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combats qui précédèrent la journée de Salamine. Appelée dans le conseil de guerre qui fut tenu la veille de la bataille, elle fut d’avis qu’il fallait éviter d’en venir a une action, et attendre que le manque de vivres forçât la flotte grecque à se disperser. Le lendemain Artémise combattit avec une grande valeur, et fit voir que son courage égalait sa prudence Entourée d’ennemis au moment de la défaite générale et se voyant poursuivie par un vaisseau athénien, elle attaque, pour lui donner le change, un vaisseau calyndien, de l’escadre du roi de Perse, et le coula à fond ; et l’athénien, croyant qu’elle faisait partie de l’escadre grecque, cessa de la poursuivre. Artémise tira deux avantages de ce hardi stratagème : elle se garantit d’une mort certaine, et fit périr Damas Acymus, avec lequel elle avait eu de violents démélés. Xercès, en apprenant l’action héroïque de cette princesse, s’écria : « Les hommes aujourd’hui se sont comportés en femmes, et les femmes en hommes. » Ce prince la combla d’éloges ; et lors de son départ, il la pria de conduire ses enfants jusqu’à Éphèse. Les Grecs devenus maîtres de la mer, Artémise fut la seule personne à qui Xercès crut devoir confier la conservation de ses enfants. Les Athéniens la redoutaient tellement, qu’ils avaient promis de magnifiques récompenses à celui qui l’arrêterait, ou qui la ferait prisonnière. La statue que les Lacédémoniens lui érigèrent ne fait pas moins d’honneur à sa mémoire. De retour à Halicarnasse, Artémise saisit toutes les occasions qui se présentèrent d’étendre les bornes de ses petits États, fit le siége de Patmos, et soumit cette ville. La fin de la vie de cette princesse ne répondit pas à de si beaux commencements. Dans un âge ou la raison doit exercer tout son empire, elle s’éprit d’un jeune homme d’Abydos, nommé Dardanus ; et pour se venger de ses mépris, elle lui creva les yeux tandis qu’il dormait ; mais son amour, au lieu de diminuer, se ralluma avec plus de violence encore, et elle fit le saut du rocher de Leucate, où elle périt misérablement. Cependant, comme ce récit n’est appuyé que sur le témoignage de Ptolémée Héphestion, il est permis de ne pas y ajouter beaucoup de foi. K.


ARTÉMISE, fille d’Hécatomus, roi de la Carie, fut mariée à Mausole, son frère, sorte de mariage que la coutume autorisait en Carie, selon Arrien. Elle le perdit, l’an 555 avant J.-C., et en fut inconsolable. Elle proposa des prix considérables à ceux des Grecs qui composeraient le meilleur discours à la louange de son époux. Isocrate, Théodecte, Naucrite et Théopompe parurent, selon Aulu-Gelle, a cette espéce de concours. Artémise fit ériger à Mausole un tombeau magnifique, connu sous le nom de Mausolée, et qu’on regardait comme l’une des sept merveilles du monde. Les Grecs et les Romains ne se lassaient pas d’admirer ce monument, qui faisait le plus bel ornement d’Halicarnasse. Il a subsisté plusieurs siècles, et Pline en a laissé une description dont la vérité ne saurait être contestée. Le douleur d’Artémise, quelque vive gu’elle fût, ne lui fit pas négliger le soin de ses tels ; car elle s’empara de l’île de Rhodes, de celle de Cos, et de quelques villes grecques du continent ; on dit cependant qu’elle mourut de douleur, deux ans après son époux. Théopompe, auteur contemporain, et Cicéron après lui, la font mourir de phthisie. Il y a quelque chose de plus merveilleux, et dès lors de moins croyable, dans le récit de Valère-Maxime et d’Aulu-Gelle : selon eux, elle but les cendres de son mari, ainsi que ses os, broyés avec des perles et jetés dans un vase rempli d’eau. Elle ne jouit pas, dans un règne si court, de la satisfaction de voir le tombeau qu’elle élevait a son mari, conduit à sa perfection. Hydricus, son frère et son successeur, eut probablement la gloire de l’achever. (Voy. Ada.) B-p.


ARTÉMON, de Clazomène, mécanicien célèbre, se trouva avec Périclés au siégé de Samos, et inventa, pour réduire cette ville, la tortue et d’autres machines de guerre. Éphore, cité par Plutarque, dit qu’il était boiteux, et qu’il se faisait porter dans une litière, ce qui le fit nommer Périphorétos ; mais il est probable qu’il l’avait confondu avec un autre Artémon, contemporain d’Anacréon, qui, né dans la plus basse classe du peuple, avait acquis une très-grande fortune, et était devenu si efféminé et si peureux, que, lorsqu’il était dans sa maison, deux esclaves lui tenaient un bouclier de cuivre sur la tête, pour le garantir de ce qui pourrait tomber, et qu’il ne sortait jamais que dans un lit suspendu. La blonde Eurypyle lui donna, à cause de sa richesse, la préférence sur Anacréon, qui s’en vengea par une chanson conservée par Athénée. — Il est question, dans Pline, d’un autre Artémon, homme du peuple, dont la ressemblance avec Antiochus II était si frappante, que Laodicé, après avoir empoisonné son époux, lui en fit jouer le rôle pendant quelques jours, pour avoir le temps de faire désigner son successeur. (Voy. Antiochus II). C-r.


ARTÉMON, peintre, a vécu sous les Césars. Rome s’était ornée d’un grand nombre de ses ouvrages, parmi lesquels on remarquait surtout une Stralonice, et une Danaé recevant la pluie d’or. Les portiques d’Octavie avaient été décorés par cet artiste de peintures très-précieuses. — Il y eut aussi un Artémon sculpteur, qui fit plusieurs belles statues pour le palais des Césars. L-S-e.


ABTEPHIUS, philosophe hermétique, vivait vers 1150. Il est auteur des traités suivants : 1o Clavis majoris sapientiæ, imprimé dans le Theatrum chemicum, à Francfort, 1614, in-8o, à Strasbourg, 1699, in-12, puis traduites français. 2o Liber secretus. 3o De Characteribus planetarum, Cantu et Motibus avium, retum præteritarum et futurum, Lapideque philosophico. 4o De Vita propaganda, ouvrage que l’auteur composa, dit-il, à l’âge de mille vingt-cinq ans. 5o Speculum speculorum. Le traité d’Artéphlus sur la pierre philosophale a été traduit en français, par Pierre Arnauld, sieur de la Chevalerie, et imprimé avec ceux de Synesius et de Flamel, Paris, 1612, 1659, 1682, in-4o. K.


ARTAVELLE ou ARTEVELDE (Jacques d’), n’était pas brasseur, comme la plupart des biogra-