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lettres de ce prélat, l’une a la reine de Navarre, pour lui faire des remontrances sur ce qu’elle faisait arracher les images, enlever les ornements, détruire les autels et les fonts baptismaux de l’église de Lescar ; l’autre, à Louis d’Albret, évêque de cette ville, qui consentait à ces désordres. Ce cardinal avait fait des Statuts synodaux pour l’évêché de Rodez, imprimés à Lyon, en 1556, in-8o. On conserve de lui un volume in-fol. de lettres en manuscrit, écrites pendant les années 1554-55-56-57-59. T-d.


ARMAND DE BOURBON, prince de Conti. Voyez Conti.


ARMAND (François-Armand HUGUET), comédien. On le place ici sous l’un de ses prénoms, parce qu’il n’est connu que sous ce nom, qui lui fut donné par son parrain, le maréchal de Richelieu, et qu’il le porta toujours par respect et par reconnaissance. Né, en 1699, à Richelieu, d’un honnête bourgeois, il quitta fort jeune cette petite ville, et fut confié, à Paris, aux soins de l’abbé Nadal, connu par quelques ouvrages. Cet abbé, après avoir essayé d’en faire un musicien, le plaça chez un notaire ; mais dès lors tout annonçait son goût pour le théâtre, et l’on peut dire sa vocation pour l’état de comédien. Aussi prompt à saisir les ridicules des personnes qui fréquentaient la maison du notaire, qu’habile à les représenter, ceux mêmes dont il singeait les manières ne pouvaient s’empêcher de sourire à des portraits un peu outrés ; et l’abbé Nadal, témoin de ces parodies, dit un jour, que, s’il n’y avait jamais eu de comédiens, Armand aurait pu donner l’idée de cette profession. Il n’en fallait pas davantage pour lui faire vivement désirer de voir la comédie. L’abbé Nadal l’y conduisit, et il est inutile de dire quelle impression le spectacle fit sur un enfant de treize ans, qui annonçait de semblables dispositions. Dès ce moment, les représentations théâtrales firent tout son amusement, et il employa ses économies à se procurer les moyens d’aller souvent au Théâtre-Français. Il inspira ses goûts aux autres clercs, leur distribua des rôles, construisit un petit théâtre, et fit de l’étude du notaire un véritable foyer de comédie. Cette vie, si conforme à ses goûts, dura peu : une espièglerie l’ayant brouillé avec le maître de la maison, il ne sut où donner de la tête, et s’enrôla dans une troupe de désœuvrés, qui allaient en pèlerinage à Ste-Reine, en Bourgogne. Cette troupe différait peu d’une bande de bohémiens, et, comme il y a quelques rapports entre cette vie errante et celle de comédien ambulant, Armand passa sans secousse de l’une à l’autre, et joua la comédie en Languedoc. Il se fit surtout remarquer dans une troupe composée en partie d’Italiens, et entre autres du fameux Dominique. On pense bien que toute son ambition était de revenir à Paris. Il fit solliciter un ordre de début, parut pour la première fois au Théâtre-Français, le 2 mars 1723, dans l’emploi des premiers comiques, et fut reçu l’année suivante. Il remplit cet emploi pendant quarante-deux ans, et créa un grand nombre de rôles. Sa physionomie se prêtait surtout à ceux de vues fourbes et intrigants. Il paraît que vers la fin de sa carrière dramatique, Armand perdit une partie de sa verve comique, et chercha à la remplacer par une exagération que le bon goût réprouve. Lekain, après avoir dit dans ses Mémoires qu’Armaud est le modèle de tous les comédiens, ajoute : « J’observerai seulement, pour le malheur de l’humanité, que le génie usé par le temps cherche des moyens qui, visant à la charge, sont hors de la nature… » Armand contait avec beaucoup d’intérêt. Il mourut à Paris, le 26 novembre 1765. P-x.


ARMATI (Salvino degli), Florentin. On possède peu de renseignements sur sa vie ; seulement on sait qu’il mourut en 1317, comme le prouve son épitaphe que Léopold del Migliore nous a conservée dans sa Firenze illistrata. Armati mérite une mention spéciale comme inventeur des besicles. On a cru longtemps qu’elles étaient dues au frère Alexandre Spina de Pise, mort en 1315 ; mais la chronique de Simon de Cascia, sur laquelle on s’appuyait pour attribuer à Spina cette découverte, dit seulement « qu’il fit des besicles inventées d’abord par une autre personne qui ne voulait pas communiquer son secret. » Cette autre personne a dû être très-probablement Salvino degli Armati, puisque son épitaphe le désigne comme l’inventeur des besicles. Cette découverte doit être placée dans les dernières années du 13e siècle. Vanni del Busca, Florentin, écrivait en 1299 : « Cette découverte récente est utile surtout aux pauvres vieillards qui ont la vue fatiguée. » Frère Giordano de Rivalto, qui prêchait à Florence vers 1305, dit, dans un de ses sermons : « Il n’y a pas vingt ans que les besicles ont été inventées ; » et Bernard Gordon, professeur à Montpellier, parle des besicles dans son Lilium medicinæ, composé en 1305. C’est vraiment dommage qu’aucun détail biographique ne nous soit parvenu sur l’auteur d’une découverte si utile à l’humanité[1]. On sait seulement qu’Armati appartenait à une famille de banquiers ; qu’un de ses neveux obtint cinq fois l’une des premières charges de la république de Florence, et qu’il laissa un fils qui mourut en 1333. L-i.


ARMELLINI (Jérôme), dominicain, né à Faenza, que quelques auteurs appellent Armenini, et plus communément Jérôme de Faenza, était inquisiteur général pour la foi catholique à Mantoue, vers l’an 1516. Il reçut, de son vivant, de grands éloges pour avoir écrit un livre contre un certain Tiberio Bossiliano, Calabrois et astrologue, qui soutenait que l’astrologie aurait pu facilement prévoir, par la conjonction des planètes, le déluge de Noé. Ce livre n’est connu aujourd’hui que par ce qu’en dit Échard, Script. ord. Prædic., vol. 2, p. 33 ; mais il prétend que le livre était en manuscrit dans la bibliothèque du Vatican, que peut-être même il a été imprimé. Mazzuchelli, malgré ses recherches, n’a pu avoir connaissance ni de l’imprimé, ni du

  1. On peut voir, dans Manni, degli occhiali da nase (Florence, 1738. in-4o), une discussion assez détaillée sur l’invention des besicles.