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ARI

qu’on condamnait à mort), d’où il s’échappa comme par miracle. À peine revenu dans la Messénie, il tailla en pièces des troupes que les Corinthiens envoyaient au secours des Lacédémoniens. Aristoménes fut pris une seconde fois par des archers crétois, et il parvint encore à s’échapper de leurs mains. Cependant, malgré tous ses efforts, il lui fut difficile de se défendre bien longtemps dans une place isolée, au milieu d’un pays dont les Lacédémoniens étaient entièrement maîtres ; il s’attendait donc à chaque instant à en être chassé, et les Lacédémoniens s’étant emparés par surprise de la citadelle d’Ira, dans la 11e année de la guerre, il ne défendit la ville qu’autant de temps qu’il lui en fallait pour se disposer à une retraite honorable ; il parvint à la faire avec toutes ses troupes, et emmena même les femmes, les enfants et les vieillards. Ils se retirèrent dans l’Arcadie, où ils furent très-bien reçus. Il forma le projet hardi d’aller le lendemain même attaquer la ville de Sparte, dont les habitants étaient occupés au pillage d’Ira ; mais il fut encore trahi par Aristocrate, qui dévoila ce projet aux Lacédémoniens. Il donna alors Gorgus, son fils, pour chef aux Messéniens, qui allèrent s’établir à Rhégium, et il resta quelque temps dans l’Arcadie, où il maria deux de ses filles ; Damagétus, roi d’Ialysos, dans l’île de Rhodes, épousa la troisième. Aristomènes la suivit dans l’île de Rhodes, où il termina ses jours. Sa vie a été écrite avec beaucoup de détail par Pausanias, dans le 4° livre de sa Description de la Grèce. On la trouve aussi dans le 2e volume de l’histoire des premiers temps de la Crise. C-r.


ARISTON, fils d’Agasiclès, de la seconde branche des rois de Sparte, monta sur le trône vers l’an 560 avant J. -C. Les Lacédémoniens, sous son règne, prirent enfin l’ascendant sur les Tégéates, qui les avaient vaincus plusieurs fois sous les règnes précédents. Comme leurs victoires leur donnaient une grande prépondérance dans la Grèce, Crésus rechercha leur alliance pour se défendre contre Cyrus. Ariston, après avoir épousé successivement deux femmes sans en avoir d’enfants, devint amoureux de l’épouse d’Agétas, son ami, qui était la plus belle femme de Sparte. Il parvint à se la faire céder par une ruse dont on peut voir les détails dans Hérodote, et au bout de sept mois de mariage, elle accoucha de Démarate, sur la légitimité duquel Ariston eut quelques soupçons, comme on le verra à l’article Démarate. C-r.


ARISTON, natif de l’île de Chio, surnommé Phalantus, parce qu’il était chauve, et Sirène, à cause de la douceur de son éloquence. Il fut d’abord disciple de Zénon, fondateur de la secte stoïcienne ; mais la sévérité des principes du maître s’accordant mal avec ses mœurs douces, il le quitta pour s’attacher à Polémon ; puis, s’étant formé une doctrine particulière, il s’établit dans le Cynosarge, et ouvrit une école, dont les disciples retinrent son nom. La philosophie d’Ariston fut du nombre de celles dont il est facile d’abuser. Il était adiaphoristes, faisant consister la sagesse dans l’indifférence pour ce qui n’est ni vice ni vertu. Le sage lui paraissait semblable au comédien habile, qui joue également bien le rôle d’Agamemnon et celui de Thersite. Il rejetait des études la logique et la science de la nature ; la première, comme inutile ; la seconde, comme excédant les bornes de notre intelligence, et voulait que l’on se bornât à cultiver les mœurs. Il ne reconnaissait en substance qu’une seule vertu, qu’il appelait santé, toutes les autres n’étant que des modifications de celle-là. C’est ainsi, disait-il, qu’on appelle la vertu tempérance, quand elle modère notre appétit ; prudence, quand elle règle nos actions ; justice, lorsqu’elle prévient les délits ; mais elle n’en est pas moins une, de même que le feu ne change point de nature, quoique ses propriétés soient infinies. Il regardait la forme des dieux comme incompréhensible, ne leur accordait point de sens, et doutait si l’on pouvait les compter parmi les êtres vivants. Ariston composa plusieurs ouvrages, dont on peut voir les titres dans Diogene Laërce. Sa morale était peu austère ; aussi, dans sa vieillesse, se livra-t-il aux plaisirs. Il mourut des suites d’un coup de soleil. — Un autre Ariston, philosophe péripatéticien, surnommé Iuletes, parce qu’il était natif de Iulis, dans l’île de Zée, fut disciple et successeur de Lycon. — On compte encore deux péripatéticiens du même nom ; l’un, natif de l’île de Cos, disciple de Iulietes, qui l’institua, son héritier ; l’autre, natif d’Alexandrie. D. l.


ARISTON (Titus), jurisconsulte romain, qui vivait du temps de Trojan. Nous ne connaissons de ce personnage que ce qu’en a dit Pline le jeune dans deux épîtres, où il témoigne pour lui beaucoup d’estime et d’affection, et vante ses connaissances dans toutes les branches de la jurisprudence. Il faut observer qu’Ariston était l’ami de Pline, et, que celui-ci aimait surtout le genre du panégyrique. Aulu-Gelle dit qu’Ariston avait composé beaucoup de livres, et fait mention d’un de ses ouvrages. K.


ARISTONICUS, fils naturel d’Eumènes, roi de Pergame, et d’une joueuse d’instruments d’Éphèse, entreprit, après la mort d’Attale, de se remettre en possession des États de son père. Les Romains ayant envoyé contre lui le consul P. Licinius Crassus, il le défit et le fit périr, l’an 128 avant J.-C. ; mais Perpenna vint aussitôt après en Asie, battit Aristonicus, et le fit prisonnier. On le conduisit à Rome, ou il termina ses jours en prison. Ce prince fut le dernier de la dynastie des Attalides, qui avait occupé le trône pendant 154 ans. C-r.


ARISTOPHANE, célèbre poëte comique, était fils de Philippe, et Athénien de naissance, suivant l’ancien auteur de sa vie, plus croyable à cet égard que Suidas, compilateur sans jugement. Il commença à se faire connaître, dans la quatrième année de la guerre du Péloponèse (427 avant J.-C.), par les Dœtaliens, comédie que nous n’avons plus. Il osa, l’année suivante, dans les Babyloniens, attaquer la coutume des Athéniens de nommer les archontes et d’autres magistrats par la voie du sort. Comme il s’était déjà sans doute permis dans cette pièce quelques plaisanteries sur Cléon, ce démagogue l’accusa d’usurper le titre de citoyen d’Athènes. Aristophane répondit à cette accusation par les deux vers qu’Homère met dans la bouche de Télémaque, lorsqu’on lui demande s’il est fils d’Ulysse : « Ma