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qui lui fit répandre tant de sang (voy. Mir-Mahmoud), Aschraf fut emprisonné ; mais bientôt ses fers se brisèrent, et il fut placé sur le trône en avril 1725, soit immédiatement après, soit peu de moments avant la mort de son ennemi, dont on lui apporta la tête. Aschraf était aimé des soldats de sa nation. Sage, courageux et modéré, il avait toutes les qualités propres à rendre sa domination supportable aux Persans dans des temps ordinaires ; mais les circonstances contrarièrent ses bonnes intentions, en aigrissant son caractère. Schah-Thahmasp, le dernier des Sofis, avait été reconnu roi dans le Mazanderan, où il s’était réfugié, et dans quelques districts voisins. Les Russes, dont ce prince avait réclamé le secours, s’étaient emparés du Chirwan et du Ghilan ; et les Turcs, sous prétexte de jouer le rôle de médiateurs dans les troubles de la Perse, s’entendant avec les Russes pour la partager, avaient conquis l’Arménie et la plus grande partie de l’Adzerbaïdjan, Les Afghans Abdallis étaient toujours maîtres de Hérat et de plusieurs autres places du Khoraçan. Le reste de cette province, ainsi que le Seïstan, étaient au pouvoir de Melik-Mahmoud, qui avait pris le titre de roi. Il ne restait à Aschraf que l’Irak, le Farsistan et le Kerman, ou son autorité n’était pas même reconnue partout. Ses premiers actes prouvèrent qu’il craignait moins les Persans que ses propres généraux. Il en fit périr plusieurs, les uns à cause de leur attachement pour Mahmoud, les autres pour avoir conspiré en sa faveur contre ce prince. Ces exécutions enrichirent son trésor, et lui gagnèrent l’affection des habitants d’Ispahan. Il fit porter solennellement dans la sépulture de leurs ancêtres les cadavres des princes persans égorgés par Mahmoud, et poussa l’hypocrisie jusqu’à feindre de refuser une couronne souillée de Sang, et de ne l’accepter que sur une renonciation formelle du malheureux Schah-Houçain, auquel il l’avait offerte. Aschraf, avant de monter sur le trône, avait eu des relations secrètes avec Thahmasp ; mais, devenu roi, il changea de politique, et tenta d’attirer ce prince dans un guet-apens. Le coup ayant manqué, il s’en vengea sur quelques seigneurs persans, qu’il accuse d’intelligences avec l’héritier des Sofis. Aschraf employa la première année de son règne a affermir son gouvernement intérieur, et à pourvoir à sa sûreté personnelle par le moyen d’une forteresse qu’il fit construire au milieu d’Ispahan. Une ambassade qu’il avait envoyée à Constantinople ayant été congédiée sans audience, les Turcs commandés par Ahmed, pacha de Bagdad, prirent Gazbin, et s’avancèrent vers la capitale. Aschraf surprit un de leurs corps, et employa la ruse contre des ennemis qu’il voulait ménager et ne pas provoquer à de plus grands efforts. Ses émissaires travaillaient secrètement les soldats kourdes et ottomans, et leur persuadaient que l’alliance de la Porte avec une puissance chrétienne pour faire la guerre à un prince musulman et orthodoxe était aussi impie d’impolitique. Des imans, qu’il envoya au sérasquier, lui prêchèrent hautement la même doctrine, et se joignirent aux officiers turcs, lorsque l’heure de la prière les appela a remplir ce devoir. Leur missoin produisit tout l’effet qu’Aschraf pouvait espérer. La désertion, l’indécision, désorganisèrent l’armée ottomane. Il en triompha aisément avec des forces bien inférieures, la contraignit à la retraite, et obtint une paix honorable en 1727. Aschraf échoua ensuite dans une tentative contre Candahar ; et cette entreprise l’affaiblit doublement, en semant la division parmi les Afghans Khildjis. Il s’empara de Yezd, et son ambassadeur fut reçu à Constantinople avec distinction ; mais ces faveurs de la fortune furent pour lui les dernières. L’étoile de Schah-Thahmasp commençait a briller d’un éclat qui fit pâlir celle d’Aschraf. Un de ces hommes extraordinaires qui apparaissent à diverses époques dans le monde se montra le vengeur de la race des Sofis, qu’il devait détruire un peu plus tard. (Voy. Nadir-Schah.) Nadir avait fait rentrer le Khoraçan et la Seïstan sous l’autorité de Schah-Thahmasp, et se disposait à marcher contre les Afghans, lorsqu’il fut prévenu par ceux-ci. Cette imprudence d’Aschraf fut cause de tous ses revers. Vainçu dans une première bataille près de Demgan, il perdit son camp et ses bagages, et se retira sur Ispahan ; après avoir éprouvé un second échec, il se porta à quelques lieues au nord de cette capitale, dans la forte position de Mourtchakoureh, où il essuya une troisième défaite en novembre 1729. Rentré dans Ispahan, il songeait à y faire massacrer tous les Persans ; mais il eut a peine le temps d’y verser le sang de l’infortuné Schah-Houçaïn, et de se retirer en désordre avec les débris de son armée et tous les individus de sa nation, hommes, femmes et enfants. Aschraf prit la route de Chyrax, où il espérait se fortifier pendant l’hiver. Poursuivi par le vainqueur, il osa tenter encore le sort des armes près des ruines de Persépolis, en janvier 1730 ; mais sa défaite fut une véritable déroute. Alors il eut recours aux négociations, offrit de rendre toutes les princesses de la famille royale, qu’il avait emmenées, et ne demanda que la liberté de retourner à Candaltar, Mais Nadir ne voulut rien entendre, et menaàa les Afghans de ne leur faire aucun quartier, s’ils ne livraient leur chef. Craignant d’être trahi, Aschraf s’enfuit avec deux cents hommes. Un de ses frères, auquel il avait confié une partie de ses trésors, afin de se ménager une retraite à Bassora, fut massacré par les peuples insurgés du Laristan ; et lui-même, après avoir traversé le Kerman, dont les habitants s’étaient aussi révoltés, n’était plus suivi que de deux hommes, lorsqu’il fut attaqué et assassiné par les Beloutchis, dont ses joyaux tentèrent la cupidité. Les circonstances de sa fuite et de sa mort sont racontées de diverses manières. Aschraf ne manquait ni de courage ni de talents, et, dans des conjonctures moins difficiles, il aurait pu être un grand prince. Il n’avait régné que 6 ans et demi, et en lui finit la tyrannie des Afghans, qui avait duré un peu plus de ? ans. (Voy. Thahmasp II.) A-t.


ASCLÉPIADE, médecin, natif de Pruse, en Bithynie, est le premier qui rendit l’art de la médecine recommandable à Rome. Il vint s’établir dans cette ca-