure dans la carrière de la gloire. Asdrubal marqua les premiers jours de son commandement par une grande victoire qu’il remporta sur un prince espagnol nommé Orisson. Douze villes lui ouvrirent leurs portes immédiatement après la bataille, et cet exemple fut suivi par un grand nombre d’autres. Pour assurer ses conquêtes, il bâtit Carthage la Neuve, appelée aujourd’hui Carthagène, qu’il destinait à servir de boulevard et de place d’armes aux possessions des Carthaginois en Espagne. Cette ville, par sa situation avantageuse, devint bientôt une des plus opulentes du monde. Les Romains, occupés jusqu’alors contre les Gaulois qui avaient pénétré dans l’Italie septentrionale, crurent devoir arrêter enfin par une négociation les progrès des Carthaginois, dont ils commençaient à prendre ombrage ; ils conclurent un traité par lequel ceux-ci s’engagèrent à ne point passer l’Èbre. Asdrubal l’observa religieusement, et, poussant ses conquêtes du côté opposé, soumit, autant par son affabilité que par sa valeur, toute cette partie de l’Espagne qui s’étend depuis l’océan jusqu’à l’Èbre. Son mariage avec la fille d’un prince espagnol contribua à consolider ses conquêtes. Il gouvernait l’Espagne depuis neuf ans avec autant de sagesse que d’activité, lorsqu’il fut assassiné, 223 ans avant J.-C., par un esclave gaulois dont il avait fait périr le maître. Annibal lui succéda dans le commandement. B-p.


ASDRUBAL-BARCA, fils d’Amilcar et frère d’Annibal, partagea la haine de sa famille contre Rome, et se signala de bonne heure en Espagne, sous