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de suite son ressentiment ; mais Ochus, de retour dans la Perse, ayant commis de nouveaux excès, et abandonné tous les soins du gouvernement à son ministre, celui-ci le fit empoisonner (338), donna son corps a manger a des chats, et fit faire, avec ses os, des poignées de sabres, pour rappeler son humeur farouche et sanguinaire. Il place ensuite sur le trône Arsès, le plus jeune des fils d’Artaxerces, et fit mourir tous les autres. C-r.


ARTAXERCÈS BABEGAN. Voyez Ardechyr.


ARTAXIAS, ou ARTAXAS, fils d’Artabaze, fut proclamé roi d’Arménie par l’armée, lorsque son père se fut laissé prendre par Marc Antoine. Ce général, de concert avec Artabaze, roi des Mèdes, l’ayant attaqué, il fut vaincu et prit la fuite ; mais il revint bientôt, et, après avoir vaincu et fait prisonnier Artabaze, il rentra en possession de ses États. Artaxias fut tué quelque temps après. C-r.


ARTAXIAS, gouverneur de la grande Arménie pour Antiochus le Grand, profita des victoires remportées sur ce prince par les Romains pour se soustraire a son autorité et se faire roi de cette province (189 avant J.-C.), soumise à la Syrie depuis la bataille d’Issus. Il donna asile à Annibal et fonda, d’après des plans tracés par cet illustre fugitif, la ville d’Artaxate, dont il fit la place d’armes et la capitale de son royaume. Les descendants d’Artaxias régnèrent sur la grande Arménie jusqu’à l’an 5 avant J.-C. C. W-r.


ARTÉAGA (Étienne), jésuite espagnol, était fort jeune lors de la suppression en Espagne de la compagnie de Jésus. Il se retira en Italie, et vécut longtemps à Bologne, dans la maison du cardinal Albergati. Artéaga suivit en France son ami le chevalier Azara, et mourut chez lui, à Paris, le 30 octobre 1799. On a de lui : 1° Traité sur le beau idéal (en espagnol). 2° Rivoluzioni del teatro musicale italiano, dalla sua origine, fino al presente, Venise, 1785, 3 vol. in-8o. C’est la seconde édition, mais la seule qui soit complète. La première était en un seul volume : elle avait paru à Bologne plusieurs années auparavant. L’auteur ayant terminé son ouvrage, des difficultés arrêtèrent l’impression de ce qu’il y avait ajouté. Il se décida à donner à Venise une seconde édition complète, en faisant, dans le 1er volume, de tels changements que l’ouvrage était entièrement neuf. C’est ce qu’il nous apprend lui-même dans son avertissement. C’est sur une troisième édition qu’a été fait l’extrait publié en français sous ce titre : les Révolutions du théâtre musical en Italie, depuis son origine jusqu’à nos jours, traduites et abrégées de l’italien, Londres, 1802, in-8o de 102 pages. 3° Plusieurs dissertations savantes, et des poésies grecques et latines dont il se proposait de publier le recueil. « Artéaga a laissé en manuscrit, dit Grainville, un ouvrage en italien del Ritmo sonoro, et del Ritmo muto degli antichi dissertazioni 7, dont il m’avait confié la traduction. L’auteur y a mis à contribution les plus célèbres écrivains de l’antiquité ; il y traite de la musique, de la poésie, de la grammaire, de la pantomime, de la danse, etc. D’après l’avis de plusieurs savants du premier ordre, ses découvertes sont absolument et neuves et très-essentielles à l’art… Il avait été question d’imprimer cet ouvrage à Parme avec les caractères de Bodoni ; mais la révolution, qui a fait de l’Italie un des théâtres de la guerre, avait suspendu cette entreprise littéraire. » La mort d’Artéaga suspendit aussi la traduction de Grainville, qui était a peine au tiers de son ouvrage. (Voy. Granville.) A. B-t.


ARTEAGA (le Père Hortensio-Félix Paravicino y), littérateur espagnol, naquit en 1580 à Madrid, de parents nobles. Dès son enfance il se fit remarquer par son esprit vif, pénétrant, et par la rapidité de ses progrès. Après avoir terminé son cours de droit à Salamanque, ne se sentant aucune vocation pour la magistrature, il entra dans Perdre des trinitaires et se fit recevoir docteur en théologie. Ses talents pour la chaire ne tardèrent pas à le faire connaître. Il avait eu l’honneur de complimenter Philippe III à son passage à Salamanque, en 1616 ; ce prince fut si content de sa harangue, qu’il le nomma son prédicateur. Le P. Hortensio remplit cette place pendant vingt ans ; et quoiqu’il ne fût pas exempt d’enflure, de recherche et des autres défauts que l’on reproche à la plupart des prédicateurs espagnols, il sut les faire excuser par ses qualités brillantes. Élevé aux premières dignités de son ordre, il en était vicaire général lorsqu’il mourut à Madrid, le 22 décembre 1633. Aux vertus d’un religieux il joignait les manières et la politesse d’un homme du monde. La finesse de son esprit était passée en proverbe. Comme poëte il appartient à l’école maniérée de Gongora. (Voy. ce nom.) Ses vers recueillis sous ce titre : Obras de D. Felice de Arteaga[1], furent imprimés à Lisbonne, 1645, et à Madrid, 1650, 1 vol. in-4o. On trouve trois romances mystiques de D. Félix, avec une courte notice sur sa vie, dans le tome 5 du Parnaso español de Sedano. Lope de Vega l’a célébré dans son Laurel de Apollo. Ses divers recueils de sermons ont été publiés ; mais il a laissé manuscrit un traité de philosophie : Constancia cristiana o discorsos del animo y tranquliidad estoyca ; on conserve cet ouvrage à la bibliothèque St-Philippe de Madrid. W-s.


ARTEDI (Pierre), médecin et naturaliste suédois, ami et contemporain de Linné, naquit en 1765 dans la province d’Angermanland, en Suède. Destiné d’abord par son père à l’état ecclésiastique, son goût l’entraîna vers l’histoire naturelle. Il commença ses études à Upsal, et c’est là qu’il contracta avec Linné une amitié qui s’étendit au delà du tombeau. Ils travaillèrent de concert à l’histoire naturelle, leur science favorite : l’obligation de voyager, que cette science impose à ceux qui la cultivent, les sépara momentanément ; Artedi partit pour l’Angleterre et Linné pour la Laponie ; mais avant de se quitter, ils firent un accord par lequel, en cas de malheur, le survivant devait hériter des manuscrits de son ami. En 1755, ils se rejoignirent à Leyde, pour entendre

  1. C’est le nom de sa mère qu’il a mis à la tête de ses poésies. Les sermons ont paru sous celui de P. Hortensio.