Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843 - Tome 2.djvu/219

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
214
ARI

Messénien, à qui elle était promise en mariage, dit qu’elle était grosse, pour empêcher qu’elle ne fût sacrifice ; le père la tua, et l’ouvrit de ses propres mains, pour faire voir qu’elle était vierge. Après la mort d’Euphaès, l’an 731 avant J.-C., Aristodème monta sur le trône, et remporta plusieurs victoires signalées sur les Lacédemoniens ; mais comme la Messénie était ruinée par les suites de la guerre, tous les efforts du nouveau roi n’aboutirent qu’à retarder de quelque temps la prise d’Ithome et l’asservissement de sa patrie ; et, voyant que l’un et l’autre étaient inévitables, il se tua lui-même sur le tombeau de sa fille, l’an 724 avant J.-C. C-r.


ARISTODÈME, surnommé Malacus (le mol), soit parce qu’il avait été efféminé dans sa jeunesse, soit pour quelque autre raison qui nous est inconnue, était d’une des meilleures familles de Cumes, en Italie. Des Tyrrhéniens, chassés des bords de la mer Adriatique par les Gaulois, s’étant réunis aux Ombriens, aux Dauniens et à d’autres barbares, vinrent assiéger Cumes, l’an 524 avant J.-C. Les Cuméens, quoique bien inférieurs en nombre, osèrent leur livrer bataille, et les défirent entièrement. Aristodème, qui était alors très-jeune, se conduisit avec tant de bravoure, que lorsqu’il s’agit de décerner le premier prix de valeur, le peuple voulut qu’on le lui donnât. Les grands, de leur côté, voulaient le faire donner à Hippomédon, général de la cavalerie, et comme le gouvernement de Cumes était aristocratique, le sénat penchait de leur côté : le peuple cependant ne voulant pas céder, on était près d’en venir à une sédition, lorsque les vieillards, s’en étant mêlés, tirent un accommodement, par lequel il fut convenu que le premier prix serait partagé entre les deux prétendants. À partir de cette époque, Aristodème se trouva le chef du peuple, et en butte, par conséquent, aux attaques des grands, qui cherchaient les moyens de s’en délivrer. Ils crurent en trouver l’occasion vingt ans après. Les Ariciniens, assiégés par Arron, fils de Porsenna, avaient envoyé demander des secours à Cumes ; le parti aristocratique imagina de leur envoyer Aristodème, avec 2,000 hommes, qu’on eut soin de choisir parmi ce qu’il y avait de plus pauvre et de plus séditieux dans la populace : on leur donna dix vaisseaux vieux et en très-mauvais état, et on les força de s’embarquer, dans l’espérance qu’il n’en échapperait guère aux dangers de la mer. Aristodème devina bien leurs intentions ; cependant il ne crut pas devoir refuser cette expédition. Il parvint à Aricie avec un bonheur inespéré, défit, presque avec ses seules troupes, l’armée ennemie, et fit beaucoup de butin et un grand nombre de prisonniers. Lorsqu’il se fut embarqué pour revenir, il fit connaître à ses soldats le danger auquel on avait voulu les exposer, et leur fit promettre de le seconder en tout ce qu’il voudrait entreprendre. Il dévoila ensuite ses projets à ceux sur qui il comptait le plus, et rendit la liberté aux prisonniers pour se les attacher. Arrivé à Cumes, il fit convoquer le sénat pour lui rendre compte de son expédition, et a peine eut-il commencé a parler, que ses satellites, pénétrant dans le lieu de l’assemblée, massacrèrent tous les principaux de la ville. Il s’empara ensuite de la citadelle, des vaisseaux, et des endroits les plus forts de la ville, et convoqua le lendemain une assemblée du peuple, dans laquelle il chercha à justifier ce qui s’était passé la veille, en accusant ceux qui avaient été tués, et il se fit investir de toute l’autorité par le peuple, en lui promettant un nouveau partage des terres et l’abolition des dettes. Il n’eut pas beaucoup de peine alors à s’emparer de la tyrannie ; et, s’étant formé une garde composée de ce qu’il y avait de plus corrompu dans la populace, d’esclaves qui avaient massacré leurs maîtres, et de troupes étrangères, il désarma le reste des citoyens. Il voulait faire périr les fils de ceux qui avaient été tués ; mais leurs mères, qu’il avait mariées malgré elles à ses satellites, employèrent en leur faveur le crédit de leurs nouveaux époux, et il se contenta de les reléguer à la campagne, où on les occupait aux emplois les plus vils. Quant au reste de la jeunesse, il la faisait élever de la manière la plus efféminée, pour qu’elle fut hors d’état de former aucun projet contre lui. Toutes ces mesures, par lesquelles il croyait avoir bien assuré son autorité, n’aboutirent cependant à rien, et il se perdit par un excès de précaution. Comme il avait toujours des craintes sur ceux qu’il avait relégués a la campagne, il résolut de s’en défaire ; ceux-ci en furent instruits, et se retirèrent dans les bois, d’où ils ne sortaient que pour ravager le pays ; mais les exilés qui s’étaient établis à Capoue, et à la tête desquels étaient les fils d’Hippomédon, se réunirent a eux, s’emparèrent de Cumes par surprise, firent périr Aristodème dans les tourments les plus affreux, tuèrent ses enfants et toute sa famille, et rétablirent l’ancien gouvernement. Sa tyrannie avait duré quatorze ans. Il fut donc tué vers l’an 490 avant J.-C. C-r.


ARISTODÈME, Athénien et acteur tragique, avait, par son état, la facilité d’aller partout, même en temps de guerre ; il se rendit avec Néoptolème, acteur tragique comme lui, auprès de Philippe, roi de Macédoine, qui était alors en guerre avec les Athéniens. Ce prince, qui avait sur la Phocide et quelques autres pays des projets que cette guerre l’empêchait d’exécuter, imagina de la terminer par le moyen de ces deux acteurs, et, les ayant comblés de présents, il les envoya à Athènes, en leur disant qu’il était ami des Athéniens, et qu’il ne savait pas pourquoi ils lui faisaient la guerre : ceux-ci, de retour, ne manquèrent pas de le dire, et le peuple athénien, qui désirait aussi la paix, nomma sur-le-champ des ambassadeurs, du nombre desquels furent Démosthène et Eschine. Ce dernier se laissa gagner par Philippe, et conclut un traité très-désavantageux pour les Athéniens ; ses prévarications dans cette ambassade sont le sujet d’un des plus beaux discours de Demosthène. C-r.


ARISTOGITON, Athénien de la classe moyenne, avait conçu une passion honteuse pour Harmodius, jeune homme de la plus grande beauté. Hipparque, l’un des Pisistratides, étant devenu son rival, Aristogiton, transporté de jalousie, forma une conspiration contre lui et ses frères, et y entraîna Harmodius. Ils attendirent, pour la faire éclater, la