Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843 - Tome 2.djvu/210

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
205
ARI

et cette grâce dont la nature l’avait éminemment doué. G-é.


ARIOSTI (Attilio), dominicain, naquit à Bologne vers 1660, et s’adonna de bonne heure a l’étude de la musique. Il paraît qu’il obtint une dispense du pape qui l’exempta des devoirs de son état et lui permit de se livrer à des compositions dramatiques. Après avoir fini ses études, il écrivit pour le théâtre de Venise, en 1696, l’opéra de Dafne d’Apost. Zeno ; deux ans après, il fut nommé maître de chapelle de l’électrice de Brandebourg. L’anniversaire du mariage du prince Frédéric de Hesse-Cassel avec la fille de l’électrice donna lieu, en 1700, à des fêtes brillantes ou l’on représenta un intermède d’Ariosti, intitulé la Festa d’Imeneo. Dans cet ouvrage, ainsi que dans ceux qui succédèrent immédiatement, Ariosti imita servilement le style de Lully ; mais dans son opéra d’Atis il changea de manière, et se rapprocha de celle d’ Alexandre Scarlatti, sans pouvoir jamais en avoir une qui lui fût propre. Au bout de quelques années de séjour à Berlin, il reçut une invitation pour se rendre à Londres, où il arriva en 1716, et où il obtint des succès assez brillants dans son Coriolan et son Lucius Verus. On en imprima même les partitions entières, distinction jusqu’alors sans exemple en Angleterre. Mais à l’arrivée de Hændel dans ce pays, ses faibles rivaux Bernoncini et Ariosti perdirent la faveur du public, et leurs pales compositions disparurent devant les œuvres de ce grand musicien. Ariosti finit par tomber dans un état voisin de la misère, et fut obligé de publier par souscription, en 1728, un livre de cantates de sa composition qu’il dédia au roi George Ier. Heureusement ces sortes d’entreprises sont ordinairement couronnées par le succès en Angleterre. Celle-ci produisit un bénéfice de près de 1,000 liv. sterl. Peu de temps après, Ariosti partit pour l’Italie et se retira à Bologne. On ignore l’époque de sa mort. À ses talents comme compositeur, il joignait le mérite d’être bon violoncelliste et habile exécutant sur la viole d’amour. À la sixième représentation de l’Amadis de Hændel, il exécuta un morceau sur cet instrument alors inconnu en Angleterre, et y excita un enthousiasme général. Il était d’un caractère doux, affable, mais homme de peu de génie. Voici la liste de ses compositions connues : 1o Dafne, en 1 acte, 1696 ; 2o Erifile, Venise, 1697 ; 3o Madre de Maccalci, Vienne, 1704 ; 4o la Festa d’Imeneo, Berlin, 1700 ; 5o Atis, Lutzenbourg, 1700 ; 6o Nabuchodonosor, Vienne, 1706 ; 7o la piu gloriosa fatica d’Ercole, Bologne, 1706 ; 8o Amor tra Nemici, Vienne, 1708 ; 9o Ciro, Londres, 1721 ; 10o le premier acte de Mutius Scevola, ibid., 1721 ; 11o Coriolano, ibid., 1725 ; 12o Vespasino, ibid., 1724 ; 13o Artaserse, 1724 ; 14o Dario, Londres, 1725 ; 15o Lucius Verus, ibid., 1726 ; 16o Canzone, ibid., 1727 ; 17o Cantalos and a collection of Lessons for the viol d’amore, Londres, 1728 ; 18o S. Radegonde, regina di Francia, oratorio, 1695. F-t-s.


ARIOSTO (Gabriel), l’un des frères du grand Arioste, eut aussi quelque talent, surtout pour la poésie latine. Lilio Giraldi en fait même un grand éloge dans ses Dialogi de poetus nostronmi temporun. Il était né contrefait, et vécut dans de continuelle : souffrances. Il mourut à Ferrare, sa patrie, vers l’an 1552, selon Mazzuchelli (gli Scrittori d’Italia.) et d’après les auteurs des Rime scelte de poeti Ferraresi ; mais ce dut être beaucoup plus tard, puisqu’il laissa un fils qui, selon Mazzuchelli lui-même, naquit en 1555. Il est probable que celui des frères de l’Arioste qui mourut en 1552 est Galasso, mort, selon le Garofalo dans sa Vie de l’Arioste, à Ingolstadt, où il était ambassadeur du duc de Ferrare auprès de l’empereur Charles-Quint. Ce fut Gabriel qui acheva la Scolaslica, comédie que son frère Louis avait laissée imparfaite. On a publié ses poésies latines, Ferrare, 1582, in-8o. G-é.


ARIOSTO (Horace), fils du précédent, neveu du célèbre poëte, et poëte lui-même, naquit en 1555. Baruffaldi et Crescimbeni ne le font même naître qu’en 1559. Il faut donc retarder de deux ou trois ans au moins, et peut-être de six ou sept, la mort de son père. (Voy. l’article ci-dessus.) Il fut prêtre séculier et chanoine de la cathédrale de Ferrare. Intime ami de l’abbé Angelo Grillo, poëte de quelque célébrité, il le fut aussi du Tasse. Il lui donna une grande preuve d’amitié, en composant les arguments de tous les chants de la Jérusalem délivrée, qui y sont joints dans plusieurs éditions de ce poëme. Dans la dispute qui s’éleva entre les partisans de son oncle et ceux du Tasse, Horace Arioste écrivit un ouvrage intitulé : le Difese dell’ Orlando furioso dell’ Ariosto, etc. ; mais dans ces défenses mêmes, il témoigna tant d’admiration pour le Tasse, que celui-ci lui en fit quelque reproche dans une lettre imprimée parmi ses œuvres. Horace Arioste avait entrepris un grand poème intitulé l’Alfeo, dont il avait composé 16 chants lorsqu’il mourut, à l’âge de 38 ans, le 19 avril 1593. Ces 16 chants se sont conservés longtemps en manuscrit à Ferrare ; ils appartenaient au célèbre Baruffaldi. On dit aussi qu’il avait composé une comédie intitulée la Strega, qui n’a jamais été imprimée. G-é.


ARIOT (Thomas). Voyez Harriot.


ARIOVISTE, en allemand, Ehrenvest, chef germain, d’abord allié de Rome, se brouilla bientôt avec elle, en soumettant à son pouvoir les Éduens, les Sequanois, et quelques autres tribus de la Gaule. César le fit engager à choisir un lieu où ils pussent avoir une entrevue pour traiter de leurs affaires : Arioviste répondit que « s’il avait besoin de César, il irait le trouver, et que si César avait besoin de lui, il n’avait qu’à venir le trouver à son tour ; que, du reste, il était fort surpris que César et le peuple romain eussent quelque chose à voir dans une partie de la Gaule qu’il avait conquise. si César irrité se disposa à marcher contre lui ; mais l’armée romaine fut saisie d’une telle frayeur, qu’un grand nombre de soldats firent leur testament : il ne fallut rien moins que l’éloquence et les victoires passées de leur général pour relever leur courage. Lorsque les deux armées furent en présence, César eut avec le chef germain une entrevue qui n’amena aucun accommodement ; deux jours après, il lui envoya