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été portées devant le pape, il corrompit deux cardinaux, et fit si bien que le pape déposa Henri, et nomma Arnold à sa place. S’il est vrai qu’il parvint à ce haut rang par une semblable perfidie, il en fut cruellement puni : à la suite d’une violente discussion qu’il eut avec les bourgeois de Mayence, au sujet de certains privilèges, il fut massacré par le peuple, dans le cloître de St-Jacques ; son corps, après avoir été traîné nu dans les rues, fut jeté sur un tas de fumier, mis en morceaux et enterré sans honneur. L’empereur Frédéric Ier, auprès duquel il jouissait d’une grande faveur, tira de ce meurtre une vengeance non moins cruelle : s’étant rendu à Mayence trois ans après, il condamna à mort les trois principaux chefs de la sédition, fit raser les remparts et le cloître de St-Jacques, anéantit tous les privilèges de la ville, et la convertit en une vaste solitude : elle resta trente-six ans dans cet état. Christian II, l’un des successeurs d’Arnold, a écrit sa vie. G-t.


ARNOLD (Nicolas), naquit à Lesna, en Pologne, le 17 décembre 1618. Après avoir étudié avec succès sous les plus habiles maîtres de Lesna et de Dantzick, il fut placé, en 1639, à la tête de l’école et de l’église de Jablonow. Les talents qu’il montra dans cette place engagèrent ses supérieurs à l’envoyer dans les universités étrangères, afin qu’il y trouvât, pour perfectionner ses études, les secours qui lui manquaient dans sa patrie. En 1641, il arriva à Franecker, et suivit les leçons de Makowski, du fameux Cocceius, de Vedel, de Cloppenburg. Il alla passer, en 1643, quelques mois dans les universités de Leyde, de Groningue et d’Utrecht, pour y écouter Voet, Spanheim, et quelques autres savants théologiens. On lui confia, en 1645, la direction d’une petite église hollandaise, à laquelle il s’attacha tellement, que des offres plus brillantes ne purent la lui faire quitter. Cocceius ayant été appelé par l’université de Leyde, la chaire de théologie qu’il occupait à Franecker resta vacante : les magistrats la donnèrent à Arnold, en 1651, et, trois ans après, ils y joignirent la place de prédicateur académique. Arnold, qui possédait parfaitement le hollandais, et s’était, dès les premières années de son séjour en Hollande, exercé avec succès au ministère de la parole, se fit, dans ces nouvelles fonctions, une fort grande réputation. Ses ouvrages sont écrits en latin, et appartiennent presque tous au genre dogmatique et polémique ; il suffira d’en indiquer quelques-uns : 1o Scopæ dissolutæ H. Echardi, Franceker, 1654, in-8o ; 2o Lux in tenebris, etc., ou Défense et Conciliation des passages de la Bible dont les sectaires se servent pour établir leurs erreurs, 2 vol. in-8o, ibid., 1662 ; et 1665, in-4o ; 3o Atheismus socinianus J. Bidelli refutatus, ibid., 1659, in-4o ; 4o oraison funèbre de Christ. Schotanus, professeur à Franecker, ibid., 1671, in-fol. Arnold mourut le 15 octobre 1680. — Michel Arnold, un de ses fils, mort le 26 mars 1758, à Harlem, où il était ministre du saint Évangile, a publié, en 1680, à Franecker : Codex talmudicus Tamid., etc., avec une traduction et des commentaires. Cet ouvrage a été inséré dans le tome 5 de la Mishna de Surenhusius. On connaît encore de lui des Méditations chrétiennes, écrit en hollandais et publiées à Harling, 1687, in-12 ; et une oraison funèbre du prince Henri Casimir, Leuw., 1697, in-4o. B-ss.


ARNOLD (Christophe), philologue, né en 1627, mort à Nuremberg, professeur d’histoire, d’éloquence et de poésie. Il eut des relations avec les savants les plus distingués de son temps. (Voy. sa vie dans Will, Dictionnaire des savants de Nuremberg.) On y trouve un catalogue de ses nombreux écrits ; celui qu’offre Adelung est plus complet. Nous n’indiquons ici que les plus remarquables : 1o Val. Catania grammatici Diræ, cum commentario perpetuo, Leyde,1652, édition très-rare. 2o Oratio de Jano et Januario. 3o Ornatus linguæ latinæ, imprimé quatre fois a Nuremberg. 4o Testimonium Flavinium de Christo, lib. 18 Antiq., c. 4, Nuremberg, 1661, in-12. Ce sont trente dissertations en forme de lettres, que Havercamp a insérées dans le 2e volume de son Josèphe. 5o De Parasitis, en tête de l’Epulum parasiticum, ib., 1665, in-12. 6o Notæ ad Jo. Eph. Wagenesilii commentarium in Sotam, ib., 1670, in-4o. 7o Ses lettres à Nicol. Heinsius se trouvent dans la collection de Burmann, t. 5. S-r.


ARNOLD (Godefroi), théologien de la communion de Luther, et historiographe du roi de Prusse Frédéric Ier, naquit, le 5 septembre 1665, à Annaberg, dans l’Ertzgebürg. Il fit ses études à Géra et à Wittehberg, fut nommé professeur d’histoire à Giessen, mais résigna presque aussitôt cette place par des motifs de piété dont il rendit compte au public, en 1698, dans un écrit particulier. G. Arnold remplit ensuite les fonctions de pasteur à Altstaetlt, dans le duché d’Eisenach, à Werben et à Perleberg, dans la Marche de Priegnitz, et mourut, le 20 mai 1711, de douleur d’avoir vu des recruteurs prussiens entrer dans l’église où il administrait le saint sacrement, et enlever de force plusieurs jeunes gens de sa paroisse. Avant de mourir, il exprima à un de ses amis le regret d’avoir écrit le livre mystique intitulé : Sophia, ou Mystères de la sagesse divine, Leipsick, 1700, et Amsterd., 1702, in-8o (en allem.), et de n’avoir pas rédigé avec plus de circonspection sa grande Histoire de l’Église et des hérésies.Ce dernier ouvrage, qui comprend tous les siècles chrétiens jusqu’à l’an 1688, et qui parut pour la première fois à Francfort-sur-le-Mein, en 1699-1700, en 4 parties (2 vol. in-fol.), et augmenté à Schaffhouse, de 1740-42, en 3 vol. in-fol., a fait sa réputation et ses malheurs. Les théologiens orthodoxes ne purent lui pardonner ses diatribes contre le clergé dominant, et sa prédilection pour tous les sectaires qui avaient, soit par ignorance, soit dans des intentions pieuses, essayé de dépouiller la doctrine chrétienne de toutes les subtilités de la dogmatique, et de la réduire à la morale évangélique en préceptes et en action. Il est probable que les conférences de Spener sur la religion, connues sous le nom de Collegia pietatis, entretiens auxquels Arnold avait assisté à Dresde en 1686, eurent une grande part à la direction que prit son esprit. Le judicieux Mosheim, qui parle durement d’Arnold, ne paraît pas avoir apporté dans son jugement l’équité qui le distingue ; il a trop vu ce qui manquait