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les deux dernières sont en vers ; mais il ne paraît pas qu’elles aient été imprimées. Censeur royal longtemps avant la révolution de 1789, Artaud figure encore sur la liste des gens de lettres rémunérés par la convention nationale en 1795. Il mourut à Paris, en 1796. L-m-x.


ARTAXERCÈS, surnommé Longue-Main, à cause de la longueur de l’un de ses bras, était second fils de Xercès. Son père, ainsi que Darius, son frère aîné, ayant été tué par Artaban (voy. Xercès) et d’autres conjurés, il eut le bonheur de leur échapper, et monta sur le trône l’an 464 avant J.-C. Son premier soin fut de punir les assassins de son père. Il se vit ensuite obligé de faire la guerre aux Égyptiens qui s’étaient révoltés dés qu’ils avaient appris la mort de Xercès, et avaient appelé a leur secours les Athéniens. Artaxercés parvint à les faire rentrer dans le devoir ; mais les Athéniens continuèrent à leur faire la guerre, et Cimon s’empara de la plus grande partie de l’île de Chypre ; alors Artaxercès, qui n’était point belliqueux, résolut de faire la paix à quelque condition que ce fût, et ses généraux conclurent avec les Athéniens un traité par lequel le roi de Perse consentait à ce que toutes les villes grecques de l’Asie fussent libres, et s’engageait à empêcher que ses satrapes n’approchassent de la mer de plus de trois journées. Ce fut à la cour d’Artaxercès que Thémistocle se réfugia et fut reçu avec de grands honneurs. Ce roi se montra très-favorable aux Juifs, et l’on croit qu’il est l’Assuérus de l’Écriture, qui épousa Esther et permit à Esdras de rétablir le culte juif et le gouvernement civil à Jérusalem. Il passa le reste de ses jours en paix, et mourut l’an 424 avant J.-C., après avoir régné 40 ans ; Xerces son, fils lui succéda. C-r.


ARTAXERCÈS, surnommé Mnémon, devint roi de Perse après la mort de Darius II, son père, l’an 405 avant J.-C. Cyrus, son jeune frère, que Parysatis, leur mère, avait cherché à faire placer sur le trône, ayant conspiré contre lui, il eut la générosité de lui pardonner, et de le faire satrape de la Lydie et des côtes de l’Asie, ce qui ne l’empêcha pas de se révolter encore par la suite, et de rassembler une armée considérable pour s’emparer de l’autorité souveraine. Artaxereés s’avança à sa rencontre, et il se livra une bataille prés de Cuxaxa, à 25 lieues de Babylone. (Voy. Xénophon et Cyrus le Jeune.) Cyrus y fut tué ; les Grecs qui servaient dans son armée refusèrent de se rendre, et opérèrent cette mémorable retraite dont Xénophon s’est fait l’historien. Artaxercès resta paisible possesseur du trône. Mécontent des Lacédémoniens qui avaient embrassé la cause de son frère, il prit a son service Conon, général athénien, et leur enleva, par son moyen, l’empire de la mer. Artaxercès fournit ensuite de l’argent pour faire relever les murs d’Athènes. Il parvint aussi, par les divisions qu’il sema dans la Grèce, à forcer Agésilas d’abandonner ses États, où le roi de Sparte avait déjà fait de grands progrès. Enfin il amena les Spartiates à signer ce honteux traité d’Antalcidas (587 avant J.-C.), par lequel ils lui abandonnaient les villes et les îles grecques de l’Asie. Libre du côté de la Grèce, Artaxercés tourna l’effort de ses armes contre Evagoras II, roi de Salamine, dans l’île de Cypre. Malgré les secours qu’il reçut d’Achoris, roi d’Égypte, révolté comme lui contre la Perse, et d’un prince arabe, Évagorus, battu sur mer en 386, fut réduit à payer un tribut annuel. Les Égyptiens étaient presque toujours en révolte contre le roi de Perse ; Artaxerces chercha à les réduire, avec l’aide des Grecs ; mais il ne put en venir à bout. Il marcha ensuite contre les Cadusiens, peuple situé au nord de la Médie, et courut risque de périr dans cette expédition, dont l’issue ne fut pas heureuse. Les revers d’Artaxercès, ses cruautés et la faiblesse de son gouvernement inspirèrent à une foule de satrapes l’idée de se rendre indépendants : vers 362, presque tous les gouvernements de ses provinces occidentales et maritimes se révoltèrent et se confédérèrent, soit entre eux, soit avec Tachos, roi d’Égypte, soit avec plusieurs républiques grecques. La trahison d’Oronte, que les rebelles avaient pris pour chef, tira l’empire de ce grand danger. Artaxercés avait épousé Amestris et Atosse, deux de ses propres filles, et l’on croit qu’il donna le premier exemple de ces sortes de mariages, qui, à ce qu’il paraît, n’étaient pas défendus par la religion des mages. Il se laissa gouverner par Parysatis, sa mère, qui lui fit commettre de très-grandes injustices. Après avoir fait périr Darius, l’aîné de ses fils, qui avait conspiré contre lui, il fut tué par Ochus, le plus jeune, qui lui succéda l’an 361 avant J.-C. Artaxercès avait régné 43 ans. C-r.


ARTAXERCÈS III, ou OCHUS, était le troisième des fils légitimes d’Artaxercés Mnémon ; il monta sur le trône après la mort de son père, l’an 362 avant J.-C., et prit le nom d’Artaxercès. Il commença son règne par faire massacrer son frère et tout ce qui tenait à la famille royale, et la suite ne répondit que trop à ces commencements. L’Égypte était alors en pleine révolte, et Artaxercès Mnémon avait vainement tenté de la soumettre ; Ochus continua longtemps a y faire la guerre par ses généraux ; mais, ayant appris que les Égyptiens faisaient des railleries sur sa personne, et voyant que la Phénieie et l’île de Cypre s’étaient révoltées (354), il sortit de cet état d’inertie et se mit à la tête des armées. Il alla d’abord attaquer la Phénicie, où il aurait obtenu peu de succès, sans la trahison de Mentor de Rhodes, qui commandait les troupes grecques à la solde du roi de Sidon, et qui, de concert avec le roi lui-même, livra les principaux de cette ville à Ochus, qui les fit massacrer : les habitants aimèrent mieux périr dans les flammes que de se rendre. Les autres villes se soumirent sans combat. Il entra ensuite dans l’Égypte. Nectanebis II fut vaincu près de Péluse, et la valeur des Grecs auxiliaires, jointe aux talents de Bagoas, eut bientôt replace cette province sous le joug des Perses. Une fois maître du pays, il s’y livra à toutes sortes de cruautés, détruisit les temples, fit égorger le bœuf Apis, qui par son ordre lui fut servi dans un repas, ce qui excita au plus haut point l’indignation de Bagoas, né en Égypte, et tres-attacbé à sa religion. Il ne témoigne pas tout